Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

esclavage (suite)

Si l’esclave est de plus en plus souvent « casé » sur une terre, ce qui fait de lui un homme lié à la terre et non plus un objet de commerce, le recrutement traditionnel se poursuit grâce à des sources plus lointaines : on importe des Angles ou des Slaves, du nom desquels esclave est dérivé. Verdun est, jusqu’au xe s., l’entrepôt des Slaves destinés à l’Espagne. L’esclavage médiéval se confine essentiellement aux abords de la Méditerranée : domestiques urbains et artisans de Provence, de Roussillon, de Catalogne, captives blanches et eunuques du califat de Cordoue. Comme pour alléger leur conscience, les chrétiens ont des esclaves musulmans et les musulmans s’asservissent des infidèles. Et cette combinaison se poursuit — sur une échelle très réduite en comparaison de l’esclavage antique — jusqu’à une époque très tardive, puisqu’on trouve encore des esclaves, en nombre symbolique, en France au xviiie s. ! Le monde musulman est le mieux pourvu : la course barbaresque lui procure des chrétiens, parfois illustres (Cervantès, Regnard), et les caravanes du désert les Noirs du Soudan. Il fournit en esclaves à son tour l’Espagne : les Noirs sont nombreux à Séville, à Lisbonne à l’époque classique. Et c’est là qu’on découvre l’articulation qui relie l’esclavage européen à celui qui est instauré en Amérique.

Si les Aztèques ont, eux aussi, connu l’esclavage, à l’encontre des Incas, les conquérants de l’Amérique n’ont pas entrepris de s’asservir les Indiens. C’est l’évêque Las Casas qui, inspiré par l’exemple métropolitain, a suggéré l’envoi d’esclaves noirs pour alléger la tâche des Indiens. D’abord réticent, Charles Quint a accordé en 1516 la première concession de traite des Noirs. En fait, le ramassage de Noirs sur les côtes d’Afrique était déjà pratiqué par les Portugais depuis le xve s. Les guerres intestines de l’Afrique lui ont valu d’être ainsi la grande pourvoyeuse, dans le nord et le sud de l’Amérique, de l’esclavage moderne. Celui-ci se double désormais du racisme, tandis que le statut des personnes n’est guère amélioré : bien que demeurant une marchandise, l’esclave des États-Unis est désormais reconnu pleinement responsable de ses actes, au criminel. Le développement du paternalisme ne compense pas la discipline rigoureuse de la plantation, aux Antilles comme en Virginie, ni l’intérêt bien compris du maître, le sadisme des contremaîtres ou la dureté des marchands. Cependant, les passions qui ont animé l’Amérique ont déformé les témoignages et exagéré les faits (la Case de l’oncle Tom, 1852, par H. Beecher-Stowe [1811-1896]).

À cette date, le mouvement abolitionniste a depuis longtemps déjà entrepris la lutte contre l’esclavage. Inspiré par les idées philosophiques du xviiie s., il a jalonné tout le xixe s. d’interdictions de la traite et d’émancipations des esclaves : décret de la Convention de 1794, interdiction de la traite par la France et l’Angleterre (1707-1715), abolition de l’esclavage dans les possessions anglaises (1833) et françaises (1848), conventions internationales sur la traite, émancipation des Noirs des États-Unis (1865), conférences coloniales antiesclavagistes (1885, 1890), condamnations réitérées par la S. D. N. et l’O. N. U.

La difficulté d’aboutir à un résultat définitif est venue du manque de moyens de contrôle, de la nécessité de ménager certains États et enfin de l’extrême attachement de certains peuples à l’institution. L’esclavage a persisté après la Seconde Guerre mondiale sur les rives de la mer Rouge, sous le couvert du pèlerinage à La Mecque. La suppression officielle de l’esclavage par l’Arabie Saoudite en 1963 aurait dû mettre intégralement fin à ce trafic. Au vrai, des Africains en pèlerinage peuvent se vendre ou vendre leurs enfants, exactement comme, dans diverses contrées d’Afrique, la colonisation n’avait pu empêcher un trafic déguisé. En Afrique, le trafic des enfants, en particulier, s’est poursuivi pendant des dizaines d’années au-delà de la date d’interdiction officielle. Il n’y a pas si longtemps que les condamnations pour esclavagisme se comptaient par dizaines chaque année au Nigeria.

R. H.

 H. A. Wallon, Histoire de l’esclavage dans l’Antiquité (Dezobry et Magdeleine, 1847-48, 3 vol. ; 2e éd., Hachette, 1879). / M. Lengellé, l’Esclavage (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1955, 3e éd., 1967). / W. L. Westermann, The Slave Systems of Greek and Roman Antiquity (Philadelphie, 1955). / D. Raj, l’Esclavage dans l’Inde ancienne (A. Maisonneuve, 1959). / G. Boulvert, les Esclaves et les affranchis impériaux sous le Haut-Empire romain (Aix-en-Provence, 1964). / J. Gagé, les Classes sociales dans l’Empire romain (Payot, 1964 ; nouv. éd., 1971). / E. M. Schtajerman, Die Krise des Sklavenhalterordnung im Western des römischen Reiches (trad. du russe, Berlin, 1964). / A. Gisler, l’Esclavage aux Antilles françaises, xviiie-xixe s. (Éd. universitaires, 1965). / J. Vogt, Sklaverei und Humanität, Studien zur antiken Sklaverei und ihrer Erforschung (Wiesbaden, 1965). / R. Maugham, Les esclaves existent encore (Éd. universitaires, 1966). / D. B. Davis, The Problem of Slavery in Western Culture (Ithaca, 1967). / M. Pollaud-Dullian, Aujourd’hui l’esclavage (Éd. ouvrières, 1967). / M. Fabre, Esclaves et planteurs (Julliard, coll. « Archives », 1970). / H. Deschamps, Histoire de la traite des Noirs (Fayard, 1972). / C. Meillassoux, l’Esclavage dans l’Afrique précoloniale (Maspéro, 1974).

escrime

Art du maniement du fleuret, de l’épée et du sabre.


L’escrime est un art qui est devenu un sport après avoir été un moyen de défense. À part le fleuret, les armes* étaient utilisées naguère pour attaquer et se défendre.

Actuellement, l’escrime est un sport universellement pratiqué. On utilise trois armes : l’épée, le sabre et le fleuret, qui ont chacune des caractéristiques et des règles différentes. L’escrime est régie par une Fédération internationale, fondée en 1913, mais, déjà, elle figurait au programme des premiers jeux Olympiques modernes, à Athènes, en 1896.