Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
J

judo (suite)

Le costume et les grades

Le judo se pratique pieds nus ; le judoka porte un pantalon et une veste de toile solide, appelés kimono ou judogi. La veste est maintenue croisée par une ceinture de couleur enroulée deux fois autour de la taille et arrêtée par un nœud. Cette ceinture indique le niveau des connaissances techniques et la valeur combative du judoka.

Les ceintures successives avant la ceinture noire sont : la blanche (que le débutant conserve environ 2 mois), ensuite la jaune, puis l’orange (après 3 mois), la verte (après 4 mois), la bleue (après 6 mois). Ensuite l’élève passe ceinture marron, dernier grade, ou dan, avant la ceinture noire. Celle-ci n’est accordée qu’après un examen devant les officiels fédéraux.

Le candidat doit être âgé d’au moins seize ans et avoir trois années de licences fédérales. Il doit disputer une compétition en ligne, c’est-à-dire affronter consécutivement cinq combattants de niveau au moins égal. Battre au cours de la même épreuve ces cinq adversaires, chacun en moins de deux minutes, permet au candidat de recevoir la ceinture noire. En cas d’échec, celui-ci peut se représenter au total à quatre présélections au cours de l’année. Chacune de ses victoires lui est comptée et, lorsqu’il a obtenu un total suffisant, il est proposé pour le 1er dan.

Le dan est indiqué par une barrette noire sur le kimono ou par une barrette blanche sur la ceinture noire. Au Japon, les 6e, 7e et 8e dans portent une ceinture blanche et rouge, et les 9e et 10e dans une ceinture rouge.


Le judo au Japon

Les origines de ce sport, dont le nom vient du japonais (étymologiquement « voie de la souplesse »), sont mal connues. Le judo est la synthèse de nombreux arts martiaux en honneur au Japon, le seul pays qui ait étudié et amélioré pendant des siècles une technique d’attaque et de défense à mains nues.

Il faut remonter plusieurs siècles av. J.-C. pour trouver trace de l’ancêtre du judo, le jiu-jitsu. Mais le judo lui-même, sport de combat et excellente méthode d’éducation physique, ne date que de 1882. On le doit à Jigorō Kanō (1860-1938). Celui-ci était d’une santé fragile et de taille modeste. Élève du maître Fukuda, qui professait le jiu-jitsu, et devenu en cinq ans un combattant agile et vigoureux, il fonda sa première école en 1882, une modeste salle à laquelle il donna le nom de Kōdōkan et qui groupait alors une vingtaine d’élèves. Il épura les méthodes variées du jiu-jitsu, fit appel autant à l’esprit qu’au corps ; de là sortit le judo. En 1889, Kanō comptait plus de 600 élèves. L’engouement persista pour cette école, où les élèves obtenaient des grades. Parmi les élèves figura le fameux Yamashita Yoshiaki, qui fut en 1935 le premier 10e dan de l’histoire (laquelle n’en connut que dix au total, aujourd’hui tous disparus).

Après la création, en 1895, de l’Association des arts martiaux, le judo fit, au Japon, partie des sports obligatoires à l’école, comme il le devint plus tard dans l’armée et la police. C’est en 1930 qu’eut lieu au Japon le premier championnat national qui consacra le judo comme sport officiel.

Aujourd’hui, il y a certainement plusieurs millions de pratiquants dans le pays du Soleil-Levant et plus de 200 000 ceintures noires.


Le judo en Europe et dans le monde

Le premier championnat d’Europe eut lieu à Paris en 1951. Son succès dépassa toutes les prévisions, avec la participation de huit nations (l’Autriche, l’Allemagne de l’Ouest, l’Angleterre, la Belgique, la France, la Hollande, l’Italie et la Suisse). Depuis cette date, des championnats d’Europe sont organisés annuellement.

Dans le même temps, le judo fut implanté en Amérique du Sud. Un congrès se tint à Londres en 1952, et la Fédération internationale fut créée avec comme président le Japonais R. Kanō. Elle se subdivisa en unions continentales : Europe, Asie, Amérique, Afrique et Océanie ; 1956 vit la création du premier championnat du monde, qui se déroula à Tōkyō et auquel prirent part plus de 30 judokas représentant 18 nations.

Ce n’est qu’en 1964, au congrès de Tōkyō, que le judo trouva sa structure définitive. Le siège fut transféré de Tōkyō à Paris, et, par la suite, les grades ne furent distribués que par des nations affiliées. En 1965, à Rio de Janeiro, les catégories de poids, longtemps discutées, furent définitivement acceptées. Elles se répartissent, pour les seniors, de la façon suivante :
légers : moins de 63 kg
mi-moyens : de 63 à 70 kg
moyens : de 70 à 80 kg
mi-lourds : de 80 à 93 kg
lourds : plus de 93 kg

Mais les compétitions officielles ont conservé également un titre « toutes catégories » ouvert à tous ceux qui désirent y participer, à quelque poids que ce soit. C’est d’ailleurs le plus beau titre et le plus envié. C’est la bataille entre les tenants des catégories de poids et les opposants à celles-ci qui coûta probablement au judo sa participation aux jeux Olympiques de 1968, alors qu’il y avait été admis en 1964 avec quatre catégories. Le judo figure de nouveau parmi les disciplines olympiques, et une quarantaine de nations ont participé aux jeux Olympiques de Munich en 1972.

1961 fut une grande année pour le judo européen, où, pour la première fois, un judoka qui n’était pas japonais, le Néerlandais Anton Geesink, battait les plus grands spécialistes nippons et s’octroyait à Paris le titre de champion du monde toutes catégories. Il renouvelait ce succès aux jeux Olympiques de 1964 à Tōkyō et en 1965 au championnat du monde à Rio de Janeiro, en battant le Japonais Akio Kaminaga, s’attribuant le titre des lourds. Le judo japonais n’était plus imbattable !...

Les Soviétiques, depuis 1962, grâce aux qualités athlétiques de leurs judokas et à un grand recrutement, figurent de plus en plus brillamment dans les compétitions européennes. Mais la France et l’Allemagne sont également au premier plan européen.

Les maîtres du judo resteront cependant pour de longues années encore les Japonais, grâce à leur souplesse et à leur technique. En 1973, à Lausanne, aux championnats du monde, les Japonais ont d’ailleurs remporté les six titres mis en compétition, surclassant les autres concurrents.