L'excellent démarrage de 1968 a été stoppé en mai-juin et a paru alors compromis ; mais le rattrapage s'est fait aisément par la suite, sur le marché intérieur et à l'exportation. Au début de 1969, la demande internationale de métal a provoqué un boom vigoureux dont l'industrie française a eu sa part. Deux conséquences : le plein emploi des capacités et le raffermissement des prix de vente industriels.

Dans ce climat d'expansion, et à peu d'intervalle, Pechiney annonçait la création en Hollande (à Flessingue) d'une usine d'aluminium constituée de deux unités de production (75 000 t en 1971, 75 000 t en 1975) ; le feu vert était donné à une deuxième entreprise d'exploitation du nickel en Nouvelle-Calédonie (Ugine, International Nickel) ; Wendel-Sidelor confirmait l'annonce gouvernementale qu'un complexe sidérurgique intégré serait installé sur le golfe de Fos, près de Marseille, d'ici à 1974.

Un peu plus faible que l'expansion générale à laquelle elle est liée, la demande de métaux augmente progressivement et impose périodiquement la création de nouvelles usines.

C'est pourquoi les études sont minutieuses, l'échelonnement mesuré, et le choix des outils, de l'implantation et du moment si décisif pour le succès. On se place là où la tonne coûte le moins cher en énergie, en transports, en main-d'œuvre, non loin des centres de grande consommation, et dans les intervalles de marché et de temps où la pression des concurrents se fait le moins vivement sentir.

Hors des frontières

La combinaison de ces facteurs a fait pencher Pechiney pour la Hollande, au détriment de l'implantation nationale sur laquelle beaucoup comptaient. En fait, à partir du moment où une entreprise de cette dimension mondiale a assuré autour d'elle le bouclage de son marché national, son développement doit se faire hors des frontières

Quelques firmes françaises, heureusement, en sont à ce stade de développement que connaissent de longue date des grandes firmes américaines et depuis moins longtemps quelques groupes allemands.

Privée de grands gisements de minerais sur son sol pour les autres métaux non ferreux (cuivre, plomb, zinc, étain), c'est seulement pour le nickel, métal d'alliage associé à l'expansion des aciers spéciaux, que l'industrie française occupe, grâce à la Nouvelle-Calédonie, une position mondiale que les nouveaux investissements permettent de consolider et de diversifier.

Le handicap du fer

Pour la métallurgie du fer, en revanche, l'avantage longtemps assuré du minerai lorrain et des multiples usines auxquelles il avait donné naissance s'est mué en un handicap dont l'industrie sidérurgique française se dégage avec peine et lenteur avant de retrouver une seconde jeunesse.

Après Dunkerque, Fos illustre ce renouvellement, qui a exigé, d'une part, des regroupements de sociétés en ensembles puissants et, d'autre part, un effort général de productivité.

Mécanique

Expansion ralentie

L'industrie mécanique, qui a connu une forte expansion durant le premier trimestre de 1968, a procédé à un net rattrapage en fin d'année pour combler le retard de mai-juin. Elle a produit environ 3 % de matériels de plus qu'en 1967, ce qui correspond, compte tenu d'une hausse moyenne des prix de 2 %, à une augmentation de chiffre d'affaires de 5 %.

Dans cet important secteur, qui emploie quelque 642 000 personnes, la construction de petits équipements a été très active, beaucoup plus que celle des gros matériels.

Les carnets de commandes étaient, en juin 1969, bien garnis. L'emploi est demeuré stable, les gains de productivité assurant à eux seuls le progrès de la production. Les marges bénéficiaires semblent avoir été stables.

Importations en hausse

La tendance au regroupement des entreprises s'est maintenue, sans accélération cependant, tandis que la dégradation nette de la balance commerciale ne cesse d'être inquiétante en raison de l'augmentation beaucoup plus rapide des importations. Ce qui signifie que les acheteurs français ne trouvent pas toujours ce qu'ils cherchent chez les fournisseurs nationaux.