Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

États-Unis (suite)

Ainsi engagée, l’Amérique devait se montrer totalement hostile à l’art moderne. F. L. Wright* (1869-1959) est presque totalement négligé, obligé même de s’expatrier pendant quelques années. Les constructions de ses deux élèves, Rudolph Schindler (1887-1953) et Richard Neutra* (1892-1970), n’atteignent qu’une minorité. La Lovell Health House de Los Angeles (1927-1929), de Neutra, ou la « Maison sur la cascade », de Wright (1936), apparaissent pourtant comme aussi importantes que la villa Savoye de Le Corbusier ou le pavillon allemand de Barcelone, par Mies van der Rohe.

C’est seulement à partir des années 40 que l’architecture américaine ressuscite. L’influx nouveau devait principalement venir des exilés politiques allemands : Ludwig Mies* van der Rohe, Walter Gropius*, Marcel Breuer*, Herbert Bayer (né en 1900), tous anciens du Bauhaus* de Dessau. Enseignant dans les universités, ils parviennent à une grande notoriété dès la fin de la Seconde Guerre mondiale. La venue de Le Corbusier*, qui donne en 1946 les premières esquisses pour le siège de l’O. N. U. à New York, marque le début d’une nouvelle ère de rayonnement pour l’architecture américaine. Avec les immeubles de Lake Shore Drive à Chicago (1951), puis l’illustre Seagram Building de New York (1956-1958), Mies van der Rohe conduira cet art à son apogée. Près de lui, Philip Johnson (né en 1906) ou Gordon Bunshaft (né en 1909) acquerront également une réputation importante.

Parvenue à la tête du mouvement international, l’architecture américaine ne tardera pas à se transformer, s’éloignant de l’esthétique puriste des gratte-ciel de Mies van der Rohe. D’abord sous l’influence de ce dernier, Eero Saarinen* s’en affranchira totalement ; soupçonné quelquefois d’éclectisme, il reste pourtant l’un des grands pionniers de l’architecture actuelle, à laquelle il a apporté la préoccupation du renouvellement aussi bien dans les méthodes de construction que dans la vision des rapports de l’architecture avec son contexte.

Parallèlement, Louis I. Kahn* apparaît, à la fin de sa vie, comme la figure dominante de l’architecture américaine : en opposition avec l’idéal de transparence qui a été celui de la grande architecture de verre dans les années 50, il a imposé des formes closes, d’une géométrie sévère, faisant appel plus volontiers au béton et à la brique qu’au verre ou à l’acier, et dans lesquelles l’interpénétration des espaces, le jeu fluide de la lumière sont amenés à leur perfection.

Cependant, conduit dans l’impasse par les dernières œuvres de Gropius ou de Mies, le style officiel américain s’essaie à maintenir et à ranimer cette tradition classique. Un Philip Johnson ou un Paul Rudolph (né en 1918) n’ont pour toute ressource que l’académisme élégant et stylé, tandis que Gordon Bunshaft (et avec lui toute la construction commerciale américaine) sombre dans le monumentalisme. On a pu voir dans cette paralysie du génie américain de l’architecture l’expression même de la crise politique d’un pays dont l’hégémonie serait aujourd’hui menacée.

F. L.

➙ Indiens d’Amérique du Nord.

 V. Barker, American Painting. History and Interpretation (New York, 1950). / H. R. Hitchcock (sous la dir. de), Built in USA, Post-War Architecture (New York, 1952). / F. Gutheim, 1857-1957, One Hundred Years of Architecture in America (New York, 1957). / W. Andrews, Architecture in America (Londres, 1960). / J. E. Burchard et A. Bush-Brown, The Architecture of America (Boston, 1961). / D. Ashton, The Unknown Shore : a View of Contemporary Art (Boston, 1962) ; Modern American Sculpture (New York, 1969) ; la Peinture moderne aux États-Unis (A. Michel, 1970). / L. R. Lippard, Pop-Art (Londres, 1966 ; trad, fr., Hazan, 1969). / B. Rose, American Art since 1900, a Critical History (New York, 1967 ; trad. fr. l’Art américain depuis 1900, Éd. de la Connaissance, Bruxelles, 1969). / R. McLanatham, The American Tradition in the Arts (New York, 1968). / C. Fohlen, Nous partons pour l’Amérique du Nord (P. U. F., 1969). / J. D. Prown et B. Rose, la Peinture américaine, de la période coloniale à nos jours (trad. de l’américain, Skira, Genève, 1969).

Éthiopie

État d’Afrique, sur la mer Rouge. Capit. Addis-Abeba.



Le milieu physique

Vaste pays (1 221 900 km2) au relief élevé (Semièn ou Ras Dachan : 4 620 m), l’Éthiopie sépare la vallée du Nil soudanais du fossé de la mer Rouge et isole la Somalie de l’Afrique arabe. Des dénivellations de plus de 2 000 m séparent le sommet des plateaux (ambas) des vallées profondes qui incisent le massif éthiopien. La dépression Danakil, au nord-est, étend ses lacs saumâtres de – 40 à – 166 m.

L’explication de ces contrastes orographiques tient en grande partie dans l’histoire géologique. Les roches précambriennes et secondaires du substrat n’affleurent qu’à la périphérie du plateau (Érythrée, Harar, Sidamo) ; ailleurs, elles sont recouvertes d’épais dépôts de basaltes (Trapp Series) parsemés de cônes volcaniques anciens (Semièn, Dendi, Kollo) ou récents (Erta Ale, Dubbi). Ces épanchements seraient liés à la formation des grandes fosses tectoniques (oligo-miocènes) après le soulèvement de l’ensemble du socle ancien arabo-éthiopien (Éocène supérieur). L’une de celles-ci traverse d’ailleurs le pays dans sa partie méridionale, du lac Stéphanie au golfe de Tadjoura (fossé de l’Aouach [ou Awash]) ; à cet endroit, elle se divise en deux branches, dont l’une correspond à la mer Rouge, l’autre au golfe d’Aden.

Les pluies sont abondantes sur le massif central et dans le sud-ouest (Iloubabor, Kaffa), où leur total annuel peut dépasser 2 m. Au contraire, elles sont irrégulières et peu abondantes dans l’Ogaden (extrême est) et la partie érythréenne (Massaoua : 188 mm). L’importance des pluies et le relief élevé ont fait du massif central éthiopien un véritable château d’eau. Le réseau hydrographique comprend : les bassins du Nil bleu, ou Abbaï, du Sobat et du Takazzé, affluent de l’Atbara à l’ouest ; le bassin de l’Aouach au nord-est (ce dernier coule au fond d’une Rift Valley et se jette dans le lac Aba, ou Abbé, à la limite occidentale du Territoire français des Afars et des Issas) ; enfin, le bassin de l’Omo, tributaire du lac Rodolphe, et les cours supérieurs du Djouba et de l’Ouebi Chébéli au sud.

J. W.