Le vrai pantalon pour femme, c'est à lui qu'on le doit. Une large ceinture surpiquée, boutonnée, à fermeture asymétrique, prend bien la taille ; des pinces non piquées galbent les hanches. Chez Dior, le pantalon est à taille basse, ceinturé de vernis ; ses jambes élargies se retroussent en revers fixés par une patte. Souple ou de ligne tubulaire, en jersey, en shetland, le pantalon se porte avec des chemisiers, des blouses molles, en crêpe, décolletées en V, des tuniques plissées, des vestes sahariennes, de longs pardessus, des manteaux dépouillés, croisés comme des peignoirs, ou bord-à-bord, généralement fermé d'un lien passé entre deux œillets.

La robe s'établit en douceur dans la faveur des femmes. En crêpe Georgette, elle est toute plissée chez Dior, serrée à la taille dans un ruban de satin. Saint-Laurent la veut à plis piqués qui s'évasent sous les hanches, en crêpe de Chine marron et mauve. En organdi chez Givenchy, et à double jupe, elle s'orne d'une collerette et de poignets plissés. Cardin choisit un lainage marine pour sa robe tulipe. Sous le buste long, l'ampleur s'ouvre par des fronces ou des plis à la hauteur des hanches.

La manche parfois fait la robe. Dior attache de larges manches pagode de crêpe blanc à un fourreau bleu marine. Cardin jongle avec l'asymétrie ; il dénude un bras, voile l'autre d'une manche transparente, ou d'un effet de cape.

Des redingotes habillent ces robes soyeuses : largement évasées, croisées et rouges (Venet), bleu marine, à jupe incrustée aux hanches (Givenchy) ; ou bien le trench-coat de gabardine beige (Saint-Laurent).

Coupé en forme de manteau, de tunique, de pantalon, le jersey est partout. Les mailles, elles aussi, gagnent du terrain, avec des points nouveaux (nids-d'abeille, jacquard), une ligne rajeunie par l'intervention de stylistes qui ont modelé des épaules plus étroites, des manches plus fines.

L'ampleur, inversement, est donnée aux jupes, ces tenues quotidiennes appareillées aux tricots et aux chemisiers pour le travail ou les loisirs. Coupées en biais, en serge, en flanelle quadrillées, elles se lacent sur les côtés, ou se ferment par un plastron boutonné ; elles montrent toujours haut les jambes gainées de couleurs tendres, chaussées de mocassins ronds en vernis, d'escarpins bicolores, de sandales à brides.

Les bijoux éclatent

Par certains détails, la mode surprend et amuse : le plastique brille le soir en surprenantes broderies, le jour en incrustations géométriques ; les bijoux éclatent : lourds pendentifs articulés, bracelets en pièces détachées, motifs brillants incrustés sur la robe. Les sautoirs, emmêlés de perles, d'or et d'argent, cachent la gorge et jouent les modesties quand minuit sonne... Ces décolletés mouvants ont fait scandale, le temps d'une chronique.

Sans fracas pourtant est apparue la robe la plus nouvelle, dont on parlera demain. Fine, étirée, à col chemisier et manches gant, en crêpe de Chine gris et noir, la dernière-née d'Yves Saint-Laurent efface le buste, cerne la hanche et découvre la cheville.