Éducation

Pour la rentrée 1967, des solutions partielles aux grands problèmes de l'enseignement

11 800 000 jeunes Français — 370 000 de plus que l'an dernier — fréquentent les écoles, de la maternelle à l'université.

L'augmentation des effectifs est particulièrement forte dans les maternelles. Avec le développement du travail des femmes, la demande des parents se fait de plus en plus pressante. Mais il est difficile de la satisfaire avec les moyens actuels. On a créé cette année moins de places nouvelles en écoles maternelles que l'an dernier (48 000 contre 65 000). Ce n'est pas seulement un problème de locaux : l'insuffisance des postes d'institutrices inscrits au budget ne permet pas d'ouvrir plus de classes.

Le nombre de petits Français dans les écoles primaires ne varie pas (5 500 000 environ), le nombre d'enfants par classe d'âge étant à peu près stable. Toutefois, des difficultés demeurent pour accueillir convenablement tous les enfants. Elles tiennent à un phénomène bien connu : les mouvements de population.

Classes surchargées

Chaque année, on construit de nouveaux quartiers à la périphérie des villes. Il faut aussitôt y ouvrir des écoles, et on ne peut pas, au fur et à mesure qu'on les crée, en fermer un nombre équivalent dans les campagnes, sous prétexte que celles-ci se dépeuplent. La fermeture des écoles rurales ne peut être que progressive, pour des raisons à la fois matérielles, psychologiques et politiques. Fermer une école, c'est accélérer le dépérissement d'un village. Même si le nombre global des élèves ne change pas, celui des maîtres doit augmenter.

Malgré les 3 000 postes nouveaux d'instituteurs créés cette année, bien des classes ont encore des effectifs trop chargés, notamment dans la région parisienne. Dans l'Essonne, il a fallu créer, en cours d'année, 70 postes supplémentaires. Cette situation est particulièrement grave lorsqu'il s'agit de cours préparatoires, où se fait l'initiation à la lecture et à l'écriture.

Deux faits marquants dans l'enseignement secondaire : l'augmentation du nombre d'enfants qui poursuivent des études après l'âge de la scolarité obligatoire (porté de 14 à 16 ans depuis cette année) et la mise en place progressive de la réforme de l'enseignement. Les collèges d'enseignement secondaire se multiplient : plus de 200 ont été ouverts cette année, pouvant accueillir 148 000 élèves. Les CES comptent déjà 500 000 élèves, soit le quart des enfants du premier cycle secondaire (de la 6e à la 3e).

Inégalités régionales

La qualification des professeurs de l'enseignement secondaire s'améliore peu à peu. Dans certaines disciplines, presque tous les enseignants sont pourvus des titres requis. Il reste cependant des points noirs : les mathématiques et les lettres classiques.

Des inégalités subsistent dans la répartition géographique des enseignants. Il est difficile de trouver des professeurs pour enseigner dans certaines localités (dans le Nord et l'Est en particulier), peu attrayantes et trop éloignées des villes de facultés.

Les professeurs délégués rectoraux, qui ont un simple contrat annuel avec l'Administration et qui poursuivent des études supérieures pour pouvoir être titularisés, refusent le plus souvent de rester dans des villes trop mal commodes pour eux. Des classes peuvent ainsi rester très longtemps sans professeurs. À Longwy (Meurthe-et-Moselle), on a vu des élèves défiler dans la rue plusieurs semaines après la rentrée pour demander un professeur de philosophie...

Ce problème de recrutement de professeurs qualifiés se pose également de façon cuisante dans les CES, qui, par définition, doivent être largement décentralisés et installés dans des localités de petite et moyenne importance.

Autre difficulté : l'orientation. Pour des raisons d'ordre psychologique (la noblesse prêtée aux études classiques), il y a trop d'élèves dans les lycées classiques et modernes. Il en manque, par contre, dans le technique : or, les diplômes techniques offrents de nombreux débouchés.

Prolongation de la scolarité obligatoire

Les enfants qui ont eu quatorze ans cette année n'ont pas pu quitter l'école comme le quart d'entre eux le faisait jusqu'à présent. En effet, la limite de la scolarité obligatoire a été portée à seize ans. En prenant cette décision, le gouvernement appliquait à la lettre l'ordonnance de 1959 sur la réforme de l'enseignement, dont l'article premier stipulait : « L'instruction est obligatoire jusqu'à seize ans révolus pour tous les enfants qui atteindront l'âge de six ans à partir du 1er janvier 1959. »

La prolongation de la scolarité obligatoire a touché environ 200 000 jeunes — 32 000 d'entre eux ont été accueillis dans les 1 800 sections d'éducation professionnelle qui ont été ouvertes, dont 900 dans des écoles publiques, 120 dans des établissements privés et 700 dans d'anciens cours post-scolaires agricoles.

Une dérogation

Cela signifiait que la prolongation de la scolarité se faisait en deux temps : pour les élèves de 14-15 ans en 1967-68 et pour ceux de 15-16 ans en 1968-69.