Quarante bimoteurs de transport Nord 262 ont été commandés à Nord-Aviation, par l'Armée de l'air et l'Aéronavale ; 27 Breguet Atlantic ont été commandés par les Pays-Bas et l'Italie, ce qui a permis de relancer la chaîne de fabrication. Le programme de coopération franco-britannique sur les hélicoptères s'est développé normalement.

Les commandes à l'exportation sont montées en flèche, avec un total hors taxes de 2,82 milliards de francs, dont les trois quarts dans le domaine militaire ; mais une remontée des ventes civiles est attendue à partir de 1970.

Construction navale

La période noire s'achève

L'inauguration, le 8 février 1969, de deux formes de construction géantes — l'une, aux Chantiers de l'Atlantique, pour des navires de 500 000 t, l'autre, aux Chantiers de La Ciotat, pour des navires de 350 000 t — constitue pour la construction navale française le fait marquant le plus significatif de l'année.

Depuis la fermeture du canal de Suez, la course au gigantisme s'accélère, en particulier dans l'armement pétrolier. Et c'est au moment où la flotte mondiale connaît cette mutation que les efforts consentis en France depuis plusieurs années, pour regrouper et moderniser les moyens de production, parviennent à leur aboutissement... et récoltent leurs premiers fruits.

Avec un carnet de commandes de 4 215 000 t de jauge brute au 1er janvier 1969, la France détient près de 8,5 % du total mondial et vraisemblablement la troisième place, derrière le Japon et la Suède, devant l'Allemagne et la Grande-Bretagne. Pour les seuls pétroliers géants, elle est deuxième, derrière le Japon, grâce à la légère avance prise dans son équipement.

Un point de comparaison pour sa production de 1968, la France (505 206 tjb, 3 % du tonnage mondial) occupait la sixième place ; mais la cinquième est son rang habituel, que lui ont fait perdre les arrêts de production de mai 1968.

Les chantiers pour la construction de pétroliers géants ne sont pas les seuls à avoir enregistré une telle reprise ; la progression est analogue dans le secteur des navires spécialisés, méthaniers, navires polythermes, cargos porte-containeurs. Ces bâtiments, dont la construction représente une valeur ajoutée importante, constituent 40 % de la valeur du carnet de commandes français — presque autant que les pétroliers (44 %).

Quant aux exportations, avec les commandes passées aussi bien aux grands chantiers (pétroliers) qu'aux moyens (12 cargos frigorifiques pour l'URSS) ou aux petits (52 crevettiers pour le Koweit), elles représentaient, début 1969, 41 % du carnet de commandes, contre 19,4 % un an plus tôt.

Efforts de productivité

1968 et 1969 voient donc la construction navale française émerger de sa période noire (Journal de l'année 1966-67 et 1967-68). Elle poursuit ses efforts en matière de réorganisation (les activités navales des Chantiers de Bretagne ont été reprises par Dubigeon, en janvier 1969) et de productivité. (Dans ce domaine, une amélioration a été rendue plus nécessaire encore depuis que l'aide aux chantiers a été ramenée à 10 % dans tous les pays de la CEE, le 1er juillet 1968 ; en France, cette aide était montée jusqu'à 20 % dans le passé).

On ne sait cependant combien de temps durera la ruée sur les navires de grande taille ; et cette incertitude s'aggrave du fait que les Japonais poursuivent la surenchère en matière d'équipements, en ouvrant de nouveaux chantiers géants.

Ils ont certes perdu leur rôle d'épouvantail — les salaires, chez eux, ont augmenté de 14 % en 1968 —, mais ils pourraient bien conduire la construction navale mondiale à une crise de suréquipement dans les deux ou trois ans à venir.

Électricité et électronique

Face aux regroupements étrangers, rapprochement Thomson-CGE

Fait majeur de l'année, les négociations entre Thomson - Brandt - CSF (3,5 milliards de francs de chiffre d'affaires ; 61 500 travailleurs) et la CGE (4,5 milliards de chiffre d'affaires ; 63 000 travailleurs). Elles ont abouti, en juin 1969, à une redistribution des carnets de commandes détenus par les deux groupes dans les différents secteurs.