Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Montessori (Maria) (suite)

Le matériel montessorien, dont certains éléments sont inspirés de Séguin, a été fixé, d’une manière un peu rigide, après expérimentation. Son usage est soigneusement réglé : l’enfant choisit le matériel librement, mais doit s’en servir correctement. Celui-ci comporte d’une part des objets usuels — pelle, balai, cuvette, assiettes, etc. —, mais construits solidement à la taille de l’enfant : les libres exercices de transvasement de l’eau, de boutonnage, de transport de vaisselle cassable, etc., favorisent la maîtrise de la psychomotricité et, donc, l’apprentissage de la discipline. Toute une partie du matériel (tour rose, règles graduées, clochettes, etc.) de caractère plus technique favorise raffinement sensoriel et achemine l’enfant à l’apprentissage de l’écriture, qui précède celui de la lecture.

« Apprends-moi à agir seul », tel est, selon Maria Montessori la muette supplication que l’enfant adresse à l’adulte, et la pédagogie montessorienne favorise cette auto-éducation par laquelle l’enfant progresse le plus efficacement selon son propre rythme.

L. R.

 E. M. Standing, Maria Montessori, her Life and Work (New York, 1970 ; trad. fr. Maria Montessori à la découverte de l’enfant, Desclée De Brouwer, 1972). / Le Manuel Montessori (Gonthier, 1975).

Monteverdi (Claudio)

Compositeur italien (Crémone 1567 - Venise 1643).



