Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chambéry (suite)

La ville actuelle

De cette longue histoire, Chambéry a conservé une ambiance générale favorable à la résidence, à l’administration, au commerce. Plus de la moitié de la population active a trouvé un emploi dans les services publics et privés, la banque, le négoce, les transports. Mais la fonction industrielle est en pleine croissance.

Dans le domaine administratif, Chambéry a un rôle régional : aux services départementaux de la Savoie s’ajoutent une cour d’appel, une direction régionale des Douanes, un consulat d’Italie, un collège universitaire. Le carrefour ferroviaire toujours actif se double d’un carrefour routier qui a fixé de grandes entreprises de transport : une autoroute Lyon-Chambéry est prévue avec un nouveau tunnel routier sous la montagne de l’Épine, qui donnerait accès à une deuxième voie transalpine, celle du tunnel routier du Fréjus. Une autoroute Genève-Valence est également inscrite. Des maisons de commerce (alimentation, confection, ameublement, droguerie), des banques ont développé autour de Chambéry une zone d’influence intéressant à peu près cinq départements (l’Ain, la Drôme, l’Isère, la Savoie et la Haute-Savoie).

Il existe à Chambéry des facteurs d’industrialisation : la proximité de la frontière, qui attire des entreprises suisses et italiennes, la population rurale des environs et la main-d’œuvre étrangère (le quart de la population active de l’agglomération est composé d’immigrants récents), le carrefour ferroviaire et routier, l’équipement hydro-électrique, industriel et touristique des Alpes. Ainsi, la ville est devenue un centre diversifié d’industries de transformation : travail de l’aluminium, constructions mécaniques, cimenterie, fabriques de boîtes alimentaires, de chaussures, ateliers de confection, usines de fibre de verre, de roulements à billes. De grandes zones industrielles ont été aménagées sur les marais du nord appartenant à deux communes (Bissy et Chambéry-le-Vieux) qui ont fusionné avec Chambéry en 1961. La population quitte les vieux quartiers entre le château des ducs et Lémenc pour habiter les grands ensembles de logements de Sainte-Claire-Bellevue et de la Croix-Rouge, qui donnent une physionomie nouvelle à la périphérie résidentielle, composée jusqu’ici de maisons individuelles.

M. L.

➙ Savoie.

Chambord

Château royal de France, sur le territoire de la commune du même nom (Loir-et-Cher).


Conçu comme un gigantesque rendez-vous de chasse dans une forêt de Sologne, mais non loin du Val de Loire, Chambord doit son existence et son caractère à François Ier, qui en fit entreprendre les travaux en 1519. Si les dispositions rares et ingénieuses de l’édifice, comme sa symétrie, semblent dictées par le génie intellectuel de la Renaissance italienne, à telle enseigne qu’on a pu en faire honneur à Léonard de Vinci, c’est à des maîtres d’œuvre et à des ateliers français qu’en revient l’exécution. En même temps, le plan rappelle celui des châteaux forts de plaine de la France médiévale, notamment Vincennes.

Primitivement entouré de douves, Chambord se compose d’une vaste enceinte rectangulaire et d’une sorte de donjon qui se greffe sur l’un des longs côtés, faisant saillie dans la cour intérieure. L’enceinte, partout basse à l’origine, est cantonnée de quatre grosses tours cylindriques, dont les deux de derrière sont restées inachevées. Quatre autres tours de même forme, mais plus hautes, marquent les angles du donjon, énorme cube à l’intérieur duquel s’inscrit, à chaque étage, une croix dessinée par quatre grandes salles délimitant autant d’espaces carrés destinés à des appartements. Il est possible qu’au lieu des salles superposées on ait prévu pour chaque bras de la croix une vaste nef dominée par la voûte à caissons sculptés qui couvre maintenant la plus haute salle, laissant voir, à l’intersection de ces bras, le célèbre escalier à claire-voie dont la montée et la descente s’effectuent séparément par deux rampes en hélice emboîtées l’une dans l’autre. La nouveauté de cet escalier réside moins dans sa structure, dont l’architecture gothique offre des exemples, que dans sa position à l’intérieur et au centre d’un édifice de plan massé : c’est là qu’il est permis de reconnaître une conception italienne.

Terminant l’escalier, la lanterne, à quatre étages hardiment dressés au milieu d’une couronne d’arcs-boutants et de contreforts, est le morceau de bravoure de la décoration extérieure, qui, jusqu’à la hauteur de la corniche, se réduit à un jeu de moulures horizontales et de pilastres plats encadrant baies rectangulaires ou cintrées et loggias, mais qui se déploie avec splendeur sur les toits mouvementés du donjon : garnis de hautes souches de cheminées, de poivrières, de campaniles, de lucarnes à baies superposées, ces toits sont coniques sur les tours et pyramidaux sur les quatre cantons du carré, les bras de la croix étant couverts de terrasses qui pouvaient servir de belvédère à la cour royale lors des grandes chasses. Si le décor est d’origine italienne, sa concentration sur les parties hautes de l’édifice apparaît comme un héritage des résidences princières de la période gothique, tel Mehun-sur-Yèvre, du duc Jean de Berry. Encore, la sculpture joue-t-elle un rôle plus discret que dans la plupart des châteaux de la première Renaissance, le répertoire ornemental relevant plus strictement de l’architecture, malgré sa richesse et sa fantaisie ; une opposition est ménagée entre la pierre blanche et les disques et losanges d’ardoise qui y sont insérés.

Afin de rendre plus habitable ce féerique château de chasse, et bien que, dans une certaine mesure, il fût déjà passé de mode, deux bâtiments en équerre furent ajoutés vers la fin du règne de François Ier et sous celui d’Henri II, épousant le tracé de l’enceinte de part et d’autre du donjon, avec une tour d’escalier à claire-voie dans chacun des angles rentrants. Après une période d’abandon, Chambord retrouva quelque éclat sous le règne de Louis XIV. Au cours du xviiie s., le domaine fut concédé à Stanislas Leszczyński, puis au maréchal de Saxe, qui s’y entoura d’une cour princière ; sous la Restauration, il le fut au jeune duc de Bordeaux, qui prit le titre de comte de Chambord. L’État en est aujourd’hui propriétaire.

B. de M.

 H. Guerlin, le Château de Chambord (H. Laurens, 1912). / E. de Ganay, le Château de Chambord (Vincent et Fréal, 1949). / P. M. Auzas, Chambord (Caisse nationale des Monuments historiques, 1961).