Des doutes ont été parfois exprimés quant à la rentabilité de l'entreprise. La France étant le seul pays qui ait mené à bon terme la construction d'une centrale marémotrice, n'était-ce pas un exploit prestigieux, mais sans lendemain ?

Le kilowatt-heure du barrage de la Rance revient, actuellement, plus cher que celui des usines thermiques. Son prix est sensiblement du même ordre de grandeur que le kilowatt-heure d'origine hydraulique ou nucléaire. Mais il devrait se produire, pour l'énergie des marées, ce qui s'est passé pour toutes les techniques nouvelles ; les progrès abaissent le prix de revient. L'énergie nucléaire n'a commencé à devenir compétitive que dix ou quinze ans après la mise en route de la première centrale atomique de puissance. L'énergie des marées, pourtant à ses débuts, l'est déjà.

La réalisation de l'usine de la Rance est le résultat d'une très longue bataille menée par les ingénieurs de l'EDF, en premier lieu par R. Gibrat. Il a fallu mettre au point une technologie nouvelle, groupes-bulbes fonctionnant en immersion totale, matériaux résistant à la corrosion de l'eau de mer, etc. Toute une théorie mathématique a été édifiée pour arriver à une utilisation rationnelle du rythme des marées. L'ensemble de ces travaux, entièrement français, représente un investissement considérable.

La force des marées est inépuisable. Une usine fonctionne indéfiniment sans apport de combustible. Il n'y a pas de cendres, pas d'accumulation de déchets radioactifs.

La nature a doté la France des meilleurs sites pour tirer parti des marées. (Le seul endroit comparable à l'embouchure de la Rance est la baie de Passamaquoddy, à la frontière des USA et du Canada.) C'est ce que font valoir les spécialistes de cette forme nouvelle d'énergie, qui rappellent qu'un projet plus grandiose pourrait être réalisé avec la construction d'une digue de 23 km barrant toute la baie du Mont-Saint-Michel, en s'appuyant sur l'archipel des Chausey ou sur les Minquiers. L'usine qui y serait installée pourrait produire annuellement 66 milliards de kilowatts-heures.

Le « Redoutable », premier sous-marin atomique français

Le premier submersible français à propulsion nucléaire, le Redoutable, a été lancé à Cherbourg le 29 mars en présence du président de la République. Il commencera ses essais à la mer en 1968. Son moteur dérive du prototype à terre du moteur pour sous-marin, dont le fonctionnement au Centre d'études nucléaires de Cadarache depuis août 1964 a été très satisfaisant. À la fin de mars, le prototype à terre fonctionnait avec un second cœur composé pour moitié d'éléments fabriqués avec de l'uranium enrichi produit par l'usine de Pierrelatte.

Télécommunications

Les satellites de télécommunications

Les exploits spectaculaires de l'astronautique ne doivent pas faire oublier la mutation qui s'accomplit au-dessus de nos têtes.

Ses premières acquisitions consolidées, la technique spatiale fait entrer les satellites artificiels dans les services publics : télécommunications et météorologie.

Au cours de ces derniers mois s'est poursuivie la mise en place des deux premiers réseaux de satellites-relais, l'un international, sous l'égide des États-Unis, l'autre soviétique.

Early Bird

Le réseau occidental appartient à l'INTELSAT (International Telecommunication Satellite). Ce consortium groupe 56 pays autour d'une société américaine, la COMSAT (Communications Satellite Corporation), qui détient la majorité absolue des parts et qui, en fait, assume toutes les responsabilités.

Les satellites construits par l'industrie américaine pour la COMSAT sont mis en orbite par la NASA pour le prix forfaitaire de 16,5 millions de francs le lancement (qu'il soit ou non réussi).

Le premier satellite de télécommunications mis en service par la COMSAT a été Early Bird (Oiseau matinal), placé en avril 1965 sur une orbite équatoriale et circulaire, à environ 36 000 km du sol.

À cette hauteur, le satellite met pour boucler son orbite un temps égal à celui de la rotation de la Terre sur elle-même. Il reste donc toujours au-dessus du même point de la surface terrestre et peut jouer son rôle de relais à n'importe quelle heure, ce qui distingue ces satellites stationnaires des anciens satellites à défilement, comme Telstar, qui, se déplaçant constamment par rapport aux stations terrestres, ne pouvaient maintenir la liaison entre elles que pendant une quinzaine de minutes.