Cependant, ces résultats ont été soumis à une critique méthodologique assez sévère et n'ont pas résisté aux expériences de contrôle. Plus récemment, Luttges (1966) n'a pas pu voir le transfert de l'apprentissage d'un animal à l'autre et a même conclu que la molécule d'ARN injectée dans le péritoine ne peut pas passer dans le cerveau et avoir, par la suite, un effet direct sur le comportement. Les mêmes divergences concernant ce problème de transfert chimique sont apparues au cours du colloque. Les expériences de Rose (Londres) tendant à montrer la possibilité de faciliter une tâche de mémoire par injection des acides nucléiques extraits du cerveau des rats déjà éduqués ont été qualifiées de « chimériques et prématurées » par les prix Nobel Chain (Londres) et Bovet (Italie).

L'affectivité

La place que l'on attribue à la sérotonine dans la détermination de certains processus nerveux devient encore plus importante si l'on considère les travaux récents concernant les bases neurophysiologiques et biochimiques de l'affectivité.

Des recherches anatomiques et physiologiques effectuées dans les trois dernières décennies, notamment celles de Papez, Klüver et Mac Lean, avaient établi l'existence d'un « cerveau viscéral », ayant un rôle essentiel dans des comportements importants pour la conservation de l'individu et de l'espèce (alimentation, sexualité, défense, agressivité). Les structures cérébrales constituant cet appareil des émotions et de l'affectivité s'enchaînent dans un système dit « limbique », dont les parties composantes sont assez éloignées l'une de l'autre : l'amygdale et l'hippocampe dans la profondeur du lobe temporal, les aires hypothalamiques à la base du cerveau, certains noyaux du thalamus et des aires corticales. Toutes ces structures constituent une des parties les plus anciennes du cerveau. Des expériences de stimulation électrique ou de destruction de quelques-unes des zones limbiques (noyaux amygdaliens médians et certaines parties de l'hypothalamus) avaient montré des symptômes de « rage apparente », d'agressivité ou, au contraire, de placidité totale. Après les expériences des professeurs Masserman, Hess et Hunsperger provoquant des manifestations d'agressivité par excitation amygdalienne ou hypothalamique, les travaux du Pr Karli, de Strasbourg, ont réussi à souligner la possibilité de changer le comportement inné des animaux par lésion de différentes structures cérébrales. Il suffit de mentionner que des « rats tueurs » (qui attaquent et tuent dès la naissance une souris blanche) deviennent pacifiques après destruction bilatérale des noyaux amygdaliens ou de certaines aires hypothalamiques, tandis qu'une ablation extensive du lobe frontal transforme un rat pacifique en « rat tueur ». En outre, l'agressivité des rats tueurs depuis leur naissance peut être abolie non seulement par exérèse des structures déjà mentionnées, mais aussi par injection de sérotonine. Par contre, des rats calmes sont transformés en tueurs si l'on abaisse leur taux de sérotonine. Ces expériences marquent une nouvelle étape vers la connaissance de la structure intime du comportement, en précisant d'une manière de plus en plus exacte le déterminisme de certains actes dont le caractère obscur échappait jusqu'à présent à l'analyse expérimentale. Il ne paraît plus impossible de connaître (par extrapolation des données obtenues chez l'animal et par analyse directe) les mécanismes neurophysiologiques et biochimiques du comportement humain et de corriger certains défauts pathologiques de cette machine, d'une immense complexité, qu'est notre cerveau, avec ses milliards de neurones.

Médecine, chirurgie

Les transplantations d'organes

Le 3 décembre 1967, à l'hôpital de Groote Schuur, au Cap (Afrique du Sud), le professeur Christiaan Barnard, jeune chirurgien cardio-vasculaire de 44 ans, Sud-Africain d'origine française et élève du célèbre professeur Clarence Walton Lillehei (Minneapolis), inventeur du premier cœur-poumon artificiel, a réalisé la première transplantation du cœur chez l'homme.