Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Condé (suite)

Marie de Médicis le fait entrer au Conseil de régence, mais Henri se montre insatiable, réclamant honneurs et richesses. Ayant été éconduit, il se pose en ennemi de Concini, prend aux états généraux de 1614 le parti du tiers, enfin prépare la guerre civile avec Bouillon, Mayenne et Longueville. À la paix de Loudun (mai 1616), la régente lui donne le gouvernement du Berry, mais elle se méfie de lui et le fait arrêter. Le prince reste trois ans emprisonné, et, lorsqu’il est remis en liberté en 1619, le roi n’a pas de serviteur plus fidèle.

Henri lutte contre les protestants en 1621 (prise de Sancerre). En 1627, Richelieu le charge de les combattre lors de la révolte du Languedoc. Déjà en possession des gouvernements du Berry et du Bourbonnais, Henri reçoit du roi en récompense celui de Bourgogne (1631). De plus, avant de mourir, Louis XIII, qui l’a nommé au Conseil de régence, lui a donné le château de Chantilly.

Après la mort du roi, son loyalisme ne se dément pas. Devenu le troisième personnage du royaume, il soutient constamment la régente et Mazarin.


Louis II de Condé, dit « le Grand Condé »

(Paris 1621 - Fontainebleau 1686). Dès 1636, le jeune duc d’Enghien s’initie à Dijon à l’administration d’une province. Dès lors, il partage son temps entre l’étude, le gouvernement de la Bourgogne et les salons littéraires parisiens. En 1640, il participe à la campagne de Picardie, où il apprend le métier des armes : il se fait remarquer aussitôt par sa grande bravoure. Afin de s’attacher un aussi brillant jeune homme, Richelieu lui fait épouser en 1641, contre son gré, sa propre nièce, Claire Clémence de Maillé-Brézé, et il conseille au roi de confier l’armée de Picardie à ce jeune prince, dont il a deviné le génie militaire.

En cette année 1643, les Espagnols, partis des Pays-Bas, assiègent Rocroi. De là, leur capitaine, Francisco de Melo, compte envahir la France par la vallée de l’Oise. L’armée française comprend 15 000 fantassins et 6 000 cavaliers, et celle des Espagnols 27 000 hommes, dont les fameux régiments de « tercios ». Le 19 mai, le duc d’Enghien est vainqueur. Cette victoire frappe l’opinion en raison de la jeunesse du chef et des circonstances dramatiques qui l’accompagnent ; Louis XIII vient de mourir le 14 mai, et il ne reste plus à la tête du royaume qu’une femme et un roi de cinq ans.

L’année suivante, c’est grâce à Condé que Turenne peut gagner la difficile bataille de Fribourg (2 août 1644), et cette victoire entraîne l’occupation de toute la rive gauche du Rhin, de la Suisse à Mayence. En 1645, Enghien et Turenne forcent le passage du Neckar à Wimpfen et battent à Nördlingen (3 août 1645) les Bavarois, les meilleurs soutiens de l’Empire. Si le prince de Condé (qui porte ce titre depuis la mort de son père en 1646) échoue en Catalogne devant Lérida (1647), de retour à l’armée des Flandres en 1648, il prend Ypres, puis bat les Espagnols le 20 août à Lens, victoire décisive, après laquelle l’Empire, accablé, signe les traités de Westphalie*.

Mais la guerre continue avec l’Espagne, et elle va se compliquer d’une guerre civile en France. À Paris, où la Fronde* parlementaire éclate, Condé, qui revient avec l’armée des Flandres, fait figure de sauveur. À Charenton, le 8 février 1649, il bat son propre frère Conti, chef des rebelles. Après sa victoire, les parlementaires signent la paix de Rueil. Condé est alors à son apogée.

Cependant, si le prince est un grand homme de guerre, il est un piètre politique et un diplomate malheureux. Hautain et cassant, il finit par se brouiller avec tout le monde, et la Cour le fait arrêter en 1650 avec son frère Conti et son beau-frère Longueville. Emprisonnés à Vincennes, puis au Havre, les princes sont libérés au bout d’un an, car Paris s’est soulevé pour eux et a chassé Mazarin.

Aigri par son séjour en prison, Condé se montre intraitable et pose en révolté. L’armée royale, commandée par Turenne et par Mazarin, bientôt revenu en France, s’oppose à lui et aux rebelles. À Bléneau, près d’Orléans, en avril 1652, Condé ne réussit pas à battre Turenne, qui sauve le jeune Louis XIV. Puis, devant Paris, qui ferme ses portes, les deux armées s’affrontent. Sur le point d’être écrasé au combat de la porte Saint-Antoine (juill. 1652), le prince ne doit son salut qu’à la Grande Mademoiselle, qui fait canonner les troupes du roi et lui ouvre les portes de la ville.

Cependant, la bourgeoisie est lasse de la guerre, et les notables décident de demander le retour du roi. L’émeute gronde de nouveau, et Condé se retrouve dans Paris sans autorité ; en octobre, il quitte la capitale, huit jours avant que Louis XIV n’y fasse son entrée.

Ses biens et ceux de son frère sont confisqués ; en 1654, Condé est condamné à mort.

Réfugié dans les Pays-Bas, il continue la guerre allié aux Espagnols. En 1653, ironie du sort, il reprend Rocroi. L’année suivante, il échoue à Arras devant Turenne. Le 14 juin 1658, les Anglo-Français le battent à la bataille des Dunes.

Cette victoire décide de la paix. Au traité des Pyrénées (1659), l’Espagne obtient le pardon de son allié, et Mazarin décide que Condé retrouvera ses biens et son gouvernement de Bourgogne. Rentré à Paris en 1660, Condé se conduira désormais en parfait courtisan. Candidat malheureux au trône de Pologne, il réussit par contre sur le plan militaire. Durant la guerre de Dévolution, il s’empare de toute la Franche-Comté (févr. 1668) et, pendant celle de Hollande, il se couvre de gloire au passage du Rhin et remporte la victoire de Seneffe (11 août 1674).

Accablé de goutte, il se retire ensuite dans son château de Chantilly, que Mansart et Le Nôtre embellissent. Il s’y comporte en mécène éclairé, protège Bossuet, Racine, Boileau, Molière, La Bruyère. Ce grand seigneur libertin se convertit à la fin de sa vie. Bossuet prononcera son oraison funèbre.


Henri Jules de Condé, dit « Monsieur le Prince »

(Paris 1643 - id. 1709). Il partage la vie aventureuse de sa mère durant la Fronde, puis il rentre en France comme son père, le Grand Condé, après le traité des Pyrénées.

Prince difforme, débauché, brutal, c’est un déséquilibré notoire. Au côté de son père, il participe à ses campagnes, où il fait montre d’une grande bravoure, mais, après 1678, on ne peut confier à ce malade aucun commandement. Sa folie s’accentuera avec l’âge.