Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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François Ier (suite)

Car François Ier, sous des dehors débonnaires, ne tolère aucune incartade et il compte parmi les rois de France les plus imbus de leur autorité. Il tient bien en main ses conseillers et il n’hésite pas à les briser quand ils ont perdu sa confiance ; ainsi le surintendant Semblançay (1457-1527), qui y laissera la vie. Le Conseil royal se divisera en sections spécialisées, et les secrétaires d’État seront créés la dernière année du règne. Dans les provinces, plusieurs ordonnances étendent le domaine de la justice royale ; l’une des plus célèbres, celle de Villers-Cotterêts (1539), impose l’unité de langue aux différentes juridictions des provinces et consacre la suprématie du français sur le latin et les dialectes dans les actes officiels.

Les mouvements populaires eux aussi sont impitoyablement réprimés, car, de même que l’accaparement des terres par les classes enrichies crée un prolétariat agricole, la concentration de l’industrie favorise chez les ouvriers mécaniques, en particulier des industries nouvelles — par exemple l’imprimerie —, la création de véritables ligues pour la défense de leurs intérêts. Aussi, dans l’ordonnance de Villers-Cotterêts, des dispositions renforcent-elles la législation traditionnelle contre les coalitions ouvrières ou patronales.

Pour la monarchie française, le véritable danger n’est pas là : il est dans une politique fiscale déplorable. La richesse mobilière de la bourgeoisie échappe presque entièrement au fisc royal, et, pour l’atteindre, le pouvoir a recours à deux moyens : les émissions de rentes d’abord, mais surtout la vénalité des charges administratives. En effet, si la bourgeoisie achète la propriété nobiliaire et devient noble à son tour, elle pousse aussi ses fils vers l’achat des offices, bénéficiant à la fois du développement de la bureaucratie de l’État et du désir de la monarchie de récupérer à son profit, et par ce biais, une partie de ses richesses. Mais ces offices peuvent être vendus, et c’est là le danger, leur vénalité en faisant une valeur négociable sur le marché et qui enrichit leurs possesseurs. Les charges rapportent en effet 10 à 20 p. 100 du capital engagé, plus des privilèges honorifiques ou autres, souvent l’anoblissement et parfois même l’exemption d’impôts.

Alors se constitue une noblesse de robe qui va remplacer les privilèges de l’ancienne noblesse d’épée par les siens ; imprudemment, la monarchie se dessaisit du droit de justice, si péniblement repris à la noblesse ; le règne de la robe et les troubles sanglants de la Fronde se préparent.

L’autre facteur menaçant pour la France est le schisme religieux. Car, après la mort de François Ier, les champs de batailles vont se transporter d’Italie en France. Les guerres de Religion, jointes à une démographie élevée et disproportionnée avec les subsistances, vont bientôt compromettre l’heureux équilibre qui caractérise le règne de François Ier.

À la fin de ce règne, en effet, la France apparaît comme un État déjà en partie moderne, centralisé, riche et puissant. Les frontières, par les guerres et une habile diplomatie, ont été sauvegardées. À l’intérieur, la noblesse ne trouble plus la paix, et la bourgeoisie collabore avec le roi et, avec son aide, maintient les classes populaires dans l’obéissance. De plus, le roi, lié à la papauté, est décidé à user de tous ses pouvoirs pour empêcher la Réforme de remettre en question cette unité.

P. R.

➙ Charles Quint / Chambord / Fontainebleau / France / Italie (guerres d’) / Renaissance / Valois.

 Catalogue des actes de François Ier (Picard, 1887-1908 ; 10 vol.). / J. Ursu, la Politique orientale de François Ier (Champion, 1908). / H. Hauser et A. Renaudet, les Débuts de l’Âge moderne (P. U. F., 1929 ; 4e éd., 1956). / C. Terrasse, François Ier (Grasset, 1943-1970 ; 3 vol.). / G. Zeller, les Institutions de la France au xvie siècle (P. U. F., 1948). / J. Giono, le Désastre de Pavie, 24 février 1525 (Gallimard, 1963). / F. Mauro, le xvie Siècle européen, aspects économiques (P. U. F., coll. « Nouvelle Clio », 1966). / M. Andrieux et coll., François Ier (Hachette, 1967).

François-Joseph Ier

(Château de Schönbrunn 1830 - Vienne 1916), empereur d’Autriche de 1848 à 1916 et roi de Hongrie de 1867 à 1916.


François-Joseph n’est pas de ceux qui suscitent aisément l’enthousiasme populaire. Il était certes doué d’un physique agréable et il fut, dans sa jeunesse, un séduisant cavalier. Il ne brilla pourtant ni par ses qualités intellectuelles ni par ses dons ou sa curiosité artistiques.

La grandeur du personnage est ailleurs : ce fut un homme de devoir, qui se considérait comme le premier serviteur de l’État et de la dynastie. Dans l’adversité, il sut montrer un courage digne d’un stoïcien. Or, sa vie privée fut une succession de tragédies : en 1867, son frère cadet, l’archiduc Maximilien, qui s’était embarqué dans l’aventure mexicaine, est fusillé par les partisans de Benito Juárez García à Querétaro ; en 1889, son fils unique, l’archiduc Rodolphe, se donnait la mort à Mayerling, dans des conditions encore mal élucidées ; en 1898, son épouse, l’impératrice Elisabeth, était assassinée par un anarchiste, à Genève ; enfin, le 28 juin 1914, son neveu, l’archiduc héritier François-Ferdinand, tombait sous les balles d’un nationaliste serbe à Sarajevo.

L’empereur François-Joseph avait adopté un style de vie austère. Levé tôt, à 4 h du matin, il donnait sa première audience à 5 h 30 et consacrait une bonne partie de sa journée à lire et annoter des rapports. Comme Joseph II, il couchait toujours sur un lit de camp, même au milieu des fastes de Schönbrunn, dont il fit sa résidence de prédilection vers la fin de sa vie. Il était généralement vêtu d’un uniforme très simple et il eut trop souvent le comportement d’un officier de troupe. Sa ponctualité, son application lui tenaient lieu de génie.