La synagogue de Madrid est, en fait, une synagogue-centre communautaire, à trois étages, pouvant accueillir 500 fidèles ; elle abrite également des salles de conférences et un bain rituel. Elle a été inaugurée le 16 décembre 1968.

Les violences

Pour d'autres communautés juives, les perspectives sont infiniment moins souriantes. L'année écoulée comptera comme une de celles où l'antisémitisme paraît s'être réveillé en maints endroits.

En Europe, la situation des juifs d'Union soviétique n'a cessé de se dégrader depuis la guerre des Six-Jours ; les attaques de la presse officielle s'accompagnent fréquemment de manifestations d'antisémitisme dans le pays.

En Pologne, on a vu naître de nouvelles formes de discrimination. Une Section spéciale sioniste a été créée au ministère de l'Intérieur ; elle est notamment chargée de déterminer la pureté ethnique des familles dont les membres occupent des postes importants dans l'État. L'« équilibre ethnique » entre juifs et Polonais a été officiellement proclamé comme l'un des objectifs de la rénovation du parti. Cette situation a suscité une vibrante protestation de lord Bertrand Russell et la démission retentissante du professeur Robert Waitz, président du Comité international d'Auschwitz.

D'autres pays ont connu également des réactions antisémites. La tragique affaire des pendaisons de Bagdad s'inscrit dans le cadre du conflit du Moyen-Orient, mais souligne la croissante insécurité des minorités juives vivant dans les pays arabes. Les problèmes juifs ne peuvent plus guère être séparés de la question d'Israël.

On s'attendait moins à constater des violences antijuives aux États-Unis. Bien qu'ayant fréquemment lutté pour l'intégration des Noirs et pour les droits civiques, les juifs sont quelquefois placés dans une délicate situation intermédiaire entre Blancs et Noirs. On a ainsi vu naître un antisémitisme noir à New York. Une dizaine de synagogues et d'écoles ont été incendiées, sans que l'on puisse toutefois toujours identifier les véritables responsables. Un virulent racisme blanc d'extrême droite continue toujours à se manifester.

Les consécrations

Le prix Nobel de la Paix pour René Cassin, le grand prix de l'Académie française pour Albert Cohen, le prix Medicis pour Elie Wiesel, ces trois distinctions touchent de près le judaïsme français en particulier. C'est qu'il s'agit de trois œuvres qui s'inscrivent, chacune à sa manière, dans une authentique continuité juive.

Enfin, il convient de noter que les événements de mai n'ont finalement guère affecté la communauté juive de France. La contestation étudiante a eu, cependant, un effet inattendu : la suppression de l'usage de l'orgue aux offices de la grande synagogue de la rue de la Victoire.

Depuis la destruction du Temple de Jérusalem, la tradition orthodoxe interdit la musique dans la célébration des offices ; l'introduction de l'orgue dans la grande synagogue, qui remonte à plus d'un siècle, était considérée comme une manifestation de laxisme. C'est donc sous le signe d'un retour à une tradition plus exigeante, conforme aux aspirations des étudiants, que fut décidée la suppression de l'orgue. Cette mesure fit grand bruit dans toutes les communautés du monde.