Le travail de ses douze premiers mois de mise en route paraît témoigner, sinon d'une volonté de refondre profondément les structures existantes, du moins d'une réelle bonne volonté à favoriser l'art nouveau.

Marcel Landowski est déjà passé au stade des réalisations pratiques sur quelques chapitres importants.

Création d'un orchestre de caractère exceptionnel, l'Orchestre de Paris. Il résulte d'une métamorphose de la Société des concerts du Conservatoire, mais ses membres sont recrutés par concours. À sa tête se trouvent un directeur, Charles Münch, et un chef permanent, Serge Baudo, auprès de qui seront placés des chefs assistants.

L'Orchestre de Paris possède un statut juridique complexe et original : c'est une association de la loi de 1901, présidée par le ministre des Affaires culturelles, en pratique par son représentant, Marcel Landowski. Le financement prévu est de l'ordre de 7 000 000 de francs, dont 50 % à la charge de l'État, le reste étant à la charge de la ville et du département.

Sous tutelle

Création d'un Comité de coordination des associations symphoniques parisiennes, ce comité veillera à la bonne répartition des dates de concerts, aux lieux de ceux-ci (obligation d'aller jouer dans les agglomérations de la périphérie parisienne en particulier) et à leur qualité artistique. Pour les associations qui accepteront d'entrer dans le cadre de cette tutelle, la subvention sera quadruplée sur les chiffres précédents : chacune d'elles recevra 200 000 F.

Création d'orchestres philharmoniques régionaux. Deux sont déjà en cours de constitution : région Val-de-Loire et région Forez-Rhône-Alpes.

De simple prestige

L'activité de certains orchestres de chambre existants est prise en charge par l'État. Il s'agit de six orchestres de chambre du type Toulouse-Auriacombe ou Tours-Colson, qui seront tenus de fournir trente concerts par an à l'État contre une subvention de 150 000 F, sept formations de musique de chambre du type Quatuor Parrenin ou Octuor de Paris, quatre formations spécialisées dans la musique contemporaine du type Ars Nova-Marius Constant, Musique nouvelle-Diego Masson ou Domaine musical-Gilbert Amy.

Les subventions aux festivals, qui avaient été précédemment supprimées, seront rétablies. Ces subventions seront naturellement assujetties à des réalisations culturelles véritables afin d'éliminer les festivals de simple prestige local. Cette mesure doit concerner notamment le concours de piano de Royan, celui de jeunes chefs de Besançon, Renaissance de l'orgue classique français à Saint-Maximin, Musique française à Strasbourg. Ces subventions devront, en outre, être justifiées chaque année.

Le budget des commandes d'œuvres aux compositeurs est réévalué. Il passe de 120 000 F à 300 000 F. Ces commandes seront passées dans des directions véritablement créatrices. Le seul fait de la commande entraînera automatiquement l'exécution de ces œuvres dans de bonnes conditions.

Mi-temps pédagogique

Un brain-trust d'animation sera créé pour coiffer toute l'organisation musicale. Ses membres seront ensuite répartis sur tout le territoire. Des stages de formation d'animateurs ont déjà eu lieu.

Les réformes à introduire dans l'enseignement de la musique ne peuvent intervenir qu'avec des délais plus longs. Cependant est d'ores et déjà prévue la création de quatre conservatoires régionaux (Reims, Toulouse, Lyon et Amiens), avec organisation de la formule de la mi-temps pédagogique, dont on est en droit d'attendre beaucoup.

On procède, en outre, à la réorganisation des écoles municipales de musique, qui seront aidées et contrôlées. Les directeurs seront nommés par l'État.

Danse

Peu de nouveautés remarquables

La dernière saison chorégraphique n'a révélé ni ballets nouveaux ni créations remarquables. Cependant, il convient de retenir certaines représentations qui ont marqué de grands moments de la danse.

Ces grands moments, on les a vécus avec deux étoiles, l'une venue de Cuba, Alicia Alonso, l'autre de Moscou, Maïa Plissetskaya. Leur apparition fut trop brève ; Alicia Alonso se produisit au cours de quatre représentations, dans le cadre du Festival international de la danse de Paris, et Maïa Plissetskaya ne dansa qu'un soir, au palais des Sports, au gala organisé en hommage à Pablo Picasso.