Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Afrique noire (suite)

Dans l’Afrique de l’Est et du Sud, l’expression plastique, loin d’être absente, s’épanouit dans les arts du corps : la multiplicité des techniques et des modes de coiffure, dont les Langos de l’Ouganda donnent un exemple, défie la description. Chez les peuples pasteurs, dans la région des Grands Lacs, des recherches décoratives très poussées portent sur le travail de la calebasse, des fibres végétales, de la terre cuite, des perles et du cuir. Les fins paniers tressés par les femmes nobles tutsis comptent parmi les belles œuvres africaines. La sculpture sur bois n’en est pas pour autant exclue. Les peuples nilotiques, notamment les Baris, sculptent des figures d’homme longiforme dont il est dit qu’elles servent à « faire grandir », à « faire grossir », ou bien à « protéger contre les Blancs ». Les masques des Kondés de la Tanzanie et du Mozambique reproduisent des visages féminins ornés de scarifications, mais aussi des visages à tendance caricaturale ou portraitisante. En Afrique australe, un jeune homme zoulou se pare de perles offertes par l’amie désirée. Chaque couleur de perle possède un sens ; ainsi, le collier multicolore sera-t-il à la fois un ornement et l’expression de sentiments amoureux.


Art contemporain

L’artiste africain n’est pas mort. Si, dans cette période difficile où les Africains construisent leurs nations et leur continent, et affirment leur place dans la communauté universelle, certains se laissent entraîner dans la fabrication d’objets dont la valeur est douteuse, d’authentiques artistes poursuivent une production plastique qui n’est ni expression d’une tradition déchue, ni copie des chefs-d’œuvre, ni production en série d’objets « d’aéroport ». À côté de ceux qui expriment la permanence de certains cadres traditionnels, un autre genre d’artiste naît en Afrique. Sa position dans la nouvelle société n’est pas claire, son rôle n’est pas défini. Ses matériaux s’appellent papier et encre, toile et peinture, caméra et pellicule, ou encore sable, ciment et aluminium.

Ph. F.


La musique de l’Afrique noire

L’univers musical de l’Afrique noire connaît une immense variété. Cette musique, de tradition orale, qui relève parfois du tragique ou du religieux, offre souvent des aspects très archaïques. Sur le continent africain, il n’est pas étonnant de retrouver des instruments et des formes musicales très éloignés les uns des autres et qui représentent des étapes de révolution de cette société.

Les instruments les plus répandus sont les tambours à une ou deux membranes, les instruments à cordes comme les arcs musicaux avec ou sans résonateur, les harpes (harpes, luths, harpes-cithares), les sifflets, les trompes, les flûtes, les cloches.

On peut distinguer deux types de musique : une musique purement nègre et une musique nègre influencée par l’islām. Dans la musique nègre, on utilise volontiers les voix graves des femmes, soit dans un style monodique, soit dans un style polyphonique, et l’on fait appel à des échelles pentatoniques. Les techniques polyphoniques varient de peuple à peuple. Chez les Baoulés, on remarque une sorte de diaphonie en tierces parallèles qui brode de longues et volubiles mélodies et qui s’oppose à un chœur massif et puissant formé d’accords plaqués. En Afrique équatoriale, c’est un homme ou une femme qui est chargé de la mélodie et qui improvise. Le chœur se fait entendre sur deux ou trois notes en une sorte d’ostinato. Chez les Pygmées, les Bochimans ou les Peuls Bororos, la musique instrumentale, très pauvre, est comme atrophiée au profit d’une musique vocale très développée. Pygmées et Bochimans ont l’habitude de jodler à la tyrolienne. Leurs chants sont liés à la danse sans l’intervention d’un chef de chœur ou d’orchestre quelconque. Leur musique pentatonique ou tétratonique se caractérise par la présence d’intervalles très disjoints. Les Bororos ne font entendre que des vocalises sans paroles, les voix échelonnées sur les degrés de l’accord parfait faisant naître un sentiment d’harmonie.

Pour tous ces peuples de l’Afrique noire, les instruments de musique sont utilisés dans les formations les plus diverses, en fonction de considérations rituelles ou sociales, au moins autant qu’en vue d’effets musicaux. Certains instruments ne se trouvent qu’entre les mains de musiciens professionnels, les griots : ce sont les chroniqueurs du pays, qui ont charge de rapporter, en de longues récitations déclamées ou psalmodiées, l’histoire des sociétés. Ils jouent de toutes sortes d’instruments, comme le violon à une seule corde, le xylophone, la harpe, le luth.

À leur côté, il faut faire leur place aux voix de femmes suraiguës, surtendues, qui atteignent souvent la double octave et qui déploient des mélodies assez ornées, commençant fortissimo dans l’aigu et s’achevant très piano dans le grave : manière de bel canto soudanais.

G. R.

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