Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Angers (suite)

Dans le contexte de son développement présent, c’est l’industrie néanmoins — fait nouveau — qui épaule le mieux l’économie d’Angers. Longtemps assujettie aux possibilités assez restreintes du milieu local, elle s’est soudainement vivifiée, depuis une quinzaine d’années, de substantiels apports du dehors. Certaines de ses anciennes branches demeurent actives : distilleries (liqueurs), allumettes, articles de pêche, parasolerie, arts graphiques, confection, ardoisières surtout qui, aux portes de la ville (Trélazé), livrent sur le marché plus de la moitié de la production française. Cependant, Angers a vu en 1965, avec la fermeture d’une importante fabrique de toile à voile, bâches et cordages, la fin d’une industrie ancestrale. Seules ont survécu, reprises par d’autres firmes, celles d’articles de camping et de sport ainsi que de câbles métalliques, vers lesquelles elle avait tenté deux formes originales de reconversion. Mais le relais était pris. Une grosse fonderie-tréfilerie, relayant en 1922, sur la commune de Montreuil-Belfroy, une petite usine, et diversifiant progressivement ses fabrications, produit, sur un marché en constante expansion, aciers doux, alliage d’aluminium, tubes de magnésium. D’autres entreprises ont suivi plus tardivement, fabriquant, en une gamme étonnamment diverse, récepteurs de télévision, calculateurs électroniques, pièces d’éclairage (projecteurs) pour l’automobile et l’aviation, machines agricoles (moissonneuses-batteuses), cabines téléphoniques insonorisées, matériel aéronautique. L’industrie emploie à Angers 40 p. 100 de la population active.


Le développement urbain

Un diagnostic objectif oblige à reconnaître à Angers, à côté d’un réel dynamisme, quelques signes de faiblesse. Son infrastructure de transport est insuffisante. En cours de modernisation sur le plan routier (N 23 Paris-Nantes), celle-ci présente sur le plan ferroviaire de graves lacunes. Conçue par le chemin de fer, dès ses origines, comme une étape et non comme un carrefour, Angers manque de relations directes avec la plupart des villes de l’Ouest et du Centre-Ouest, Rennes, Laval, Poitiers, Niort, La Rochelle : l’absence de toute liaison avec Rennes, en particulier, est très vivement ressentie. Le rayonnement dont font preuve, par ailleurs, trois de ses voisines (Nantes, Le Mans et Tours) la met assez mal à l’aise dans un arrière-pays qu’elle ne peut guère étendre au-delà de son département. Même sur son propre territoire, son audience est contestée par deux de ses sous-préfectures, Saumur et Cholet, qui, économiquement actives et jalouses de leurs prérogatives, défendent leur autonomie et entretiennent chacune une chambre de commerce. Son ascension contemporaine n’a pas suivi le rythme démographique des grandes villes voisines. Si, de 1801 à 1968, elle quintuple (comme Nantes), Rennes septuple, Le Mans et Tours décuplent. Son développement universitaire étouffe entre ces quatre villes. Le ralentissement du développement industriel lui-même, lié au marginalisme de certaines de ses entreprises et au marché de l’emploi, alourdi par le poids d’une démographie très excédentaire, l’a fait classer dans les zones d’aide maximale à l’industrialisation (zone I) en 1968.

L’impulsion donnée à la ville par son enrichissement et son rajeunissement fonctionnels ne s’en est pas moins traduite, dans la physionomie urbaine, par de profonds changements. Le xixe siècle les y avait préparés. Autour du vieux noyau s’étaient moulés après 1840, directement accolés au centre marchand, des quartiers nouveaux, vers le sud et l’est surtout, guidés par la gare (Saint-Laud), les routes des Ponts-de-Cé et de Saumur, la route du Mans. Une ville nouvelle naissait, bien tracée, faite de petites maisons basses, tranchant par la tonalité claire de sa pierre de tuffeau avec la vieille ville, la « ville noire » aux rues étroites, sombres, bordées de maisons de schiste revêtues d’ardoise. Après 1945, la construction a pris une forme mixte de petit habitat individuel et de bâtiments collectifs de masse. Des ensembles résidentiels ont surgi dans tout le périmètre urbain : au nord, où, au-delà d’une emprise ferroviaire (gare Saint-Serge) entièrement remodelée, une « Z. U. P. » (Briollay) groupe, sur 82 ha d’anciennes terres de cultures, 2 600 logements ; au sud, où, sur 155 ha de terres maraîchères, un autre programme porte sur 4 800 logements (Sainte-Gemmes-sur-Loire) ; vers l’ouest surtout, où, débordant hardiment pour la première fois le vieux faubourg de la Doutre, une ville neuve de près de 3 000 logements et de 16 000 habitants (Belle-Beille) borde aujourd’hui la route de Nantes. Des zones industrielles ont été tracées et aménagées (Saint-Serge et Écouflant au nord, la Croix-Blanche, Saint-Barthélemy à l’est, Belle-Beille à l’ouest). Belle-Beille voisine en outre avec un campus universitaire, en cours d’aménagement sur 200 ha. Le territoire communal est largement débordé. La ville mord à l’est sur Trélazé et Saint-Barthélemy-d’Anjou, au nord-ouest sur Avrillé (aérodrome) et Montreuil-Belfroy, à l’ouest sur Beaucouzé, au sud sur Sainte-Gemmes-sur-Loire, Les Ponts-de-Cé, Mûrs-Érigné. Expression politique d’un état de fait géographique, un district urbain d’Angers est né en 1968, rassemblant dix communes. Le peuplement gagne vite le front suburbain. Tandis qu’entre 1968 et 1975 Angers enregistrait un accroissement de la population de 6 p. 100, Les Ponts-de-Cé progressaient d’un tiers, Beaucouzé de plus de 50 p. 100, alors que la population d’Avrillé doublait. Partout des chantiers, une impression d’inachèvement, de renouvellement aussi d’une cité en pleine mutation.

Y. B.

➙ Anjou / Loire (pays de la) / Maine-et-Loire (départ. de).

 C. Urseau, la Cathédrale d’Angers (H. Laurens, 1929). / J. Levron, Angers (Van Oest, 1947) ; Angers, son château, ses monuments (Arthaud, 1953). / R. Planchenault, les Tapisseries d’Angers (Caisse nationale des monuments historiques, 1955). / F. Lebrun (sous la dir. de). Histoire d’Angers (Privat, Toulouse, 1975).