Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cécilies

Ordre de Vertébrés Amphibiens* caractérisés par leur corps serpentiforme et dépourvu de membres, par leurs mœurs le plus souvent fouisseuses et par leur habitat limité aux régions chaudes et humides. (On les appelle aussi Gymnophiones ou Apoda.)



Morphologie

Les Cécilies ressemblent à de gros Vers de terre, dont elles ont l’aspect non pigmenté, dû à leur habitat souterrain, le corps cylindrique et annelé à tête peu distincte et à queue émoussée et courte, les yeux inapparents et parfois non fonctionnels.

Les adultes vivent en permanence dans le sol, ce qui élimine pour eux les problèmes de défense et de mimétisme, car ils y sont à l’abri des prédateurs. Ils se déplacent non pas en creusant des galeries, comme la Taupe, mais en « faisant leur chemin » dans la terre meuble, qui s’éboule derrière eux. Pour progresser dans un tel milieu, ils ont besoin d’un tégument lisse et fortement muqueux, d’un tronc musculeux mais souple et surtout de points d’appui stables, nécessaires à la progression. Dans la région antérieure, c’est la tête que l’animal peut ancrer fortement dans le sol grâce à son squelette puissant ; dans la région postérieure, la peau contient des écailles dermiques inapparentes, mais dont l’érection permet à la Cécilie de s’accrocher fortement et de pousser le corps vers l’avant, par des mouvements péristaltiques comparables à ceux du Lombric.

Les Cécilies respirent peu par la peau ; en revanche, le poumon droit, seul présent, est un organe volumineux ; le gauche dégénère et disparaît, comme chez les Serpents. Il existe d’ailleurs un diverticule trachéen, qui vient augmenter la surface respiratoire.

La vision a fortement régressé, comme chez la Taupe et les Serpents fouisseurs : lors de la métamorphose, un tégument épais et corné, nécessaire dans l’habitat souterrain, où les frottements sont importants, et parfois même les os crâniens dermiques viennent recouvrir l’œil et le rendent inutile. On sait peu de chose de l’audition des Cécilies : la structure de l’oreille conduit à penser qu’elle est peu développée. L’olfaction, en revanche, est fort importante et est le fait d’un organe tout à fait particulier. Outre l’organe olfactif normal, complexe et de grande taille, l’organe de Jacobson, qui, chez les autres Vertébrés terrestres, analyse les odeurs de la cavité buccale, est lié à un « tentacule » mobile qui provient de l’évolution du canal et des glandes lacrymaux. Ce tentacule, maintenu humide ; est contenu dans une gaine ; l’animal peut le projeter en avant, y recueillir par contact des molécules odorantes, puis les analyser lors de la rétraction.

Les Cécilies sont des animaux carnivores aussi bien avant qu’après la métamorphose. Les dents sont coniques, disposées sur deux rangées parallèles et soumises à un remplacement régulier. Le tube digestif est court et rectiligne de la bouche à l’orifice cloacal.


Reproduction

Les Cécilies semblent moins inféodées au milieu aquatique, pour leur reproduction, que les autres Amphibiens. Sur une centaine d’espèces que compte cet ordre (toutes rangées dans la même famille), un tiers seulement utilise le milieu aquatique pour le développement larvaire. La fécondation est interne, grâce à l’existence, chez le mâle, d’un pénis formé à partir de la paroi cloacale. Les œufs, pondus à terre, sont gros et peu nombreux ; la mère s’enroule autour d’eux, à proximité d’une rivière, jusqu’au moment de l’éclosion. La larve gagne alors l’eau proche et y poursuit une métamorphose commencée dans l’œuf, avant de revenir à la terre ferme. Le plus souvent, les œufs sont assez riches en réserves vitellines pour assurer le développement embryonnaire jusqu’à la métamorphose achevée, et c’est un juvénile qui éclôt. Enfin, quelques espèces d’Afrique et d’Amérique du Sud sont vivipares : les larves, écloses dans les oviductes, s’y nourrisent du « lait utérin » et ne sortent à l’air libre qu’une fois la métamorphose achevée.


Répartition géographique

Les Cécilies exigent des climats chauds et humides, et leur répartition est un peu celle des grandes forêts. On les rencontre en Amérique du Sud et au Mexique (Siphonops, Typhlonectes, Cœcilia), en Afrique (Gymnophis), dans l’archipel des Seychelles (Hypogeophis), enfin en Inde et à Ceylan (Ichthyophis). Les Cécilies sont des animaux mal connus. On ne sait rien, notamment, de leur origine paléontologique, et leur ressemblance avec les Reptiles du sol est fortuite.

R. B.

 G. K. Noble, The Biology of the Amphibia (New York, 1931). / E. H. Taylor, The Caecilians of the World (Lawrence, Kansas, 1968). / H. W. Parker, Amphibia (Londres, 1969).

cécité

État d’une personne qui présente une absence complète de la vision, y compris celle de la lumière.


Le terme d’aveugle s’applique plus volontiers à celui qui a une perte globale de la vision, tandis que la cécité désigne une absence de vision qui peut être le fait d’un ou des deux yeux.

L’amaurose désigne également une perte complète de la vision d’un ou des deux yeux, mais, en langage médical, on lui attribue le plus souvent un caractère subit et transitoire.

Un homme peut être aveugle du fait de lésions de la rétine ou des voies optiques (cécité périphérique), ou du fait de lésions des centres cérébraux de la vision (cécité corticale).


Cécités périphériques

Les causes périphériques de cécité sont multiples. Chez l’enfant et l’adolescent, elles se répartissent par ordre de fréquence de la manière suivante :
— les dégénérescences héréditaires de la rétine ;
— la fibroplasie rétrocristallinienne (membrane fibreuse se formant derrière le cristallin) ;
— la cataracte congénitale ;
— le glaucome infantile ;
— l’atrophie du nerf optique.

En France, les aveugles entre cinq et dix-neuf ans représentent 0,12 p. 100 de la population juvénile de même âge.

Chez l’adulte, les causes les plus fréquentes de cécité périphérique sont différentes de celles de l’enfant : les glaucomes primitifs, le diabète, les dégénérescences rétiniennes, la myopie forte maligne, les atrophies du nerf optique sont les causes les plus fréquemment rencontrées.