Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

habillement (suite)

La fourrure française a connu un âge d’or au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, mais le développement du prêt-à-porter et une mode conçue à l’intention des jeunes ont réduit le volume de ses affaires. En 10 ans, un tiers des entreprises de confection ou de commerce disparurent de la scène : il en restait 3 250 en 1967, et les effectifs avaient diminué de moitié. Moins rapide que dans le prêt-à-porter, l’industrialisation n’en est pas moins en cours dans la fourrure. Des techniques simplifiées dans l’assemblage (coupe au carré), la mise en œuvre de peaux jusque-là négligées (lapin, chat, weasel, etc.) ont provoqué un abaissement des prix et un élargissement dans l’éventail de la clientèle. Mais le succès récent de la fourrure en prêt-à-porter (3 tailles normalisées) est surtout l’œuvre des stylistes (Michèle Rosier) et de couturiers avant-gardistes (P. Rabanne). Ils ont désacralisé le manteau de fourrure : le vison a inspiré des manteaux sport proches du trench-coat, et le singe a — du moins pour un temps — ressuscité le style habillé des années folles. La fantaisie créatrice des novateurs est sans limite : ils ont imité le tricot en torsadant des bandes de fourrure ou en la tricotant en lanières (P. Rabanne), donné à des peaux de peu de valeur l’apparence de l’ocelot ou de la panthère, joué sur les effets d’opposition entre poils longs et poils ras, recherché un effet de patchwork en assemblant la fourrure en mosaïque, cultivé le goût du cocasse en teignant le lapin en bleu ou en rouge et, comble de l’audace, ils ont même retourné la fourrure pour en imperméabiliser l’envers ou l’imprimer de motifs décoratifs souvent somptueux (Révillon). La fourrure précieuse continue à faire l’objet d’une création renouvelée dans ses formes (Révillon, Chombert, P. Rottenberg, A. Sauzaie, Max Leroy, Kotler, etc.). Les fourrures les plus rares sont toujours le léopard, le chinchilla, la zibeline, la panthère et l’ocelot. Néanmoins, toujours avec le souci de toucher une clientèle plus large, de grands fourreurs ou de grands couturiers ouvrent des boutiques de prêt-à-porter (Révillon, Dior), amorçant ainsi dans la fourrure une évolution parallèle à celle de la haute couture.


La maille

L’apparition des textiles chimiques a bouleversé à tel point la technique de l’habillement qu’elle a valu à la bonneterie un essor spectaculaire. En France, l’industrie de la maille est en tête de l’industrie textile par l’importance des effectifs : 1 000 entreprises occupaient en 1969 plus de 100 000 personnes ; la France se situe, en Europe, au deuxième rang après l’Allemagne. Cette progression est évidente dans tous les pays de la Communauté européenne. On prévoit qu’en 1975 la maille constituera 60 p. 100 des tissus d’habillement en Grande-Bretagne et 40 p. 100 en France.

L’extension des élastomères et du jersey a rendu très fluctuante la frontière qui séparait autrefois de la bonneterie des industries aussi nettement tranchées que la corseterie et la confection. Le prêt-à-porter de luxe, qu’il soit français ou italien, accorde une place de choix à la maille (Courrèges, Ottavio Missoni).

La gaine et le soutien-gorge en mailles de Lycra (aujourd’hui fabriqués par les bonnetiers) sont très éloignés du corset baleiné et du soutien-gorge à armature. La silhouette y a gagné en souplesse et en aisance. Si la lingerie de nuit révèle parfois une certaine nostalgie des frous-frous d’antan, celle de jour, de plus en plus ténue et simplifiée, tend à devenir une seconde peau.

Ce souci de simplification et d’allégement se traduit par une association entre différentes pièces de lingerie : soutien-gorge incorporé à la combinaison, jupon-culotte avec une fine bande de Lycra tenant lieu de gaine ; bas se prolongeant en slip (collant) ou collant intégral se terminant en soutien-gorge. La finesse, l’élasticité et la solidité des élastomères ont, seules, permis la création de cette panoplie de nouveautés. La qualité de ces articles leur assurant une durée prolongée, les fabricants ont suscité de nouvelles motivations de ventes par des changements de style. Un bureau de style et de promotion a été ainsi créé dans le cadre de la Fédération de l’industrie de la bonneterie. Les couturiers Pierre Balmain, Pierre Cardin, Ted Lapidus se sont intéressés à ce domaine. Il n’est pas jusqu’aux sous-vêtements masculins qui ne soient marqués par le style.

Collants, slips et soutiens-gorge, dont l’élasticité nouvelle permet d’éviter au stade de la fabrication l’opération du formage, sont de plus en plus conditionnés « en vrac », sous le volume d’un paquet de cigarettes, et distribués suivant des réseaux inhabituels (coiffeurs, parfumerie, etc.).

Vocabulaire de la maille

bermuda, culotte à jambes longues et collantes s’arrêtant aux genoux.

collant, sous-vêtement en voile ou en mousse élastique associant le slip et les bas en une seule pièce.

combiné, sous-vêtement constitué d’abord par la réunion de la gaine et du soutien-gorge en une seule pièce et qui se prolonge aujourd’hui par l’adjonction du collant.

coordonnées, pièces de lingerie diverses assorties entre elles.

coupé-cousu, pièce de jersey produite à plat par le métier, sans aucune modification de mailles, et que l’on travaille comme un tissu à trame et à chaîne.

débardeur, vêtement à mailles ou de tissu, largement échancré aux emmanchures et à l’encolure, inspiré de celui que portent en général les débardeurs.

denier, unité servant à estimer la finesse des fibres textiles (soie, textiles chimiques) et qui correspond au poids, évalué en grammes, de 9 000 m de la fibre.

déshabillé, vêtement d’intérieur léger et élégant.

fully-fashioned, se dit des pièces tricotées à plat sur le métier et comportant déjà les diminutions nécessaires à leur assemblage par remmaillage.

indémaillable, se dit d’un tissu à mailles dont la contexture est telle qu’une maille cassée n’entraîne pas le coulage des autres.

interlock, tissu à mailles exécuté sur métier circulaire et qui ne comporte pas d’envers.

panty, gaine à jambes.

tee-shirt ou T-shirt, chandail droit, à manches courtes, à encolure ras-du-cou et affectant, posé à plat, la forme d’un T.

S. L.

➙ Costume / Mode / Textiles.