Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

Faraday (Michael)

Physicien et chimiste anglais (Newington, Surrey, 1791 - Hampton Court 1867).



Sa vie

Son père, James Faraday, est un ouvrier forgeron, et sa mère la fille d’un fermier du nord de l’Angleterre ; Michael est le troisième de leurs quatre enfants. Le père meurt prématurément. Après quelques années à l’école de son village, Michael s’engage, à l’âge de quatorze ans, comme garçon de course chez un libraire-papetier de Londres ; puis il commence son apprentissage de relieur. C’est pour lui l’occasion d’avoir entre les mains toutes sortes de livres, qu’il lit avec avidité. Son goût pour la chimie est éveillé par un petit traité populaire rédigé par la femme d’un médecin. Il vérifie par des expériences personnelles les assertions du livre de celle qu’il appelle sa « première institutrice ».

Un membre de la Royal Institution, client de son patron, s’intéresse à lui et le conduit, au début de 1812, au cours professé par Humphry Davy*. Faraday se passionne pour ces conférences ; il rédige des notes qu’il envoie à l’illustre chimiste, en sollicitant son avis et son aide. En octobre 1812, Davy lui procure un emploi à la Royal Institution et, en mars 1813, lui offre là un poste d’assistant scientifique ; Faraday va lui servir à la fois de secrétaire et de valet de chambre. Il s’installe donc dans les combles du bâtiment d’Albemarle Street.

Davy, admis, par faveur spéciale de l’Empereur, à parcourir la France et l’Italie, l’emmène avec lui ; au cours de ce voyage, qui se situe de 1813 à 1815, Faraday rencontre de nombreux savants, notamment Ampère* et Gaspard De La Rive (1770-1834), auxquels va le lier une amitié durable.

En 1821, il devient superintendant à la Royal Institution, et il épouse Sarah Barnard, fille d’un orfèvre londonien. Les travaux qu’il ne cesse de publier à partir de 1816 le font connaître. En 1825, il prend la direction du laboratoire ; en 1833, il est professeur de chimie. Il est entré à la Société royale de Londres en 1824, et, en 1844, l’Académie des sciences de Paris l’accueille comme successeur de Dalton* parmi ses huit associés étrangers.

Son activité à la Royal Institution est marquée par deux créations : en 1826, il inaugure les réunions du soir, qui vont prendre une grande ampleur, avec la présence des principales sommités de la science ; il organise aussi des cours scientifiques pour enfants, auxquels il participe très largement.


Son œuvre

Ses premières recherches, d’ordre chimique, sans doute sous l’influence de Davy, lui font découvrir le benzène dans les goudrons de houille. Par compression et refroidissement, dans un appareil simple et ingénieux, il réalise en 1823 la première liquéfaction de la plupart des gaz connus à son époque.

Il s’oriente alors vers la physique. Dès 1821, à la suite de la découverte d’Œrsted*, il entreprend des recherches d’électromagnétisme et constate l’action exercée par l’aimant sur un courant électrique, complétant ainsi les théories élaborées par Ampère. Par ce moyen il réussit à faire tourner un circuit sous l’action d’aimants permanents, donnant le principe du moteur électrique. En 1831, il effectue sa découverte la plus marquante, celle de l’induction électromagnétique, qui produit la transformation de travail mécanique en énergie électrique et va permettre la construction des dynamos. En 1833, il établit la théorie de l’électrolyse, introduit le nom même du phénomène, ainsi que les termes d’électrode et d’ion ; il donne de celle-ci les lois qualitatives et quantitatives, qui ont conservé son nom. Puis il se tourne vers l’électrostatique et vérifie en 1843, grâce à son cylindre lié à un électroscope, le principe de conservation de l’électricité. Il construit la théorie de l’électrisation par influence, montre qu’un conducteur creux (cage de Faraday) forme écran pour les actions électriques. En 1846, il découvre que l’énergie électrostatique est localisée dans les diélectriques, idée essentielle qui prépare la théorie électromagnétique de la lumière de Maxwell* et peut seule éclairer les rapports entre l’électricité et les ondes hertziennes ; cette découverte lui permet de définir le pouvoir inducteur spécifique.

