Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

genre (peinture de) (suite)

Après la révolution de 1848, l’esthétique du réalisme* impose un art nouveau, à contenu « engagé » : Courbet*, Daumier* et Millet* s’emparent des grands thèmes sociaux, mais si leurs approches objectives de la réalité les conduisent à réhabiliter les thèmes les plus modestes de la vie quotidienne, ils échappent totalement aux cadres étroits d’une peinture destinée à amuser et à plaire. À la charnière des deux siècles, Toulouse-Lautrec* donne à la peinture de genre un sens pathétique et humain jamais atteint. Au même moment, des petits maîtres citadins comme Jules Chéret (1836-1932) ou Jean Béraud (1849-1935) demeurent anecdotiques et mondains. Ainsi s’affirme jusqu’à nos jours la double vocation de la peinture de genre : nous divertir par la seule recherche du pittoresque populaire ou nous interroger sur le sens de la réalité vivante par une analyse en profondeur.

P. H. P.

 W. Bernt, Die Niederländische Maler des 17. Jahrhunderts (Munich, 1948 ; 3 vol. ; 3e éd., 1960-1962 ; 4 vol.). / G. Briganti, I Bamboccianti pittori nella vita popolare del Seicento a Roma (Rome, 1950). / F. C. Legrand, les Peintres flamands de genre au xviie siècle (Meddens, Bruxelles, 1963).
CATALOGUES D’EXPOSITION. Les Peintres de la réalité en France au xviie siècle (Paris, 1934). / Pictures of Everyday, Life, Genre, Paintings in Europe 1500-1900 (Pittsburgh, 1954).

Gentianales

Ordre de plantes herbacées, d’affinités incertaines, que les uns rapprochent des Apocynales, les autres des Linacées ou même des Caryophyllacées. Il comprend deux familles : les Gentianacées et les Ményanthacées.



Gentianacées

Cette famille, qui comprend environ 800 espèces et 70 genres cosmopolites, est représentée en France par cinq genres et une quarantaine d’espèces, dont plus de la moitié sont des Gentianes. Ce sont ordinairement des plantes herbacées à feuilles simples opposées et sessiles (sans pétiole). Les fleurs, souvent solitaires ou en cyme, sont d’un bleu profond ou jaunes ; elles sont construites sur le type 5, parfois 4 ; le calice gamosépale est à 5 dents, et la corolle gamopétale possède un tube plus ou moins long à l’intérieur duquel sont soudées les étamines. L’ovaire est à deux carpelles, et le fruit est une capsule septicide à deux valves, c’est-à-dire que les fentes de déhiscence se placent au milieu des cloisons.

Les Gentianes forment le genre de beaucoup le plus important puisqu’il comprend plus de 600 espèces, vivant habituellement dans les régions froides de l’hémisphère Nord (Europe, Asie Mineure, Caucase, Sibérie, Turkestan, Tibet, Himālaya, Chine, Amérique du Nord, etc.).

On distingue deux groupes chez les Gentianes, l’un à fleurs jaunes ou purpurines : ce sont des plantes dressées et à grand développement ; l’autre à fleurs bleues ou violettes, ordinairement de taille plus réduite, souvent même ayant un port rampant.

Parmi les espèces du premier groupe, on peut en particulier citer la grande Gentiane jaune (Gentiana lutea), qui est une plante vivace à tige dressée, cylindrique, simple, de plus de un mètre de haut, glabre. Les feuilles de la base sont opposées, amples, rétrécies en pétiole ; les feuilles de la tige, sessiles, embrassantes, ovales, pointues à leur extrémité. Les fleurs (2-3 cm de long) ont 5 ou 6 lobes étroits, étalés, jaunes, plus ou moins maculés ; elles sont très peu pédonculées, et groupées en verticilles denses à l’aisselle des feuilles supérieures de la tige. Cette plante, qui vit ordinairement dans les pâturages subalpins sur sols calcaires, se trouve parfois sur les sols siliceux, et on la rencontre en Champagne et dans le nord de la Bourgogne. Ses racines font l’objet d’une importante récolte dans les Alpes et le Massif central, car elles sont utilisées pour faire une eau-de-vie réputée ; elles servent également dans la fabrication de diverses liqueurs et apéritifs. C’est vers le début de l’automne que se fait la récolte de ces grosses racines, qui ont une odeur forte et qui sont très amères. Cette plante, connue des Grecs et des Romains, était largement employée dans la pharmacopée du Moyen Âge comme stimulante, tonique et fébrifuge ; avant la découverte de la quinine, c’était le seul remède qui guérissait la fièvre quarte (paludisme). Elle contient divers glucosides et des sucres (saccharose, gentianose). À côté de cette espèce se place la Gentiane ponctuée, à fleurs jaunâtres tachetées de brun et souvent rougeâtres à l’extérieur, fréquente dans les Alpes au-dessus de 1 500 m ; dans ce groupe, en France, il faut citer également la Gentiane pourpre et celle de Burser, légèrement plus petite que la ponctuée.

Dans le groupe des Gentianes à fleurs bleues, on trouve des espèces vivaces ou annuelles, dressées ou rampantes. Ces dernières, malgré leur faible taille (quelques centimètres de haut), peuvent posséder de très grosses fleurs ; c’est le cas de Gentiana clusii, qui n’a pas plus de 4 à 8 cm de haut, et qui possède des fleurs de 4 à 5 cm ; il en est de même pour G. kochiana, G. alpina. Enfin, il faut citer les Gentianes à corolles frangées, qui sont soit annuelles, soit vivaces : G. tenella, G. campestris et G. ciliata ; les Gentianes à petites fleurs (G. verna...) ; celles à fleurs bleues et à tiges fortes : G. asclepiadea, G. cruciata (dont la fleur est à quatre lobes), G. pneumonanthe...

À côté de ce grand genre se placent : Erythraea, ou « petite Centaurée », à fleurs le plus souvent roses, parfois jaunes, dont une douzaine d’espèces vivent en France ; le genre Blackstonia (autrefois dénommé Chlora), dont la tige semble traverser les feuilles et dont les quatre espèces françaises vivent dans des milieux sablonneux ; Swertzia, dont une espèce, S. perennis, vit dans les marais et les prés tourbeux des hautes montagnes de France et d’Europe ; enfin, le Crawfortia d’Asie tropicale, qui est une liane herbacée.


Ményanthacées

La famille des Ményanthacées est souvent considérée comme une sous-famille des Gentianacées ; elle comprend cinq genres et une quarantaine d’espèces vivant dans des stations très humides. Les plantes de cette famille ont leurs feuilles alternes, ce qui les oppose aux vraies Gentianes ; en France, deux espèces sont signalées — le Menyanthes, ou Trèfle d’eau, et le Limnanthemum, rappelant les Nénuphars —, qui vivent toutes deux dans les marais de presque toute la France, sauf dans la région méditerranéenne.

J.-M. T. et F. T.