Jordaens (Jacob) (suite)
D’autres thèmes souvent repris, comme le Satyre et le paysan — la répétition est une des caractéristiques du peintre —, s’ils conservent une grande jovialité, marquent néanmoins une inspiration déclinante. C’est pourtant bien dans la truculence populaire, lorsqu’il se plonge dans l’atmosphère pittoresque des familles flamandes, que Jordaens s’accomplit. Rien ne le manifeste mieux que Le roi boit, dans ses multiples versions, joyeuse scène de banquet à l’occasion de l’Épiphanie.
Ce peintre de l’exubérance flamande — plutôt que du baroque —, s’il va curieusement se convertir au calvinisme, n’en continuera pas moins à traiter des sujets d’inspiration catholique. Il saura aussi se faire apprécier comme décorateur ; artiste « heureux », il reçoit de nombreuses commandes. Après une collaboration avec Rubens, en 1635, pour la décoration de la ville d’Anvers à l’occasion de l’entrée du cardinal-infant Ferdinand, il travaille pour la cour de Suède et pour celle d’Angleterre, où Charles Ier lui confie en 1641 le décor d’un salon de la maison de la Reine à Greenwich. En 1650-1652, il peint son célèbre Triomphe de Frédéric-Henri de Nassau à la maison au Bois, près de La Haye. Le palais du Luxembourg, à Paris, conserve quelques-unes des décorations qu’il avait réalisées pour sa propre maison à Anvers.
À ces multiples succès, Jordaens aurait pu ajouter celui d’être un grand portraitiste, comme en témoignent certaines toiles des musées du Louvre et de Bruxelles, mais il semble n’avoir montré que peu d’enthousiasme pour ce genre de travail. Maître alternant les réussites avec des œuvres de moindre intérêt, il n’aura pas véritablement de disciples : il est le dernier représentant de ce siècle d’opulence et de dynamisme.
M. P.
A. Stubbe, Jocob Jordaens en de Barok (Anvers, 1948). / L. Van Puyvelde, Jordaens (Elsevier, Bruxelles, 1955). / R. A. d’Hulst, De tekeningen van Jacob Jordaens (Anvers, 1956).