Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

industrielle (révolution) (suite)

Paradoxalement, la troisième révolution industrielle aboutit au détournement d’un nombre croissant de travailleurs vers des fonctions non productives. La première et la seconde révolution industrielle se sont développées dans le cadre du mode de production capitaliste, mais le développement des forces productives à l’époque contemporaine remet en question ce cadre lui-même : les barrières de la propriété privée et de l’organisation nationale de la production deviennent des freins au développement économique. L’ensemble de la population est directement concerné par les problèmes d’un développement économique qui bouleverse son cadre de vie quotidien. La prise de conscience des problèmes posés par la pollution industrielle remet en question l’idée naïve d’un développement linéaire du progrès économique. La possibilité de réduire l’horaire de travail à 3 ou 4 heures par jour (techniquement vérifiée) se heurte à l’organisation sociale existante. Jamais la maîtrise du développement des forces productives par l’humanité tout entière n’est apparue aussi nécessaire et aussi difficile.

G. H.

➙ Acier / Bourgeoisie / Capitalisme / Énergie / Fer / Filature / Grande-Bretagne / Industrialisation / Machinisme / Métallurgie / Syndicalisme / Textiles / Tissage.

 P. Mantoux, la Révolution industrielle au xviiie siècle (Soc. nouv. de librairie, 1906 ; rééd. Génin, 1959). / T. S. Ashton, The Industrial Revolution (Oxford, 1935 ; trad. fr. la Révolution industrielle, 1760-1830, Plon, 1955) ; Studies in the Industrial Revolution (Londres, 1960). / J. U. Nef, la Naissance de la civilisation industrielle et le monde contemporain (A. Colin, 1954). / W. W. Rostow, The Stages of Economic Growth, a Non-Communist Manifesto (Cambridge, Mass., 1960 ; trad. fr. les Étapes de la croissance économique, Éd. du Seuil, 1962). / J. A. Lesourd et C. Gérard, Histoire économique, xixe-xxe siècle (A. Colin, 1963 ; 2 vol.). / H. J. Habakkuk et M. M. Postan, The Industrial Revolution and After, t. II de The Cambridge Economic History of Europe (Cambridge, 1965). / E. J. Hobsbawn, Industry and Empire. Economic History of Britain since 1750 (Londres, 1968). / W. O. Henderson, The Industrialization of Europe, 1780-1914 (Londres, 1969 ; trad. fr. la Révolution industrielle, 1780-1914, Flammarion, 1970). / P. Léon, Économies et sociétés préindustrielles, t. II : 1650-1780 (A. Colin, 1970). / R. Marx, la Révolution industrielle en Grande-Bretagne (A. Colin, 1970). / J.-P. Rioux, la Révolution industrielle, 1780-1880 (Éd. du Seuil, 1971).

Les grandes inventions industrielles (1709-1850)

1709-1735

A. Darby, fonte au coke

1733

J. Kay, navette volante

v. 1750

B. Hunstmann, fabrication de l’acier fondu

1752

B. Franklin, nature électrique de l’éclair et paratonnerre

1769

J. Watt, machine à vapeur

R. Arkwright, water frame

1770

J. Hargreaves, spinning jenny

1776

Marquis de Jouffroy d’Abbans, bateau à vapeur

1777

Lavoisier, composition de l’air

1779

S. Crompton, mule jenny

1783-1784

P. Onions, H. Cort, puddlage

1785

E. Cartwright, métier à tisser mécanique

1793

C. Chappe, télégraphe optique

E. Witney, machine à ramasser le coton

1800

A. Volta, pile électrique

1805

J. M. Jacquard, métier à tisser la soie

1807

R. Fulton, bateau à vapeur sur l’Hudson

1814

G. Stephenson, locomotive à vapeur

1819

A. Fresnel, théorie ondulatoire de la lumière

1820

C. Œrsted, aimantation électrique

1821

T. J. Seebeck, thermo-électricité

1825

R. Roberts, métier self acting pour le coton

1827

M. Seguin, chaudière tubulaire

1828

F. Wohler, première synthèse organique (urée)

1829

G. Stephenson, locomotive The Rocket (« la Fusée »)

A. Becquerel, pile

1832

F. Sauvage, hélice

1834

C. H. McCormick, moissonneuse

1835-1843

S. Morse, télégraphe électrique

1839

C. Goodyear, vulcanisation du caoutchouc

1844

F. G. Keller, papier à pulpe de bois

1850

marteau piqueur pour l’abattage du charbon dans les mines

Indy (Vincent d’)

Compositeur français (Paris 1851 - id. 1931).



