Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Commune (la) (suite)

(Paris 1816 - id. 1887). Apprenti puis dessinateur sur étoffes, il est membre actif de l’Internationale. Gustave Nadaud le lance comme chansonnier. Officier de la garde nationale, délégué au Comité central, il est élu à la Commune le 16 avril 1871 (IIe arrond.) : il vote avec la majorité. Condamné à mort par contumace, il se réfugie en Angleterre, puis aux États-Unis. Rentré en 1880, malade et pauvre, il continue le combat socialiste. À la fin de sa vie sont publiés ses recueils de chansons, dont il faut détacher, pour leur fougue, leur rythme et leur mordant : la Terreur blanche, Jean Misère et surtout l’Internationale (juin 1871), qui, mise en musique en 1888, par l’ouvrier lillois Degeyter, allait devenir l’hymne du prolétariat universel.


Félix Pyat

(Vierzon 1810 - Saint-Gratien 1889). Il étudie le droit, mais se jette bientôt dans le journalisme d’opposition. En même temps, il écrit des pièces à succès (les Deux Serruriers, 1841 ; le Chiffonnier de Paris, 1847), aux tendances sociales accusées. Député du Cher en 1848 et 1849, il doit s’enfuir après le 13 juin 1849 et ne rentre en France qu’en 1869 ; de nouveau inquiété pour ses articles dans le Rappel, il doit gagner l’Angleterre. Au 4-Septembre, il revient à Paris, fonde le Combat, que le gouvernement de la Défense nationale — violemment attaqué par lui — supprime. Pyat crée alors le Vengeur (4 févr. 1871). Élu député de Paris, il vote contre le traité de paix et quitte l’Assemblée dès le 3 mars. Membre de la Commune (Xe arrond.), puis du Comité de salut public, il vote constamment des mesures pseudo-terroristes qui ne sont pas sans évoquer un certain cabotinage. Il disparaît d’ailleurs dès le 22 mai, mais n’en est pas moins condamné à mort par contumace (27 mars 1873). Rentré en France en 1880, il poursuit ses polémiques en faveur des idées révolutionnaires. Vermorel l’a qualifié de conspirateur en chambre.


Raoul Rigault

(Paris 1846 -id. 1871). Très cultivé, il anime, à la fin de l’Empire, le mouvement républicain au Quartier latin. C’est un blanquiste plein de faconde, anticlérical jusqu’à l’obsession. Le VIIIe arrondissement l’élit membre de la Commune. Membre de la Commission de sûreté générale, délégué à la préfecture de police puis procureur de la Commune, il poursuit surtout les prêtres et les religieux. Il est fusillé par les versaillais le 24 mai 1871.


Louis Rossel

(Saint-Brieuc 1844 - Satory 1871). Il prend part comme officier du génie à la guerre franco-prussienne. De Metz, où il essaie de soulever les officiers patriotes contre Bazaine, il gagne Tours, puis Paris, où, par patriotisme, il se met au service de la Commune. Chef de la légion du XVIIe arrondissement, chef d’état-major de Cluseret, il remplace ce dernier comme délégué à la Guerre le 1er mai, mais il démissionne au bout de dix jours ; accusé de dictature et de trahison, il est arrêté le 10 mai, mais il s’évade. Les versaillais le trouvent le 7 juin 1871, le condamnent à mort et le fusillent le 28 novembre.


Édouard Vaillant

(Vierzon 1840 - Paris 1915). Ingénieur, docteur es sciences, médecin, il milite dans les rangs blanquistes avant d’adhérer à la Ire Internationale. Membre du Comité de la garde nationale, il est élu à la Commune par le VIIIe arrondissement. Délégué à l’Enseignement, il pose les jalons d’une réforme démocratique et populaire de l’éducation. Condamné à mort, il se réfugie à Londres, se lie avec Marx, mais, lors du congrès de La Haye (1872), rallie de nouveau les blanquistes. Rentré en France en 1880, il militera, avant la naissance du parti socialiste unifié (1905), dans le parti socialiste révolutionnaire, puis dans le parti socialiste de France.


Jules Vallès.

V. l’article.


Eugène Varlin

(Claye-Souilly 1839 - Paris 1871). Ouvrier relieur, il adhère à la Ier Internationale ; proudhonien de gauche, il reconstitue, en 1867, la section française (interdite) de l’Internationale. Il parcourt alors la France en apôtre du socialisme, jetant les bases de nouvelles sections, réalisant en 1869 l’union de toutes les organisations syndicales de Paris. Il soutient par ailleurs tous les mouvements de grève. Poursuivi, réfugié en Belgique, il rentre en France au 4-Septembre. Il prend part à la Défense nationale, commande le 10e bataillon de la garde nationale et fait partie du Comité central. Il est élu triomphalement à la Commune par trois arrondissements (VIe, XIIe, XVIIe) ; leader de la minorité internationaliste, Varlin fait éclater ses dons d’organisateur au sein de la Commission des finances, puis dans celle des subsistances. Il est aux premiers postes durant la « semaine sanglante » et succède à Delescluze, le 24 mai, comme délégué à la Guerre. Le 28 mai, il est reconnu, place Cadet ; arrêté, il est roué de coups, traîné sur la butte Montmartre et fusillé.


Auguste Vermorel

(Denicé, Rhône, 1841 - Versailles 1871). Journaliste et homme de lettres, il fonde la Jeune France (1861), puis il fait du Courrier français un journal socialiste. Élu le 26 mars à la Commune (XVIIIe arrond.), membre de la Commission exécutive, il lutte contre les majoritaires, surtout contre Félix Pyat, tout en dirigeant l’Ami du peuple, repris de Marat, qu’il admire beaucoup. Grièvement blessé le 25 mai au Château-d’Eau, il meurt faute de soins à Versailles.

commune médiévale

Ville autonome en matière judiciaire, administrative, financière, voire militaire. Les communes ne sont rien d’autre, à la fin du xie s., que des associations jurées, indépendamment des libertés municipales plus ou moins complètes qu’elles peuvent posséder. La démonstration en a été faite par l’historien Charles Petit-Dutaillis (1868-1947) au terme de l’étude approfondie de deux documents. Dans le premier, qui est une charte, Louis le Gros confirme en effet, en 1128, « par autorité royale les serments et confédérations par lesquels les habitants de Chelles se sont confédérés et liés entre eux, inter se invicem confederati sunt et legati... ». Dans le second, les bourgeois de Châteauneuf renoncent à la « commune conjuration que lesdits bourgeois étaient dits avoir érigée », ce qui permet à l’église Saint-Martin de Tours de retrouver ses privilèges le 4 février 1185. Ainsi se trouve mis en valeur le fondement caractéristique de la commune, c’est-à-dire le serment par lequel « les bourgeois s’unissent en une communio... pour réaliser une association de paix », ainsi que le souligne Jean-François Lemarignier.