L'insolite des sujets évoqués, la sagesse précise de la technique picturale employée, s'opposant et s'unissant à la fois, contribuent à créer une impression hors du temps, un monde irréel et poétique, inquiétant et fascinant.

Degas (Orangerie des Tuileries, Paris, 27 juin - 15 septembre 1969)

Trois départements du Louvre, ceux de la peinture, de la sculpture et le Cabinet des dessins, ont collaboré à cette exposition, réunissant, dans les salles de l'Orangerie, toutes les œuvres d'Edgar Degas qu'ils conservent : 31 pastels, 160 dessins, 36 peintures et 73 pastels se trouvèrent ainsi rassemblés. Par chance, le musée du Louvre possède des témoignages de toutes les époques, ce qui permettait, sans avoir à faire appel à des concours étrangers, de présenter un véritable résumé de l'œuvre du maître.

Les organisateurs ont choisi avec raison de classer les œuvres par thèmes plutôt que chronologiquement : le cheval, les scènes de la vie courante (chanteuses de café-concert, scènes de café, repasseuses), les danseuses, et, enfin, la femme dans son intimité. Le rapprochement des différents modes d'expression dont Degas se servit pour les traiter offrait de fructueuses occasions de comparaison. Pour les danseuses, par exemple, regardant alternativement tel pastel, les dessins, les sculptures, on pouvait voir avec quel soin, quelle minutie, Degas étudiait un mouvement avant de le fixer définitivement.

Inventeur de formes, dessinateur parmi les plus grands, coloriste subtil et raffiné, il méritait bien la grande rétrospective que nous aurions dû avoir il y a deux ans pour le cinquantenaire de sa mort. Elle nous aurait permis de voir quelques-uns de ses chefs-d'œuvre conservés dans des collections particulières ou à l'étranger. Cette exposition de l'Orangerie, si passionnante qu'elle fût, n'était tout de même qu'une fiche de consolation.

Les galeries

Grande activité cette année encore ; des centaines et des centaines d'expositions, de toutes tendances, de toutes qualités aussi. Il n'est possible de retenir que les manifestations vraiment exceptionnelles.

La galerie Cailleux, sur le thème « fleurs et fruits », a rassemblé une trentaine de tableaux de maîtres et de petits maîtres, des xviie et xviiie siècles. Le Pavillon des arts a tenté une réhabilitation du romantique Paul Huet, cependant que la galerie Hupel rappelait le souvenir de la seule femme peintre vraiment cubiste, Marie Vassiliev, et que la galerie de Paris présentait Larionov peintre, alors que nous le connaissions surtout comme décorateur des Ballets russes. La galerie Schmit rassemblait sous le titre « Cent ans de peinture française », près de 150 toiles, allant de Delacroix à Chagall. Paul Pétridès, lui, montrait 50 des plus beaux tableaux de sa collection. Sur le thème toujours neuf de la Femme, Jean-Claude Bellier a réuni des dessins et des aquarelles des xixe et xxe siècles. L'Institut Goethe nous invitait à prendre connaissance de l'imagerie populaire allemande (panorama considérable) et l'Institut néerlandais sortait de ses cartons les plus beaux dessins des paysagistes hollandais du xviie siècle.

Il faut encore signaler les dessins français du xviiie siècle que nous a montrés la galerie l'Œil, ceux de Giacometti galerie Claude Bernard, et de Marcoussis galerie Motte. La gravure, elle, fut particulièrement bien représentée avec les grands maîtres de l'estampe, galerie Vision nouvelle ; Whistler, galerie R. G. Michel ; Rouault, galerie Motte ; Picasso chez Louise Leiris ; Redon au Bateau-Lavoir ; Dunoyer de Segonzac chez Sagot-Le Garrec.

Les musées de province

MARSEILLE. Après avoir exposé un important ensemble de Mario Prassinos (peintures, dessins, tapisseries), le musée Cantini a présenté la donation Feuillet de Borsat. Le musée des Beaux-Arts a rendu hommage à Van Dongen, réussissant à renouveler la rétrospective du musée national d'Art moderne.

STRASBOURG. Deuxième exposition d'art moderne, sous les auspices du Conseil de l'Europe, consacrée aux Ballets russes de Serge de Diaghilev. L'exposition mettait l'accent sur la collaboration des plus grands peintres contemporains.