Le 1er mai, le FLOSY donne l'ordre de tuer les femmes et les enfants britanniques en représailles d'un attentat contre un autobus scolaire. Après l'échec d'une mission de l'ONU, Londres nomme un diplomate, ami du colonel Nasser, sir Humphrey Trevelyan, haut-commissaire à Aden. Ce geste de bonne volonté n'est pas suffisant. Grèves et attentats se multiplient.

Le 19 juin, George Brown présente aux Communes les dispositions d'ordre politique concernant l'avenir de l'Arabie du Sud, et, en particulier, la mise en chantier d'une constitution plus démocratique. La Fédération sera protégée, pendant les six mois qui suivront l'indépendance, par une puissante escadre aéronavale croisant dans les eaux territoriales. L'absence de toute référence à des élections générales est un aveu d'échec du gouvernement travailliste.

Le plan Brown est rejeté par les nationalistes et, le 20 juin, des troupes de l'armée fédérale se mutinent dans le quartier du Crater, tuant 22 soldats britanniques et gardent le contrôle du secteur jusqu'au 4 juillet.

L'Arabie du Sud est au bord de l'anarchie. Le Times observe : une négociation directe avec les nationalistes apparaît indispensable si l'on veut éviter une épreuve de force qui risquerait de créer un nouveau foyer de tension au Moyen-Orient lors de l'indépendance.

Palestine

La crise du Moyen-Orient

La crise palestinienne est liée à l'existence même de l'État d'Israël, cellule religieuse et ethnique implantée dans un milieu religieux et ethnique différent. Son existence, que les États arabes n'ont jamais reconnue, est le fait d'un vote régulier de l'Assemblée des Nations unies du 29 novembre 1947.
Une première fois en 1948, une seconde en 1956, la Palestine, que les Arabes estiment illégalement occupée, a été un foyer de guerre. Il est clair maintenant qu'aussi longtemps que les Arabes n'auront pas reconnu Israël, on ne peut espérer une paix solide au Moyen-Orient.
Cette situation de fait comporte des implications internationales, en raison des responsabilités que les grandes puissances y ont prises et aussi parce que, avec une production de 460 millions de tonnes par an (en 1966), le Moyen-Orient est le plus grand réservoir de pétrole du monde.
Fait remarquable dans le conflit qui a éclaté le 5 juin 1967 — outre la fulgurante victoire d'Israël —, Russes et Américains ont été tacitement d'accord pour demeurer à l'écart. Ce difficile jeu d'équilibre auquel ils se sont contraints dépassait largement le conflit palestinien lui-même et mettait à l'épreuve la coexistence pacifique.
La tentative de remettre à l'ONU — avec la convocation d'une Assemblée générale extraordinaire — le soin du règlement n'est pas apparue, à la mi-juillet, comme une solution possible aux graves problèmes qui demeurent au Moyen-Orient.

Depuis un an, la situation n'avait cessé de se détériorer : il ne se passe pas de jour sans qu'éclate un incident à l'une ou l'autre des frontières d'Israël.

L'agression

Un certain nombre d'actions, cependant, revêtent un caractère grave. Le 15 août 1966, des Mig syriens intervenaient pour empêcher le renflouement d'une vedette israélienne échouée dans le lac de Tibériade. Deux des avions sont abattus.

Le 13 novembre, à la suite d'un acte de sabotage commis par un commando palestinien, les forces israéliennes pénètrent en territoire jordanien et détruisent un village censé abriter des groupes de terroristes. Le Conseil de sécurité condamne cette agression.

Le 29 novembre, 2 Mig égyptiens sont abattus. Ils avaient pénétré dans l'espace aérien d'Israël.

Une fusillade sur un kibboutz à la frontière syrienne entraîne, le 7 avril 1967, une bataille aérienne ; 6 Mig syriens sont détruits.

Le Conseil de sécurité, cependant, ne parvient qu'à émettre des avis tardifs sur des plaintes qui affluent quotidiennement.

Jusque-là, les affrontements sont bilatéraux ; Israël est successivement face à un seul adversaire. On ne voit pas se dessiner un regroupement des États arabes. Mais cette union pourtant va se réaliser en quelques jours.

Retrait des casques bleus

La partie s'engagera à propos d'un plan d'attaque israélien contre la Syrie. Ce plan a-t-il existé réellement ? C'est bien possible. S'agit-il d'un bluff mis au point par les Arabes ? C'est tout aussi probable.