La vie

Issu d’un milieu bourgeois et cultivé — son père était médecin —, il s’adonne de bonne heure à la musique et travaille avec le maître de chapelle de sa ville natale, Marco Antonio Ingegneri (v. 1547-1592), savant contrapuntiste et habile joueur d’instruments. Il assimile rapidement toutes les techniques d’écriture et s’initie en même temps au jeu de l’orgue et de la viole. Aussi acquiert-il très tôt renom et estime en dehors même de sa province natale. Il a quinze ans à peine lorsqu’il publie à Venise les Sacrae Cantiunculae (1582), « petites chansons » pieuses bientôt suivies par les Madrigali spirituali (1583), les Canzonette (1584) et ses deux premiers livres de madrigaux profanes (1587, 1590). Il entre alors au service de Vincent Ier de Gonzague, duc de Mantoue et de Montferrat, en qualité de chanteur et de joueur de viole. Le duc, qui a une passion pour les lettres et les arts, entretient un orchestre d’excellents solistes et organise, sous la direction de son maître de chœur, le Flamand Jaches de Wert, de nombreuses manifestations musicales auxquelles Monteverdi participe aussitôt, avant même d’y faire connaître ses propres œuvres. En 1592, le musicien publie son troisième livre de madrigaux. Peu après, il accompagne en Hongrie le duc son maître (1595), appelé à lutter contre les bandes turques de Mehmet III. Tandis qu’il campe avec les troupes mantouanes, il apprend la mort de J. de Wert (1596) et, non sans quelque humeur, le nom de son remplaçant, Benedetto Pallavicino († 1601). Déçu, il n’en a pas moins conquis l’estime de Vincent. En 1599, alors qu’il vient d’épouser la fille d’un violiste de la Cour, la cantatrice Claudia Cattaneo († 1607), le duc l’emmène en voyage d’agrément dans les Flandres. Monteverdi va à Liège, à Spa, à Anvers et à Bruxelles, où il connaît les dernières productions musicales étrangères et, entre autres, les nouveaux airs français « mesurés à l’antique ». Il y écrit ses Scherzi musicali, qui, au cours de l’année 1607, alors qu’il ressent douloureusement la mort de sa femme, seront publiés par les soins de son frère Giulio Cesare. Né en 1573, celui-ci a aussi choisi la carrière musicale. Il écrira pour le théâtre, mais, à défaut d’avoir le talent de son aîné, il lui sera entièrement dévoué. Il copiera sa musique, fera travailler ses chanteurs et répondra à ses détracteurs. De retour à Mantoue, Monteverdi est nommé en 1602, après la mort de Pallavicino, maître de musique à la Cour. Alors commence pour lui une vie agitée et fiévreuse. En 1603, il publie son quatrième livre de madrigaux, puis s’intéresse activement à la réforme florentine et aux premiers drames musicaux élaborés dans le cénacle du comte Giovanni Bardi (v. 1534-1612) et représentés avec succès. Il avait d’ailleurs assisté, probablement en compagnie de Vincent de Gonzague, à la représentation, à Florence, de l’Euridice (1600) de Jacopo Peri (1561-1633). Il a aussi, peu après, rencontré Giulio Caccini (v. 1550-1618), venu à Mantoue. Encouragé par le duc et son entourage, il décide, à son tour, de faire ses propres expériences, qui aboutissent, avec L’Orfeo (1607) et L’Arianna (1608), représentés à Mantoue, à la création du drame lyrique. Vers la fin de l’année 1610, il va à Rome dans l’espoir d’y faire publier ses œuvres religieuses et d’obtenir pour son fils Francesco, l’admission au Séminaire romain et l’octroi d’une bourse. Après de vaines démarches, il regagne Mantoue. En 1612, après la mort de Vincent de Gonzague qu’il servait depuis vingt-deux ans, il demande et obtient son congé. Il brigue alors sans succès la place de maître de chapelle au dôme de Milan et engage de nombreux pourparlers pour trouver un poste digne de sa réputation. Le 19 août 1613, il est nommé maître de chapelle à Saint-Marc de Venise. Enfin satisfait, il appelle auprès de lui son frère et ses deux fils, Francesco (né en 1601) et Massimiliano (né en 1604), l’un ténor (chanteur à Saint-Marc depuis 1623), l’autre médecin. Secondé à l’église par ses vice-maîtres successifs, Marc’Antonio Negri († 1620), Alessandro de Grandi († 1630) et, à partir de 1627, Giovanni Rovetta (v. 1596-1668), il devient un compositeur recherché. Il est sollicité de tous côtés pour prêter son concours dans les fêtes publiques et privées. Il écrit des divertissements pour la Sérénissime République, mais aussi pour de nombreuses cours princières. Il fait alors de courts voyages à Bologne, à Parme, à Chioggia et à Rovigo. Mais Venise est maintenant son seul port d’attache, et sa vie s’y écoulerait sans heurt, tout entière consacrée à sa charge, à ses œuvres et à ceux qui, comme Schütz*, lui demandent conseil ou, comme Cavalli* et G. Rovetta, sont ses élèves, si des épreuves ne l’attendaient. En 1627, son fils Massimiliano est emprisonné par ordre du Saint-Office pour détention de livres sur l’alchimie — à laquelle il s’est jadis intéressé lui-même — et n’est libéré que sur l’intervention du conseiller Alessandro Striggio (1573-1630). Monteverdi déplore, peu après, la mort, après quatorze mois de règne (1626-27), du jeune duc de Mantoue Vincent II. La dynastie des Gonzague s’éteint, et une branche cadette va recueillir sa succession. L’inquiétude du musicien, qui vit modestement, est par bonheur, de courte durée. Le nouveau duc Charles de Nevers (1627-1637) accepte de reconduire la pension qu’il recevait régulièrement depuis 1613. Mais, en juillet 1630, Monteverdi apprend la prise de Mantoue par les troupes autrichiennes et la mise à sac de la ville et du palais ducal, où était conservée une partie de sa musique. La peste qui s’ensuit n’épargne pas Venise. Monteverdi perd son fils Massimiliano, qui n’a pas échappé à la contagion (1631). En 1632, il entre dans les ordres, sans, toutefois, renoncer à la composition. Universellement admiré, il n’a rien perdu de sa force créatrice. En 1637, alors que s’ouvrent à Venise des théâtres publics et payants, il assiste d’abord en spectateur aux représentations organisées par la compagnie de Benedetto Ferrari (1597-1681) et de Francesco Manelli (1595-1667), puis revient à la scène. Ses premiers opéras vénitiens sont malheureusement perdus. En 1639, il inaugure le théâtre San Moise avec une reprise de L’Arianna. Peu après, il fait jouer au théâtre San Cassiano Il Ritorno d’Ulisse in patria (1641), puis au théâtre Santi Giovanni e Paolo L’Incoronazione di Poppea (1642). Entre-temps, il a publié la Selva morale e spirituale (1640), et composé d’autres grandes œuvres religieuses et des canzonette légères, qui trouveront place plus tard dans les éditions posthumes de 1650 et de 1651. En 1643, Monteverdi a soixante-quatorze ans. Après un court voyage à Crémone et la visite rapide de quelques cités qu’il souhaitait revoir, il tombe malade et s’empresse de regagner Venise pour y mourir.