L’homme

Originaire d’une vieille famille française de souche noble dont les aïeux s’étaient fixés dans le Vivarais à la fin du xvie s., héritier de traditions ancestrales qui associaient harmonieusement les sentiments religieux et patriotiques, le culte de la grandeur et l’amour de la beauté, Vincent d’Indy voit le jour à Paris, où il commence ses études musicales à l’âge de dix ans sous la direction de A. F. Marmontel, de Louis Diémer et d’Albert Lavignac. En 1865, il vient habiter avec sa famille près des Invalides : il y restera jusqu’à sa mort ; voisin de la future femme d’Henri Duparc : Ellen Mac Swiney, il fait connaissance du ménage et déchiffre avec le compositeur les partitions de Wagner et de Bach au cours d’exaltantes soirées. La lecture du Traité d’instrumentation et d’orchestration de Berlioz contribue à lui faire prendre conscience de sa véritable vocation, et quelques voyages, du nord au sud de l’Europe, l’initient aux merveilles de la nature et de l’art. Engagé volontaire dans la guerre de 1870, il est libéré le 11 mars 1871 ; déçu par la défaite, la Commune et l’avènement de la République, il se tourne délibérément vers la musique, mène de front ses études juridiques et musicales, puis, sur le conseil de Duparc, devient l’élève de César Franck (fugue, composition, orgue). Second timbalier et chef des chœurs aux concerts Colonne dès sa sortie du Conservatoire, il effectue de nombreux voyages en Allemagne et en Suisse, rencontre Liszt, Brahms, Wagner ; il assiste au troisième cycle de l’Anneau du Nibelung pour l’inauguration du théâtre de Bayreuth (27-31 août 1876) et y retournera souvent par la suite, ainsi qu’à Munich. C’est probablement en raison de son wagnérisme fervent et averti que Charles Lamoureux lui confie les études chorales de Lohengrin pour la mémorable représentation de l’Éden-Théâtre de Paris, le 3 mai 1887.

Entre-temps, l’Opéra-Comique a créé son premier ouvrage théâtral : Attendez-moi sous l’orme (1882), la Ville de Paris lui a décerné le grand prix de composition musicale pour sa légende dramatique : le Chant de la cloche (1879-1883), et le public comme les milieux musicaux ont favorablement accueilli les œuvres que les concerts leur soumettaient. La première audition parisienne du quatuor à cordes (Société nationale, 4 avr. 1891) consacre à la fois sa maîtrise et sa réputation. Président de la Société nationale de musique en 1890, à la mort de César Franck, membre de la commission de réforme du Conservatoire en 1892 et chargé, comme tel, de la rédaction d’un rapport (Projet d’organisation des études du Conservatoire de musique de Paris), qui sera rejeté faute de crédits, il refuse le poste de professeur de composition qu’on lui offre et n’entrera dans cet établissement qu’en 1912, succédant alors à Paul Dukas, démissionnaire de la classe d’orchestre. Sa carrière de compositeur et de chef d’orchestre le conduit fréquemment à l’étranger, qui honore en lui l’un des représentants les plus éminents de la musique française ; il ne recule devant aucune bataille lorsque la grandeur et là destinée de l’art en sont l’enjeu : c’est ainsi qu’il soutient vigoureusement la candidature de Guy Ropartz au conservatoire de Nancy, malgré la sourde opposition de certains membres de l’Institut. Le 15 octobre 1896, la Schola* cantorum, que Charles Bordes vient de fonder avec l’appui d’Alexandre Guilmant (1837-1911) et le sien, ouvre ses portes rue Stanislas ; quatre ans plus tard, son rayonnement el son ampleur sont devenus tels que cette école doit émigrer vers les vastes locaux de la rue Saint-Jacques, où, le 2 novembre 1900, Vincent d’Indy prononce un discours resté célèbre et plus que jamais actuel, dont les premiers mots proclamaient : « L’art n’est pas un métier. » Dès 1896, il fait un cours de composition auquel il restera fidèle jusqu’à sa mort, mais son activité s’étend aussi à la résurrection des chefs-d’œuvre du passé injustement oubliés, activité qu’il mène de pair avec la composition. Quelques années après le succès de Fervaal au théâtre de la Monnaie de Bruxelles (1897), il entreprend de grandes tournées en Russie et aux États-Unis. En 1905, il dirige l’orchestre symphonique de Boston et fait acclamer, outre sa deuxième symphonie, les œuvres de Claude Debussy, Ernest Chausson, Gabriel Fauré, César Franck, Albéric Magnard et Paul Dukas. La mort de sa femme (29 déc. 1905) l’accable profondément ; contre sa douleur, il ne trouve de refuge que dans la composition et l’enseignement. Pendant près de quinze ans (1906-1922), il partage son activité entre les jurys de différents conservatoires, la direction d’orchestre, la Schola cantorum ; il prépare la reprise d’Hippolyte et Aricie à l’Opéra, monte la messe en « si » mineur de J.-S. Bach et note les premières esquisses (1908) de la Légende de saint Christophe, qu’il achèvera en 1915. La Première Guerre mondiale stimule sa combativité ; son ardent patriotisme lui inspire la Sinfonia brevis (De bello gallico) ; à Paris, où il est stoïquement resté, il rencontre la jeune pianiste Caroline Janson, qui devient son élève avant d’être quelques années plus tard sa seconde femme.