Sports

Les Xes jeux Olympiques d'hiver

Pour la première fois depuis 1924, la France organisait les jeux Olympiques d'hiver. Que de chemin parcouru en quarante-quatre ans.

L'évolution du sport, la création d'épreuves nouvelles, dont les plus importantes furent, à partir de 1936, celles du ski alpin, les besoins croissants de l'information décuplés avec la télévision, le caractère sociologique des Jeux, qui influe sur le marché économique et les prestiges nationaux, l'universalisation du mouvement olympique, tout a concouru à faire des Jeux d'hiver, les dixièmes, une entreprise énorme. Il y avait près de 1 500 athlètes représentant 36 nations.

Au total 1,3 milliard de francs ont été consacrés aux Jeux, l'État prenant à sa charge les trois quarts, le reste incombant à la ville et aux collectivités locales. Les investissements sportifs (le Palais de Glace, les tremplins de saut, etc.) ne représentaient que le dixième de cette somme, tandis que les frais de fonctionnement se sont montés à 2 milliards.

Le grand problème des organisateurs a été les conditions atmosphériques. Le dégel, inhabituel à cette époque de l'année, a compromis le bon déroulement de la luge et du bobsleigh. Les courses alpines ont souffert du vent et du brouillard.

L'esprit même des Jeux a subi quelques sérieux assauts. Bien que l'on ne puisse plus parler de la notion d'amateurisme au niveau olympique, le CIO, désireux de lutter contre la « commercialisation » du sport, a voulu sauver quelques principes fondamentaux.

Les compétitions sportives ont connu un grand succès sur le terrain. Il n'y eut que deux incidents sérieux : la disqualification de deux lugeuses soupçonnées d'avoir chauffé les patins de leur engin et celle du coureur autrichien Karl Schranz dans le slalom spécial. En revanche, les contrôles de la féminité des sportives et celui du dopage, qui figuraient pour la première fois, furent dans tous les cas négatifs.

L'enseignement le plus réconfortant qui se dégage des douze jours de Jeux est de constater que les sports d'hiver ne sont pas dominés par un ou deux blocs, mais qu'ils s'universalisent indiscutablement. On revient ainsi aux sources du véritable olympisme, qui est de promouvoir des individus et non de servir le prestige de tel ou tel pays.

Sur le plan français, la concurrence d'une télévision, d'ailleurs remarquable, a limité la venue des spectateurs, sauf le jour de la cérémonie d'ouverture, en présence du général de Gaulle, qui établit un record avec 100 000 spectateurs. Le chiffre global pour l'ensemble des épreuves a été de 623 680 personnes.

Les six stations olympiques des Xes Jeux d'hiver

Ski alpin

Les courses de ski alpin des Jeux de Grenoble sont marquées par une série d'exploits qui fera date : le champion français Jean-Claude Killy, 24 ans, remporte toutes les médailles d'or mises en jeu.

Ainsi celui qui avait d'ailleurs eu l'audace d'annoncer ce fabuleux pari réédite-t-il la performance de l'Autrichien Toni Sailer (triple vainqueur à Cortina d'Ampezzo, en 1956). Jean-Claude Killy a su parfaitement résoudre tous les problèmes qui se posaient à lui, quel que fût l'état de la neige et du temps. Jamais un champion n'avait prouvé autant de maîtrise de soi-même.

Les compétitions féminines mettent en valeur la skieuse canadienne Nancy Greene, qui, après de longues années au premier plan et un succès dans la Coupe du Monde 1967, n'avait jamais obtenu un titre mondial ou olympique. Elle affirme sa supériorité dans le slalom géant, après avoir été deuxième du spécial. Son échec en descente s'explique par une longue interruption due à une blessure.

Le slalom spécial est gagné par la Française Marielle Goitschel, qui obtient ainsi son premier titre dans cette spécialité, couronnant une carrière de tout premier plan.

La France se classe en tête du ski alpin, devançant, pour la première fois aux jeux Olympiques, l'équipe d'Autriche et confirmant le triomphe des championnats du monde de Portillo en 1966. Celui qui en est l'animateur depuis 1959, Honoré Bonnet, décide de se retirer sur cette brillante victoire.

Ski nordique

De toutes les épreuves de ski, celles du ski nordique (courses de fond et sauts) ont été les plus passionnantes. Elles se déroulent dans un cadre admirable et aucun spectateur n'oubliera la dernière journée de saut sur le grand tremplin de Saint-Nizier-du-Moucherotte.