Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Gujerat (suite)

Un État industriel

Malgré ses dimensions réduites, le Gujerat est le troisième État industriel de l’Inde. Il doit cette place d’abord à ses liens avec Bombay et ensuite, seulement, à des conditions naturelles favorables.

En effet, lors du « boom » du coton dans les années 1860, c’est à l’initiative de Bombay que furent implantées la culture de cette fibre sur les sols noirs profonds de la plaine et les usines de traitement de Ahmadābād. D’autre part, beaucoup de Gujarātīs entreprenants (parsis notamment) émigrèrent à Bombay. Depuis la partition de 1960, leur situation est difficile dans la grande métropole, et ils tendent à revenir en terre natale, en y réinvestissant leurs capitaux, souvent très importants.

La présence de grandes étendues de terres noires à coton (« régur »), puis de gisements de sel et de pétrole n’a joué qu’un rôle secondaire.


Les péninsules et les « ranns »

L’ouest de l’État est constitué de deux péninsules formées de laves, partiellement recouvertes de grès et de calcaires secondaires et tertiaires, mal rattachées au continent par de grandes surfaces marécageuses, les « ranns ». Au nord, le grand Rann de Kutch est un énorme marais de plus de 250 km de long sur 100 de large, au nord duquel passe la frontière avec le Pākistān. Il s’agit d’un véritable désert, surface boueuse et salée en saison sèche, vaste étendue d’eau peu profonde pendant la mousson. La péninsule de Kutch, plateau bas de laves et de grès, ne dépasse guère 300 m d’altitude. Le petit Rann de Kutch sépare le grand Rann du Kāthiāwār. Dans la péninsule de Kāthiāwār, les laves dominent nettement. Le pays a été assez fortement soulevé par des mouvements récents, si bien que la dissection par l’érosion a individualisé des chaînons parallèles au relief assez heurté, qui atteignent plus de 600 m. Le contact entre le Kāthiāwār et la plaine est progressif. Cependant, la profonde échancrure du golfe de Cambay sépare assez nettement le Kāthiāwār du continent.

L’ensemble porte des sols minces et de faible valeur. De plus, le climat est sec. Les pluies tombent pendant les trois ou quatre mois du maximum de la mousson (mi-juin à la fin de septembre), et les quantités totales sont inférieures à 400 mm, voire à 300 mm dans le Kutch. À ces conditions défavorables, il faut ajouter le fait que les États princiers ont favorisé le long maintien d’une assez grande propriété et de systèmes de tenure très injustes, qui commencent seulement à disparaître par l’effet d’une nouvelle législation agraire.

Aussi, l’agriculture est-elle peu productive. Elle est fondée sur l’association de millets (jowar et bajra) et des arachides. Seules les régions basses ont quelques cultures de coton et de blé (en hiver, grâce à l’irrigation par puits). Les villes sont installées sur la périphérie. Quelques-unes ont des industries, fondées notamment sur le sel (usines de soude à Mithapur, propriété du groupe parsi Tata) et le calcaire (cimenterie à Jāmnagar). Au fond du Rann de Kutch, le gouvernement de l’Inde crée le port de Kandla, destiné à ravitailler la région de Delhi et à diminuer l’encombrement de Bombay.


La bordure montagneuse de l’Est

Les derniers reliefs des monts Arāvalli et des Ghāts occidentaux sont assez artificiellement rattachés au Gujerat. Milieu humide et boisé, ils ont servi de refuge à des populations « tribales », qui pratiquent une culture à longue jachère peu productive. Les groupes principaux sont les Bhils et les Dangs.


La plaine centrale

Il s’agit de la région la plus vivante et la plus peuplée du Gujerat. Certes, les districts du Nord, encore secs (pluies inférieures à 600 mm), ont une agriculture de transition (millets, arachides, mais aussi une part non négligeable de coton). C’est au sud-est de la Sabarmati et de l’isohyète 800 mm que commence la puissante économie agro-industrielle qui fait la force du Gujerat.

Les pluies abondantes, la profondeur des sols noirs, la proximité de Bombay, la position de carrefour (grâce aux passages vers l’est offerts par les vallées de la Narbadā et de la Tāpti) ont été de puissants stimulants à l’activité économique.

L’agriculture, pratiquée par de petits propriétaires appartenant à des castes paysannes dotées d’esprit d’entreprise, est fondée sur une rotation millets-coton. Quelques secteurs spécialisés notamment dans les cultures du tabac (région de Kaira), des bananes (région de Sūrat) viennent apporter des ressources supplémentaires.

Mais la région s’individualise surtout par l’importance de l’industrie. Le rôle d’entraînement a été joué par le textile, fondé sur une longue tradition artisanale (Sūrat), complétée par les investissements en provenance de Bombay. Les grandes usines sont concentrées à Ahmadābād, tandis que les autres villes ont gardé davantage de petits ateliers (Sūrat, Baroda, Broach notamment). D’autres industries sont apparues comme des auxiliaires du textile (industrie mécanique et chimique) et ont été renforcées récemment par des investissements du gouvernement central (raffinerie de pétrole de Baroda, près d’un gisement important à Ankleshwar). La plaine est donc assez fortement urbanisée. Ahmadābād, avec 1,7 million d’habitants, est la cinquième ville de l’Inde.

F. D.-D.

➙ Inde.

Günther (Ignaz)

Sculpteur allemand (Altmannstein, Haut-Palatinat, 1725 - Munich 1775).


Avec Joseph Anton Feuchtmayer (1696-1770), Franz Ignaz Günther est assurément le grand maître de la sculpture rococo de l’Allemagne du Sud. Fils d’un menuisier qui fut son premier professeur et lui inculqua le goût de la sculpture sur bois, il entre dès 1743 dans l’atelier du sculpteur de la cour bavaroise Johann Baptist Straub (1704-1784), à Munich. En 1750, il entreprend un tour de compagnon qui le met en contact avec Paul Egell (1691-1752) à Mannheim, où il s’initie à la grande sculpture baroque berninienne ; il remporte un prix à l’académie de Vienne et se montre là sensible à l’art élégant et fluide de Georg Raphael Donner (1693-1741), dont on trouve l’écho dans son œuvre. Sa carrière se déroule en Bavière, autour de Munich, où il se marie en 1757 et s’établit.