Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Delft

V. des Pays-Bas (Hollande-Méridionale), au nord-est de Rotterdam ; 87 000 hab.


Le développement urbain et industriel contemporain des Pays-Bas a profondément modifié les caractères traditionnels de Delft. Le centre historique reste très vivant grâce à ses commerces, ses services et une importante fonction touristique. Mais la faïencerie n’est plus qu’une survivance et l’industrialisation récente des faubourgs repose sur d’autres bases (métallurgie légère, chimie, alimentation, tabac). La proximité de Rotterdam et de La Haye a réduit l’influence régionale de Delft. De son rôle de marché subsiste toutefois la commercialisation des produits de l’élevage et surtout de l’horticulture du Westland voisin. La ville a bénéficié par ailleurs d’implantations tertiaires de haut niveau comme l’École technique supérieure et le célèbre laboratoire d’hydraulique.

La ville puissante et indépendante du « Siècle d’or » est devenue un maillon du Randstad Holland sans perdre pour autant l’originalité que lui confère un très riche passé.

Delft, ville d’art

Delft conserve de nombreux témoignages artistiques des événements historiques dont elle fut le témoin. Pourtant, elle doit sa célébrité internationale à ses ateliers de céramique et au fameux « bleu de Delft », ainsi qu’à son école de peintres intimistes.

La vieille ville, parcourue de canaux, est dominée par les clochers de la nouvelle et de la vieille église, respectivement à droite et à gauche de la célèbre Vue de Delft de Vermeer (v. 1658, Mauritshuis, La Haye).

La Nieuwe Kerk (nouvelle église, xive-xve s.) abrite les tombeaux de la famille d’Orange ainsi que le mausolée de Guillaume le Taciturne, érigé de 1614 à 1622 par le sculpteur Hendrick de Keyser (1565-1621) et son fils Pieter (1595-1676). Le prince, rallié au protestantisme, avait été assassiné à Delft en 1584. Son souvenir est perpétué au Prinsenhof, aujourd’hui musée municipal.

L’Oude Kerk, ou vieille église (xiiie-xvie s.), conserve divers tombeaux et le monument en l’honneur de l’amiral Maarten Tromp, par Jacob Van Campen (1595-1657) et Rombout Verhulst (1624-1698).

Enfin l’hôtel de ville, qui conserve son beffroi gothique mais fut reconstruit au xviie s. dans le style Renaissance, abrite notamment une galerie de portraits des princes de Nassau par Miereveld et, du même artiste, le portrait du jurisconsulte Grotius, originaire de Delft.

La faïence de Delft

C’est au xvie s. que la ville importe d’Allemagne les techniques des arts du feu. L’âge d’or des faïenceries de Delft se situe au xviie s. On comptait alors 28 ateliers, qui puisaient l’inspiration de leurs décors dans les modèles fournis par les peintres locaux ou dans les prestigieuses céramiques orientales que ramenaient en masse les navigateurs. Les carreaux bleus de Delft doivent leur renommée à l’extrême finesse de l’émail transparent qui les recouvre. Mais les grandes pièces polychromes et les « blancs » de Delft les plus purs furent eux aussi largement exportés et influencèrent nombre de fabriques européennes. L’actuelle Faïencerie royale de Delft vient relever le vieil artisanat delftois, qui tendait à disparaître dès la fin du xviiie s.

L’école de peinture

La tradition du portrait maniériste sobre et élégant triomphe au xvie s. grâce à Michiel Van Mierevelt (1567-1641), portraitiste de la cour d’Orange. Il dirigeait un très vaste atelier d’où sortit son fils Pieter Miechel (1596-1623), auteur de la Leçon d’anatomie conservée à l’hôpital municipal de Delft. La famille des Delff, eux aussi portraitistes, compte parmi leurs rivaux.

Au cours de la première moitié du xviie s., Leonard Bramer (1594-1674) manifeste un expressionnisme brillant. Grâce à lui, l’influence des caravagistes d’Utrecht* et celle de Rembrandt* pénètrent à Delft vers 1640. À la même époque, Balthasar Van der Ast (1593 ou 1594-1657) peint de grandes natures mortes allégoriques. Carel Fabritius (1622-1654), élève de Rembrandt, est aussi un précurseur de l’art de Vermeer*. Fabritius est tué par la terrible explosion de la poudrière de Delft ; la ville en ruine fut représentée par Egbert L. Van der Poel (1621-1664). C’est vers ce moment que Vermeer (1632-1675) commence sa carrière. La peinture de genre et de scènes intimes s’épanouit alors à Delft pendant un peu plus d’une génération. Pieter de Hoogh* y produit, de 1654 à 1662, le meilleur de son œuvre. Anthonie Palamedesz (1601-1673), Jacob Van Velsen († 1656), Jacobus Vrel (actif v. 1654-1662) créent des scènes animées et pittoresques. Avec Cornelis Man (1621-1706) s’accuse déjà, vers les années 1670-1680, la décadence de la peinture de genre. Au xviiie s., Delft subit le déclin général de la peinture hollandaise.

P. H. P.

J.-C. B.

 C. L. J. Helderman-Meillon, Delft (La Haye, 1955). / H. P. Fourest, les Faïences de Delft (P. U. F., 1957). / E. H. Ter Kuile, Delftse Studiën (Assen, 1967).

Delhi

Capit. de l’Inde.


Delhi est une grande agglomération de plus de 3,6 millions d’habitants, la troisième de l’Inde, l’une des plus grandes agglomérations non portuaires de l’Asie.


Une situation remarquable

Delhi se trouve au centre d’un seuil entre l’avancée la plus septentrionale des reliefs de la péninsule et des terrasses qui montent vers l’Himālaya. Lieu de passage facile, ce seuil met en communication les régions qui ont le plus compté dans l’histoire de l’Inde. Au nord-ouest, au-delà du Pendjab, puis de la passe de Khaybar, c’est l’Asie moyenne, d’où sont venus tant d’envahisseurs qui ont contrôlé l’Inde du Nord et ont contribué à son peuplement ; au sud-est, c’est la plaine du Gange, l’une des régions les plus anciennement et les plus densément peuplées du monde, vieux centre de l’Hindoustan. Au sud s’ouvrent les routes qui donnent accès à la péninsule, par Ajmer et Gwālior. Le contrôle du seuil de Delhi a été de temps immémorial une nécessité vitale pour la plupart des constructions politiques qui ont été édifiées dans le nord de l’Inde.