Le terrain choisi est Varsovie, où les ambassadeurs de Pékin et de Washington se rencontrent assez régulièrement depuis treize ans. Le 26 novembre 1968, bien avant leur 135e conversation, prévue pour le 20 février 1969, le ministère chinois des Affaires étrangères publie une note rappelant que le but de ces contacts est non seulement l'évacuation de Formose par les Américains, mais un accord sur les cinq principes de la coexistence pacifique.

Les « révisionnistes » soviétiques risquent ainsi d'être pris à revers sur leur propre terrain. Les événements en décident autrement : deux jours avant le 20 février, les Chinois annulent la rencontre de Varsovie.

Le prétexte invoqué est l'asile accordé par les États-Unis au chef des réseaux d'espionnage chinois en Europe occidentale, Liao Ho-hsu, qui s'est enfui de La Haye, où il était chargé d'affaires. Pékin demande à le récupérer, mais Washington fait la sourde oreille.

La décision prise in extremis d'annuler la rencontre de Varsovie peut avoir de meilleures raisons. Notamment la volonté de rester dans la ligne pure, de ne pas faire de sourires aux Américains avant la conférence au sommet du pacte de Varsovie, qui s'est tenue à Budapest à la mi-mars 1969, et la réunion de Moscou, en juin, des 75 partis communistes dont le Kremlin n'a pu obtenir la condamnation de la Chine, pas plus d'ailleurs qu'il ne l'avait obtenue des sept du pacte de Varsovie.

Les rencontres de Varsovie pourraient, à l'avenir, ne plus avoir lieu dans la capitale polonaise, mais dans une ville située hors de l'orbite soviétique, l'année écoulée ayant été marquée par la rupture brutale entre Moscou et Pékin.

Chypre

622 000. 65. 0,8 %.
Économie. PNB (66) 730. Production (66) : A 21 % + I 29 % + S 50 %. Consomm. énergie (*66) : 1 000 kg e.c.
Transports. (*66) : 35 000 + 12 700.  : 361 000 tib. (*66) : 45 417 000 pass./km.
Information. (66) : 11 quotidiens ; tirage global : 82 000. (66) : 139 000. (66) : 21 000. (66) : 88 000 fauteuils ; fréquentation : 8,7 M. (66) : 30 432.
Santé (65). 451 .
Éducation (65). Prim. : 72 191. Sec. et techn. : 32 391. Sup. : 154.
Institutions. République indépendante le 16 août 1960. Président de la République : Mgr Makarios (Grec), réélu le 25 février 1968. Vice-président : Dr Fazil Kutchuk (Turc).

Engagées en juin 1968, les négociations entre Grecs et Turcs de Chypre n'avaient toujours pas abouti un an plus tard. Les positions des deux parties (en conflit depuis décembre 1963) demeurent fondamentalement inchangées : les Turcs revendiquent une autonomie qui leur conférerait des droits nationaux ; les Grecs veulent accorder à leurs compatriotes musulmans le statut de minorité nationale.

L'île a connu en avril 1969 une série d'attentats terroristes, attribués à deux organisations grecques d'extrême droite. Le chef de la police est grièvement blessé par un terroriste ; le ministre de la Justice échappe à un attentat. L'une des deux organisations mises en cause aurait été créée par des partisans de l'Enosis, mouvement favorable au rattachement de Chypre à la Grèce.

Les relations entre le gouvernement de Nicosie et celui d'Athènes demeurent cordiales, malgré la mise en cause, en octobre 1968, de certaines personnalités chypriotes dans l'attentat manqué contre le Premier ministre grec, Georges Papadopoulos. En novembre, le chef des services secrets chypriotes est limogé, tandis que la démission du ministre de l'Intérieur, Polycarpos Georgadis, est acceptée par le président Makarios.

Corée du Nord

13 000 000. 103. 2,5 %.
Institutions. République démocratique et populaire, proclamée le 8 septembre 1948. Constitution de 1948. Président du présidium : Choi Yong Kun. Secrétaire général du parti et Premier ministre : Kim Il-Sung. Parti unique : parti ouvrier.

Le gouvernement nord-coréen a plongé dans le plus grand embarras les deux présidents américains, Johnson, puis Nixon. Le premier avait juré que les marins du Pueblo, le navire espion US capturé par les Nord-Coréens le 23 janvier 1968, passeraient les fêtes de Noël 1968 chez eux. La promesse fut tenue, mais le négociateur, le général Woodward, dut signer un document préparé par le gouvernement de Pyongyang où les USA « s'excusent solennellement pour les graves actes d'espionnage commis contre la République démocratique et populaire de Corée ».