La crise économique, sociale et politique qui n'a cessé de se développer en 1968 connaît un répit au début de 1969. L'état de siège, décrété le 13 juin 1968 à la suite d'une première vague d'agitation estudiantine et ouvrière, est levé le 16 mars 1969 et bon nombre de syndicalistes arrêtés sont libérés. De même, l'armée se voit retirer le contrôle des banques nationalisées et du secteur de l'énergie qui lui avait été confié en juillet 1968.

La mise en place de l'état de siège n'avait, en fait, rien résolu. Cette mesure autoritaire est suivie par une forte vague de protestations : jusqu'au mois de septembre, étudiants et ouvriers manifestent dans Montevideo.

En même temps, les grèves de fonctionnaires et d'ouvriers se multiplient en dépit des réquisitions gouvernementales et des arrestations de nombreux dirigeants syndicaux.

La situation s'aggrave encore en 1969, accusée par les attentats de l'extrême gauche. N. Rockefeller, l'envoyé de Nixon, est reçu, en juin, sous la protection de l'armée, tandis qu'à Montevideo étudiants et ouvriers manifestent. Le 24 juin, le gouvernement décrète l'état d'exception ; un millier de personnes sont arrêtées, dont tous les responsables syndicaux.

Venezuela

9 686 000. 10. 3,1 %.
Économie. PNB (66) 890. Production (63) : A 8 % + I 43 % + S 49 %. Consomm. énergie (*66) : 2 469 kg e.c.
Transports. (*66) : 45 M pass./km, 26 M t/km. (65) : 384 900 + 165 900.  : 350 000 tjb. (*66) : 740 175 000 pass./km.
Information. (65) : 33 quotidiens ; tirage : 608 000 sur 23 quotidiens. (66) : *1 675 000. (65) : *650 000. (66) : 308 898.
Santé (65). 7 235 .
Éducation (65). Prim. : 1 453 310. Sec. et techn. : 295 534. Sup. : 46 825.
Institutions. État fédéral. République présidentielle. Constitution de 1961. Président et chef de l'exécutif : Rafael Caldera, élu le 9 décembre 1968 ; succède à Raúl Leoni. Mouvements de guérilla.

La démocratie chrétienne au pouvoir

Les élections présidentielles du 1er décembre 1968 couronnent la montée politique de la démocratie chrétienne. D'une courte tête et après une dizaine de jours de contestations et d'attente, Rafael Caldera, candidat démocrate-chrétien, est proclamé vainqueur.

Cette élection est une lourde défaite pour l'Action démocratique, qui doit abandonner le pouvoir après l'avoir exercé pendant huit ans, par l'intermédiaire des présidents Betancourt et Leoni.

Durant cette période, l'Action démocratique n'a pas su résister à l'usure du pouvoir, pas plus qu'à un certain embourgeoisement en contradiction avec sa doctrine (un socialisme non marxiste). Ses querelles internes ont été la cause principale de sa défaite ; son candidat officiel, Gonzalo Barrios, dut rivaliser non seulement avec Rafael Caldera et trois autres candidats, mais aussi avec un dissident de l'Action démocratique : Luis Beltan Prieto. Rafael Caldera entre en fonctions le 12 mars 1969.

Caldera précise immédiatement son programme réformiste. Avant de le mettre en chantier, il cherche à régler le problème des guérillas, qui opèrent depuis 1960 dans plusieurs régions. Il offre l'amnistie aux guérilleros. Certains l'acceptent, et de longues négociations s'engagent (par l'intermédiaire de l'archevêque de Caracas) entre le gouvernement et les maquis — en difficulté.

Le problème du parti communiste est plus vite résolu. Il a renoncé à la lutte armée bien avant les élections présidentielles afin de participer à la consultation, sous le nom d'Union pour avancer. Quelques jours après l'installation de Caldera, l'interdiction du PC vénézuélien est définitivement levée.

Cette révision de la politique intérieure s'accompagne d'un semblable réexamen en politique étrangère. Caldera annonce son intention de reprendre les relations diplomatiques avec l'URSS et ne s'oppose pas à une normalisation des rapports avec Cuba. Il rompt également avec la doctrine Betancourt (rupture des relations diplomatiques avec tout régime issu d'un coup de force). Première application : la reprise des relations avec le Pérou.