– Robert Tréno est devenu président-directeur général du Canard enchaîné, et André Ribaud son rédacteur en chef en décembre 1967.

– Jean Schwoebel a été élu président de la Fédération française des sociétés de journalistes, constituée, en décembre 1967, par dix-neuf sociétés ou associations de journalistes.

– Robert Villers a été promu directeur de la rédaction de France-Soir en janvier 1968.

– Valéry Giscard d'Estaing et Michel Poniatowski ont pris le contrôle de la revue bi-mensuelle l'Economie.

– Jacques Fauvet, rédacteur en chef, et Jacques Sauvageot, directeur administratif, sont devenus cogérants du quotidien le Monde, avec Hubert Beuve-Méry, directeur général, et André Catrice, administrateur, lors de la refonte des statuts de ce journal, en mars 1968.

– Robert Lazurick, président-directeur général de l'Aurore, a trouvé la mort dans un accident d'auto, à Paris, au cours de la nuit du 17 au 18 avril 1968.

La publicité à l'ORTF

Car à tous ces problèmes s'ajoutait pour la presse écrite un lancinant souci : l'introduction de la publicité de marques sur les ondes de l'ORTF. L'affaire n'est pas nouvelle : depuis que l'État contrôle les antennes et exerce, en matière de télévision, un monopole, la question a été dix fois soulevée, constamment débattue et à plusieurs reprises mise en chantier.

La radio et la télévision diffusent à doses modérées depuis des années une publicité dite compensée, c'est-à-dire où les marques des produits ne sont jamais nommées, qui n'apporte à l'Office qu'un mince supplément de ressources. Or, celui-ci doit faire face non seulement au coût de plus en plus élevé d'émissions de plus en plus nombreuses, sur les deux chaînes de télévision et les trois chaînes de radio, mais il doit s'équiper, étendre à tout le territoire la diffusion de sa seconde chaîne, songer à la troisième, mettre en place la chaîne couleurs, qui n'avait — en raison du prix élevé des récepteurs — qu'un millier de spectateurs lorsqu'elle commença à fonctionner, le 1er octobre 1967, mais déjà 20 000 trois mois plus tard.

Les recettes sont fixes : elles proviennent de la taxe, dont le montant (100 F par an) ne peut pas être relevé sans graves inconvénients et pour laquelle les exonérations ont évidemment tendance à se multiplier. La tentation est grande de demander à la publicité, qui est prête à le fournir, le supplément de ressources nécessaires. C'est dans l'ordre des choses, et même c'est bénéfique dans la mesure où la publicité est un aiguillon pour l'activité économique et où, à l'heure du Marché commun, le chiffre d'affaires de la publicité reste, en France, notablement inférieur à celui que réalisent nos partenaires.

À ces raisons, indéfiniment répétées, la presse a opposé la plus vigoureuse protestation qu'elle ait émise depuis bien longtemps. On allait, dit-elle, achever de tuer la presse d'opinion privée, au profit des ondes, d'une fraction essentielle de ses recettes. On allait compromettre le pluralisme et asservir les journaux, contraints désormais de se soumettre ou de disparaître. On allait, en un mot, assassiner la liberté d'expression.

À l'ORTF

– Wladimir d'Ormesson a été réélu, président du Conseil d'administration le 14 septembre 1967.

– Emile Biasini a succédé à Claude Contamine, comme directeur de la télévision, le 15 septembre 1967. Il devait donner sa démission en même temps que Pierre de Boisdeffre, directeur de la Radiodiffusion.

– Simon Nora, inspecteur des Finances, a été nommé délégué interministériel pour la coordination des problèmes de la télévision en couleurs, le 20 septembre 1967.

– Jacques de Bresson a succédé à Jacques-Bernard Dupont, comme directeur général de l'ORTF, le 5 juin 1968.

Les controverses

Certaines diatribes, au ton excessif, étonnaient, venant d'organes qui n'avaient rien ménagé pour faire disparaître des journaux d'opinion et s'installer largement sur le marché, ou de magazines dont la vocation et le souci ne paraissaient guère être d'informer ou de convaincre, mais de distraire. Quoi qu'il en soit, l'obstination du pouvoir, qui a toujours considéré, à tort ou à raison, que la presse écrite lui était dans sa majorité hostile, ne cédait pas, bien au contraire : la publicité de marques ferait, en 1968, son entrée à l'ORTF. Le principe ne pouvait pas être discuté, les modalités demeuraient à examiner et à délibérer.