Les objets d'art du xviiie siècle, surtout en bronze doré, pendules, cartels, appliques, chenets, ont fait comme toujours, avec les beaux sièges et meubles de la même époque et parfois ceux du xviie siècle, l'objet des grandes ventes du palais Galliera (mars et juin 1969).

La dernière vente de la saison au palais Galliera, le 27 juin, était entièrement consacrée à la collection du duc de... Suite de 77 grands plats armoriés de la Compagnie des Indes hollandaises des xviie et xviiie siècles, dont les prix ont varié entre 4 000 et 13 800 F.

Tapisseries

La meilleure enchère pour une tapisserie a été obtenue pour une tenture de grandes dimensions (330 × 546), mais d'exceptionnelle qualité, tissée à Bruxelles par Leyniers. Elle représentait une scène de marché avec de nombreux personnages et cavaliers et a été adjugée 53 000 F, le 22-X-68.

Mars et juin ont vu passer aux enchères à Galliera de très belles tapisseries, dont trois de haute époque en bel état. En mars, une Portière des Renommées, d'après Charles Le Brun, en tapisserie des Gobelins (2,82 × 2,22), a été acquise au prix de 95 000 F, pour le château de Versailles, qui a fait usage de son droit de préemption.

Christie's, la maison concurrente de Sotheby's à Londres, a obtenu pour la saison 1967-1968 (d'octobre à août) un total de £ 11 726 000, soit 140 712 000 F.

Sotheby's, la grande maison londonienne, affiliée depuis 1964 à Parke-Bernet, de New York, a réalisé en 1967-1968 (d'octobre à août) 403 millions de francs de chiffre d'affaires.

Architecture

Le congrès de Cannes

À Cannes, en mars 1969, sous les plafonds insipides du palais des Festivals, 1 200 architectes ont commencé à rebâtir leur monde. Ils étaient invités à méditer sur un thème prometteur : « Construction et humanisme. » Moins d'un an après la fièvre de mai, qui les emporta dans le tourbillon des remises en question, ce congrès — le premier de cette importance organisé en France, avec des économistes, des sociologues, des industriels, des confrères étrangers — fut l'occasion de faire le point.

Le nouveau credo

Un malaise, depuis des années, couvait. À quoi servent les architectes ? Coupables de sclérose, d'inadaptation aux exigences du monde contemporain, ne seront-ils pas condamnés, demain, à n'être plus que des techniciens sans responsabilités ? L'an 2000 se bâtira-t-il sans eux ? À Cannes, on y chercha des réponses, et de colloques en débats, de discussions en synthèses, on vit s'ébaucher un nouveau credo des bâtisseurs. « L'architecte ne peut plus être un créateur solitaire, un artiste en quête de son chef-d'œuvre d'acier et de béton. Homme parmi les hommes, il doit comprendre, analyser et satisfaire les besoins de ses semblables, pour leur donner des maisons habitables, des villes vivables. Il doit redécouvrir son rôle politique, au sens étymologique du mot, car la politique, c'est la participation à la vie de la cité. »

Trois lignes de force se sont clairement dessinées au milieu des solutions proposées :
– La généralisation des équipes pluridisciplinaires, rassemblant, pour un même programme, architectes, sociologues, économistes, ingénieurs de diverses disciplines et représentants des usagers ;
La création de centres de recherches, regroupant et mettant à la disposition des bâtisseurs les renseignements recueillis non seulement sur les aspirations du public, mais, aussi, en collaboration avec les industriels, sur les moyens techniques nouveaux mis à leur disposition ;
– La mise en route, enfin, d'une campagne d'éducation visant le grand public, afin qu'il puisse, en connaissance de cause, non plus subir ce que l'on construit pour lui, mais y participer activement (conférences, expositions, débats avec les usagers, et, simultanément, initiation à l'architecture dans l'enseignement. Une première expérience doit être tentée, dès octobre 1969, à l'Académie de Toulouse).

Il reste à espérer qu'après les paroles les architectes passent aux actes. Cet espoir, le congrès de Cannes en a fait son vœu final.

La cité de demain

Parallèlement au congrès, un concours d'architecture était organisé. Sujet : « projet pour une ville de 20 000 habitants ». 12 projets furent retenus, et 4 primés : la ville cratère de Jean-Louis Chanéac, un architecte d'Aix-les-Bains, faite de collines artificielles où s'étagent les constructions ; la ville aérienne de Jean-Jacques Fernier et André Biro, bâtie sur une structure en X ; la ville de verre du Zurichois Erwin Muhlenstein, fixée sur un support de béton évoquant le Scenic Railway ; le « théâtre d'intégration sociale », enfin, de la Berlinoise Merete Mattern, associée à un Italo-Américain, Mario Sama, dont la construction est commencée près de Washington, et où tout est mis en œuvre pour une éducation permanente des habitants.