On peut encore noter que Faraday signale en 1838 le phénomène d’électroluminescence, qu’il découvre en 1845 le diamagnétisme et que ses dernières recherches sont relatives à l’action d’un champ magnétique sur la lumière polarisée.

Tous ces travaux, il les effectue à peu près seul ; il n’a près de lui qu’un ancien artilleur, le sergent Anderson, qu’il a formé lui-même et qui reste à son service près de quarante ans. Il tient d’ailleurs pour inutile et nuisible tout ce qui l’écarte de son travail ; il refuse toutes les charges et dignités qu’on lui offre sans cesse, notamment la présidence de la Société royale et le titre de baronet.

Aux approches de sa soixante-dixième année, il sent décliner ses forces physiques et ses facultés mentales, et, en 1858, il va terminer sa vie dans une maison de Hampton Court, mise à sa disposition par la reine Victoria et le prince consort.

R. T.

 L. P. Williams, Michael Faraday. A Biography (Londres, 1965). / G. Hirtz, Faraday (Gauthier-Villars, 1969).

Farazdaq (al-)

Poète arabe (Yamāma, Arabie orientale, v. 640 - Bassora entre 728 et 732).


Lors de la conquête de l’Iraq, le groupe puissant des Tamīn d’Arabie orientale se scinde ; tandis qu’une partie reste dans son habitat originel en Yamāma, d’autres contingents considérables s’installent à Bassora. Issu de la fraction des Mudjāchi‘, al-Farazdaq « la Miche » (Tammān ibn Rhālib) partage le sort de ceux-ci et demeure en Yamāma durant toute son enfance, ne séjournant à Bassora qu’épisodiquement. Sa vie durant, il reste donc un « poète de tribu » servant les intérêts de son groupe au gré de la conjoncture politique, en jouant à la fois de ses dons personnels et de l’influence de son clan. Sa formation est typiquement celle d’un poète bédouin servi par une puissante mémoire et une précocité verbale imposant respect ou crainte. Vers 656, il paraît suivre le courant dominant à Bassora et il rallie la cause d’‘Alī, cousin et gendre du prophète Mahomet. La défaite de ce mouvement et l’avènement des Omeyyades ouvrent les yeux au jeune poète, dont la carrière va tout entière se dérouler dans le sillage de la nouvelle dynastie, mais, par prudence, al-Farazdaq demeure parmi les attentistes à Bassora. Politique dangereuse, qui lui vaut l’hostilité du gouverneur d’Iraq Ziyād. En 669, al-Farazdaq doit s’enfuir à Médine et, durant six ans, en dépit de sa vie licencieuse, il reste sous la protection des gouverneurs de cette ville. La mort de Ziyād, l’accession au califat de la branche omeyyade des Marwānides ouvrent une ère nouvelle au poète. Pour celui-ci, c’est la consécration officielle, la protection des hommes en place et des califes, avec tout ce que cette situation exige de souplesse, d’opportunisme et de palinodies. À ce jeu complexe et redoutable, al-Farazdaq s’épuise, connaît des disgrâces, des emprisonnements, des remontées jamais définitives. Dans cette carrière, les luttes contre les rivaux ont tenu une place débordante. Les démêlés d’al-Farazdaq avec son contribule Djārir († v. 728) et d’autres sont devenus très tôt un thème narratif chez les lettrés. Ces luttes sont engendrées non seulement par l’opposition des tempéraments, mais aussi par les conflits religieux et l’antagonisme généalogique des Arabes « yéménites » et des Muḍarites, ou groupes du Nord. Aussi bien al-Farazdaq que ses adversaires semblent avoir éprouvé une joie satanique à entretenir des haines inexpiables.