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Athlétisme

Des résultats prometteurs

Deux grands événements marquent la seconde partie de la saison d'athlétisme 1966 : la déroute des Soviétiques aux championnats d'Europe de Budapest, en septembre, et les adieux internationaux de Michel Jazy.

Aux championnats d'Europe, où les Français sont extrêmement brillants en remportant quatre médailles d'or (200 m par Bambuck, 5 000 m par Jazy, hauteur par Madubost et 4 × 100 m par l'équipe nationale) et dix autres médailles, d'argent ou de bronze, on enregistre sans doute la fin de la suprématie de l'URSS sur le vieux continent. Privés de quelques-unes de leurs vedettes féminines — Tamara Press, Irina Press, Tatiana Tchelkanova et Maria Itkina avaient refusé de passer la visite médicale obligatoire pour des raisons demeurées mystérieuses — et de Valeri Brumel, éloigné à jamais des compétitions, les Soviétiques ne remportent que quelques succès isolés.

Outre la France, trois pays se distinguent particulièrement : l'Allemagne de l'Est, qui présente de remarquables lanceurs (qui prirent les trois premières places au disque masculin), l'Allemagne de l'Ouest, qui vaut surtout par ses décathloniens et son coureur de 1 500 m Tummler, la Pologne, qui se signale par ses sprinters Maniak, Gredzinski et Mlles Klobukowska et Kirszenstein.

Deux semaines plus tard, l'équipe de France se rend à Kiev pour rencontrer l'Union soviétique. Les Français, qui ont axé toute leur saison sur Budapest, sont quelque peu déconcentrés. Ils sont assez largement dominés par les Soviétiques, qui ont soif de revanche, mais ils parviennent tout de même à tirer leur épingle du jeu, notamment sur 4 × 100 m, en égalant leur propre record d'Europe, et sur 100 m, où Piquemal réalise 10″ 1, mais avec l'aide d'un vent légèrement supérieur à la limite admise par les règlements.

Le 2 octobre, au stade de Colombes, Michel Jazy effectue ses adieux officiels au public français et à l'équipe de France, en remportant le 5 000 m de France - Grande-Bretagne - Finlande, rencontre enlevée avec facilité par nos athlètes. Le 14 octobre, à Saint-Maur, au cours d'une réunion qui porte son nom, Jazy se met en piste pour une ultime tentative : bien emmené par son ami Jean Wadoux jusqu'aux 1 500 m, Jazy, en réalisant 4′ 56″ 2, bat nettement le record du monde du 2 000 m, que détenait Norpoth (4′ 57″ 6).

Le début de l'année 1967 est d'abord américain : dès le mois de mars, le fabuleux sprinter de l'université de San Jose, Tommie Smith, se signale à l'attention en réussissant d'étonnantes performances. Puis, en l'espace de trois semaines, il va améliorer quatre records du monde, ceux du 4 × 200 m et du 4 × 220 yards (1′ 22″ 1) avec ses coéquipiers de San Jose, ceux du 400 m (44″ 5) et du 440 yards (44″ 8), avant d'approcher d'un dixième son propre record du 200 m (20″). D'autres records du monde seront également améliorés outre-Atlantique : Randy Matson réussit 21,78 m au poids, contre 21,52 m précédemment, Seagren franchit 5,36 m à la perche, mais est dépassé peu après par Wilson, 5,38 m ; Hines et Turner courent le 100 m en 10″ et Ryun le mile en 3′ 51″ 1.

Sur le vieux continent, on prépare activement la première rencontre des Amériques contre l'Europe, qui doit avoir lieu les 9 et 10 août à Montréal. Au cours d'une des nombreuses épreuves de sélection qui avaient été prévues au calendrier, l'équipe de France de 4 × 100 m, composée de Berger, Delecour, Piquemal et Bambuck, améliore d'un dixième de seconde le record d'Europe. Douze jours plus tard, l'équipe de l'université de Californie du Sud réussit 38″ 6 au 4 × 110 yards, soit 38″ 4 au 4 × 100 m, mais cette performance ne pouvait être considérée comme record du monde officiel des équipes nationales, car la formation californienne comportait trois Américains et un Jamaïcain.

Les 24 et 25 juin, l'équipe de France, sans Jazy, affronte (à Colombes) les Soviétiques, qui avaient battu nos représentants de 29 points, neuf mois plus tôt, à Kiev. C'est un match passionnant, qui demeure très équilibré jusque dans les dernières épreuves. Les Français, qui avaient magnifiquement débuté, en remportant 6 courses sur 6 au cours de la première journée, mènent encore de 6 points le samedi soir. Le lendemain, les Soviétiques se reprirent, mais il leur faut un heureux concours de circonstances pour finalement distancer leurs adversaires de 8 points (110-102).