Au cours de ces derniers mois, on a poursuivi l'établissement d'une carte hydrogéologique de l'Europe, sur le modèle de la carte des eaux souterraines en France.

Un colloque sur le bilan hydrique mondial sera réuni en 1969 ou 1970.

Éruption solaire exceptionnelle pour le lancement en terre Adélie des fusées-sondes du CNES

Quatre fusées-sondes françaises Dragon, destinées à l'exploration du champ magnétique terrestre, ont été lancées en janvier 1967 de la base Dumont-d'Urville, en terre Adélie. Le programme des expériences avait été établi par le groupe de recherches ionosphériques du CNRS.

Il existe, certes, dans le monde, des champs de tir d'un accès plus aisé que la station française de l'Antarctique. Mais pour le géophysicien préoccupé de l'étude de l'environnement terrestre, la base Dumont-d'Urville offre un intérêt spécial. Elle coïncide presque exactement avec un des deux pôles magnétiques d'inclinaison, où le champ magnétique terrestre est vertical.

Il en résulte des anomalies caractéristiques dans la propagation des ondes radio, anomalies dont le mécanisme est loin d'être élucidé.

Le vent solaire

En outre, les lignes de force du champ magnétique issues de cette région s'éloignent à grande distance. Déformées par le vent solaire, elles forment la partie extérieure de la cavité dissymétrique à l'intérieur de laquelle le Soleil confine au champ magnétique terrestre. Elles ne servent pas de support à des particules électrisées d'origine extra-terrestre piégées par le champ magnétique, comme c'est le cas pour les lignes de force issues des latitudes moyennes ; elles laissent arriver jusqu'au sol les particules qui percutent la Terre dans cette région. Et elles transmettent au sol les perturbations magnétiques produites par les fluctuations du vent solaire.

Quatre tirs ont été effectués à partir des rampes de lancement installées par les Expéditions polaires françaises (missions Paul-Émile Victor), qui assuraient le soutien logistique de l'expédition.

Les fusées Dragon emportaient des instruments destinés à mesurer, tout au long des régions traversées, la densité des protons et des électrons du vent solaire, ainsi que la répartition de leurs énergies et de leurs directions d'arrivée. Ces données peuvent aider les géophysiciens à déterminer les causes des fluctuations continuelles du champ magnétique et des anomalies radio-électriques.

La chance a souri aux expérimentateurs. Les trois derniers tirs (28 et 29 janvier) ont coïncidé avec une éruption solaire d'une intensité rare et de caractéristiques anormales. Les observations recueillies par les fusées-sondes à l'étude sont susceptibles d'apporter à la science des données d'un intérêt exceptionnel.

Les forages de la croûte terrestre

Les Américains ont abandonné leur projet Mohole, pour lequel ils avaient dépensé 55 millions de dollars.

Il s'agissait de percer un trou (hole) jusqu'à la discontinuité de Mohorovicic, qui marque la limite entre la croûte terrestre et le manteau supérieur. La nature des couches profondes n'est jusqu'ici connue que par l'étude des ondes sismiques.

Les géologues américains avaient décidé de faire un forage en mer, où la croûte est moins épaisse que sous les continents. Des essais avaient commencé au large de la Californie. Le refus par le Congrès d'accorder un supplément de crédits a obligé à renoncer au projet Mohole.

De leur côté, les Soviétiques ont commencé à forer plusieurs puits profonds, à partir de sites continentaux, et ils en projettent d'autres dans les Kouriles.

En avril 1967, le puits de la Caspienne a atteint 5 000 m.

Physique

La course aux hautes énergies

À Serpoukhov, au sud de Moscou, les Soviétiques achèvent la construction d'un synchrotron qui viendra en tête de tous les accélérateurs circulaires, avec 70 milliards d'électron-volts, ou 70 giga-électron-volts, en abrégé 70 GeV. Son équipement comprend une chambre à bulles française, dont on termine le montage à Saclay, et qui sera elle aussi la plus grande en son genre.

En juin 1966, le CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire) a commencé à construire sur la frontière franco-suisse, en territoire français, ses anneaux de stockage de protons.