Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Indy (Vincent d’) (suite)

Membre de diverses académies (Belgique, Angleterre, Pays-Bas) et de la commission de l’Enseignement musical de la Ville de Paris, comblé d’honneurs sans qu’il les eût recherchés ou sollicités, il ne cessa jusqu’à sa mort de consacrer toutes ses forces à la « défense et illustration » d’un art qu’il a toujours considéré, en l’associant à la foi religieuse, comme l’idéal humain le plus essentiel. La mort le prit, confiant et serein, comme il l’avait maintes fois souhaité : « ... Je m’en irai, tranquille, avec l’espérance que Dieu voudra bien admettre en son saint Paradis un pauvre pécheur qui, toute sa vie, a eu pleine foi en Lui. »


L’esthétique de Vincent d’Indy

Par l’écrit et par la parole, Vincent d’Indy a maintes fois précisé les bases de sa doctrine esthétique. Il a souvent insisté sur le caractère irrationnel, instinctif de l’inspiration, qui suggère à l’artiste une idée embryonnaire susceptible de développements que le travail et le talent du compositeur mèneront à leur plein épanouissement. Le métier, la technique sont donc insuffisants, considérés en soi, puisqu’ils n’ont la possibilité de s’exercer qu’à partir d’une matière musicale originelle, fruit de l’inspiration. Cette conception de l’art et plus spécialement de la musique conditionne toute la création artistique de Vincent d’Indy et permet d’expliquer les impératifs pédagogiques dont la Schola cantorum a mis en application les éléments essentiels. D’un tempérament très entier, aimant par-dessus tout l’ordre et la discipline de la pensée, Vincent d’Indy, dans sa vie comme dans son œuvre, est resté totalement fidèle à ses principes, et c’est avec courage qu’il a lutté pour défendre ses convictions personnelles contre les critiques qu’elles suscitaient.

Il avait le goût des vastes architectures sonores et des structures bien équilibrées, la forme sonate lui paraissant être « la forme » par excellence ; il ne cachait pas sa prédilection pour le style symphonique, qui se manifeste même dans ses œuvres de piano et sa musique de chambre ; il avouait sa préférence pour le contrepoint par rapport à l’harmonie, ses tendances polyphoniques et son souci du choix des tonalités dans un but expressif ; il montrait enfin une prédilection particulière pour les thèmes soit religieux, soit authentiquement populaires, ne cachant pas au surplus son profond mépris pour la facilité sous toutes ses formes. L’œuvre musicale de Vincent d’Indy est d’ailleurs à l’image de l’homme, dont elle reflète fidèlement les tendances spiritualistes. La musique religieuse et la foi ont été, pour ce compositeur, les sources d’inspiration les plus fécondes. Convaincu de la beauté du chant grégorien, il en a extrait les éléments les plus significatifs pour les insérer dans son œuvre : le Chant de la cloche, l’Étranger, Fervaal, la Légende de saint Christophe reposent sur l’expression symbolique de thèmes spécifiquement liturgiques ; toutefois, il ne renie pas non plus l’attirance du folklore, ainsi qu’en témoigne la Symphonie cévenole, car il s’agit, selon lui, d’une manifestation concrète de la vie populaire ; or, pour Vincent d’Indy, la vie et l’art ont une base religieuse commune. Cette conception hautaine explique l’éducation musicale que prodigua la Schola cantorum, lien de toute une génération d’artistes, amis et professeurs, élèves aussi, qui se groupèrent autour de son animateur.

G. F.

 P. de Bréville et H. Gauthier-Villars, Fervaal, étude analytique et thématique (Calmann-Lévy, 1898). / E. Deniau, Vincent d’Indy (l’Âme latine, Toulouse, 1903). / F. Starczewski, la Schola cantorum de Paris ou Vincent d’Indy considéré comme professeur (Varsovie, 1905). / R. Rolland, Musiciens d’aujourd’hui (Hachette, 1908). / L. Borgex, Vincent d’Indy, sa vie et son œuvre (Durand, 1913). / A. Sérieyx, Vincent d’Indy (Messein, 1914). / C. Saint-Saëns, les Idées de M. Vincent d’Indy (Lafitte, 1918). / L. Vallas, Vincent d’Indy (A. Michel, 1946-1950 ; 2 vol.).

infanterie

Arme du combat rapproché, mené le plus souvent à pied, par tous les temps et sur tous les terrains.


Familièrement surnommée la piétaille, ou plus noblement la reine des batailles, l’infanterie fut l’instrument de la décision à l’heure du choc entre les armées, puisque le succès s’affirmait ou se dérobait suivant qu’elle refoulait l’adversaire ou qu’elle lui cédait.

Déjà dans l’Antiquité l’infanterie présentait les deux aspects qu’elle a revêtus dans la suite de son histoire : une infanterie de ligne et une infanterie légère. La première constituait le gros des armées, et il lui appartenait de résister à l’assaut ennemi ou bien de défoncer le dispositif adverse. Les hommes étaient à cet effet pourvus de casques et de boucliers avec la lance et le glaive. Ils se présentaient en rangs serrés, et leur masse offrait l’image d’une forteresse mouvante : c’était la phalange grecque ou la légion romaine.

Rome et les cités grecques ne furent toutefois pas seules à posséder une infanterie de ligne ; on la trouvait en Égypte et en Perse avec les inconvénients que comportaient la lourdeur de l’équipement et de l’armement ainsi que l’obligation de combattre au coude à coude.

Une infanterie allégée s’imposait donc pour patrouiller, pour couvrir les flancs de l’armée, pour harceler l’adversaire ou bien pour le talonner après la bataille, bref pour toutes les missions qui supposaient fluidité, vitesse et agressivité. Ce type d’infanterie fut réalisé en Égypte, puis chez les Scythes, par les unités d’archers ; dans les cités grecques, par les formations de peltastes ; dans l’armée romaine, par les cohortes d’auxiliaires qui étaient recrutés dans les diverses nations.

Le haut Moyen Âge marqua toutefois une éclipse de l’infanterie au bénéfice de la cavalerie. Certes, les armées byzantines et franques conservèrent de nombreux fantassins, mais les Arabes, les Huns et d’autres envahisseurs triomphèrent sans mettre pied à terre, et l’apparition de la féodalité vint consacrer la primauté du combattant monté et pourvu d’ailleurs d’une lourde armure*.

Le fantassin médiéval, qu’il soit coutilier, sergent d’armes, piquier, arbalétrier ou simple goujat, ne fut plus qu’un auxiliaire, quoique l’intervention des milices communales à Bouvines (1214) ou à Courtrai (1302) et l’action des archers anglais à Crécy (1346) et à Azincourt (1415) aient donné la victoire.