Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

amphibies (opérations) (suite)

Le transport du matériel

Il doit impérativement accompagner celui du personnel. On emploie d’abord des petits chalands de 25 à 50 t de type LCM (Landing Craft Mechanized), qui peuvent débarquer un char ou un camion GMC. Une fois la plage aménagée, c’est au tour des LCT (Landing Craft Tank) d’entrer en action. Le LCT, bâtiment de 290 t, ou sa version française l’E. D. I. C. (Engin de débarquement pour infanterie et chars), transporte neuf ou dix chars légers ou trois blindés de 40 t.


Le transport des chalands de débarquement

Le problème le plus ardu consiste à amener tout ce matériel léger à pied d’œuvre. Pour y parvenir, les Américains ont conçu en 1942 des navires de type très particulier, le LST (Landing Ship Tank) et surtout le LSD (Landing Ship Dock), d’où dérive la version française du T. C. D. (Transport de chaland de débarquement) de type Ouragan (1965). Les T. C. D. sont des bâtiments de haute mer (5 800 t, 150 m) construits autour d’une cale immergeable, ou radier, pouvant communiquer par une porte avec la mer. Ces navires peuvent emporter soit 2 E. D. I. C., soit 18 LCM, chargés de chars, soit 1 500 t de matériel. Arrivés à proximité de la côte, les T. C. D. emplissent leurs ballasts : l’eau monte dans le radier, et il suffit d’ouvrir la porte pour permettre la sortie des LCT ou LCM à la mer. Aujourd’hui, ces bâtiments sont en outre aménagés en porte-hélicoptères, ce qui a donné aux États-Unis le type LPD (Landing Platform Dock), combinaison du LSD et du transport d’assaut. Les LPD, mis en chantier de 1960 à 1968, déplacent de 8 000 à 11 000 t et peuvent embarquer 900 fantassins des Marines, 2 000 t de fret, 6 hélicoptères lourds et 9 LCM. Dans la ligne de ces bâtiments, qui forment l’élément de base des forces amphibies modernes, les Américains ont conçu en 1968 un navire de 40 000 t, dit LHA (Landing Helicopter Assault), qui, aidé de deux LST, peut mettre à terre une force de 1 800 hommes avec tous leurs équipements et leurs moyens de feu.


Véhicules et engins amphibies

Cette famille de matériels relève de deux conceptions différentes. Pour les marins, ce ne sont que des moyens de débarquement doués de certaines possibilités de déplacement à terre. Pour les terriens, au contraire, il s’agit de matériels de combat aptes à franchir des fleuves, des bancs d’eau ou, éventuellement, un bras de mer. De la première conception relèvent certains engins américains, qui ne sont que de petits bateaux munis de grosses roues pneumatiques. Mais l’effort principal s’est porté sur les amphibies de type terrestre.

En 1944-45, les Alliés utilisaient une jeep amphibie et surtout le DUKW (Dual Utility Cargo Waterhome), baptisé Duck (canard) par les soldats, qui n’était autre que le camion GMC de 5 t, autour duquel on avait installé une coque munie d’une hélice et d’un gouvernail. À ces matériels à roues s’ajoutaient les blindés amphibies (tels les Crabes et les Alligators, employés durant la guerre d’Indochine) et le LVT (Landing Vehicle Tracked) de 3 t, engin à chenilles et à aube, armé d’un canon de 76 mm. Depuis la guerre, ces matériels ont été perfectionnés, tels le bateau-camion BARC de 98 t, le char amphibie américain ONTOS, le camion amphibie anglais STALWART (12 t, 6 roues). Certains s’orientent vers l’équipement des blindés pour franchir des gués profonds à l’aide d’un schnorchel et renoncent en fait à l’engin amphibie ; d’autres acceptent que le blindé soit rendu flottable après une adaptation particulière (vessies gonflables, panneaux latéraux), tel le canon automoteur britannique ABBOTT ; d’autres enfin exigent des véhicules qui flottent réellement, tels le « M 113 » américain employé au Viêt-nam, les divers chars légers et transports de troupes à roues ou à chenilles soviétiques ou le véhicule de combat amphibie d’infanterie français de 13 t (1969).

Ces derniers types de blindés sont surtout conçus pour le franchissement des cours d’eau. Ils sont toutefois utilisables à la mer, au voisinage du rivage ou pour une courte traversée. Leur propulsion est parfois assurée par le seul effet des chenilles, au prix d’une faible maniabilité, mais leur sortie d’eau, contre une berge abrupte, peut se révéler difficile. Un amphibie particulier, dit « d’aide au franchissement », spécialement conçu pour aborder, puis aménager de telles berges, servira de soutien à ces matériels.

A. L.

Amphibiens

Classe de Vertébrés munis de quatre pattes à cinq doigts, et qui se situent, dans la phylogénie, entre les Poissons (plus anciens) et les Reptiles (plus récents). Les Amphibiens actuels — 3 300 espèces environ — comprennent trois super-ordres appelés Caudata ou Urodèles (300 espèces), Apoda ou Cécilies (100 espèces) et Salientia ou Anoures. À la fin de l’ère primaire ou paléozoïque ont vécu des formes d’Amphibiens assez différentes des espèces actuelles : les Labyrinthodontes.



Des animaux à « double vie »

Les Amphibiens, longtemps confondus avec les Reptiles, ont été isolés de ces derniers par Alexandre Brongniart (1770-1847) sous l’appellation de Batraciens (du grec batrakhos, Grenouille). Le terme d’Amphibien, dû à Linné, évoque la double vie (larvaire aquatique et adulte terrestre) que mènent la plupart des représentants de cette classe. Entre ces deux modes de vie se situe une transformation assez brutale, appelée métamorphose ; celle-ci permet à l’organisme aquatique qu’est la larve, semblable à bien des égards à un Poisson, de devenir un organisme terrestre, moins bien adapté toutefois à ce nouveau mode de vie que ne le sont les Reptiles, les Oiseaux ou les Mammifères. Cette métamorphose est très importante chez les Anoures, qui perdent à l’état adulte l’appendice caudal qui servait à la natation, et qui passent de l’alimentation microphage et herbivore du têtard à l’alimentation carnassière de l’adulte.


Organes et fonctions


Peau

Comme chez tous les Vertébrés, la peau des Amphibiens comporte un épiderme pluristratifié, recouvrant un derme lâche et bien vascularisé. L’épiderme est souvent réduit à deux couches chez les larves aquatiques ; il s’épaissit lors de la métamorphose, et les couches les plus externes, kératinisées, freinent la déperdition d’eau par évaporation. L’épaississement constant de la zone cornée superficielle et son usure, inégale suivant les régions du corps, provoquent l’apparition de mues au cours desquelles elle est rejetée.