Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cavalcanti (Guido) (suite)

 E. Pound, Make it New (Londres, 1934). / J. E. Shaw, Guido Cavalcanti’s Theory of Love, the Canzone d’Amore and other Related Problems (Toronto, 1949). / W. T. Elwert, « Guido Cavalcanti als Schöpfer des Süssen Neuen Stils », dans Dante Jahrbuch, t. XXIX (Weimar, 1951). / G. F. Contini, Introduzione ai Poeti del Duecento (Milan, 1960). / F. Figurelli, « Guido Cavalcanti », dans Letteratura italiana, i minori, t. I (Milan, 1961). / P. Bigongiari, Capitoli di una storia della poesia italiana (Florence, 1968).

cavalerie

Ensemble de formations militaires utilisant le cheval pour assurer des missions de renseignement, de couverture ou d’intervention décisive.


Les peuples disposant d’importants pâturages furent naturellement les premiers à se pourvoir de troupes à cheval. Ainsi en fut-il des Perses et des Mèdes. Le harnachement était rudimentaire : armés de javelots, d’arcs, de lances ou d’épées, les cavaliers enfourchaient leur monture sans selle ni étriers. Dès l’origine, la surprise caractérise la manœuvre de cavalerie, aussi bien avec l’impromptu d’un abordage que par la soudaineté de l’enveloppement des ailes de l’adversaire. À ces fins, les Grecs utilisent des mercenaires asiatiques ; les Romains comptent dans leurs légions quelques centuries de cavaliers, recrutés souvent chez les peuples soumis (César fera ainsi un large emploi des chevaux des Gaulois). Les grandes invasions des Huns ou des Sarrasins démontrent quelle ampleur prend une opération de guerre menée aux allures du cheval. En même temps, les Huns introduisent en Europe l’emploi des étriers, qui, par la fixité qu’ils apportent au cavalier, accroissent son efficacité dans le maniement des armes. Le Moyen Âge dépensera beaucoup pour les troupes à cheval et s’ingéniera à protéger cette coûteuse catégorie de combattants. Cotte de mailles, casque et armures diverses réussiront à sauvegarder le cavalier et sa monture, mais, du même coup, ce couple d’élite se trouvera à ce point « empêtré » sous le poids de ces protections qu’il en perdra ses vertus militaires : l’armure a statufié l’arme du mouvement. Au même moment, souverains et seigneurs, en quête de troupes d’élite, demandent à l’Église de consacrer par le prestige mystique d’un ordre les chefs destinés à ces cavaliers de choix : c’est la chevalerie*.

La France attendra l’édit signé en 1445 par Charles VII pour posséder sa cavalerie : 15 compagnies de « gens d’armes » à 50 ou 100 lances. Chaque « homme d’armes » — le chevalier de naguère, l’officier de cavalerie de demain — est assisté de cinq cavaliers. Voilà constituée pour des siècles une aristocratie un peu vaniteuse, mais qui fera de la fidélité au prince le premier de ses devoirs et pour qui le champ de bataille sera toujours le champ d’honneur. Au xvie s., tandis que Charles Quint alourdit sa cavalerie en lui imposant des formations en profondeur, Maurice de Nassau organise en Allemagne des escadrons de mercenaires germains ou slaves, appelés reîtres, qui, disposant de chevaux rapides, peuvent attaquer à l’improviste à coup de pistole. Au xviie s., Gustave Adolphe utilise au mieux des escadrons de 64 cavaliers entraînés à charger au sabre. Richelieu organise en France plusieurs sortes de cavalerie : les dragons, capables de porter des fusiliers en croupe (14 régiments en 1668, 43 en 1690) ; la cavalerie lourde, héritière des compagnies de gendarmes d’ordonnance, mais dotée d’armes à feu au lieu de lances et fractionnée en régiments. À cet ensemble s’ajoutent, à partir de 1635, 12 régiments de cavalerie légère, puis, en 1693, des compagnies de carabiniers et des formations de cavaliers hongrois, dits houzards. À la veille de la Révolution, sans compter la Maison du roi (environ 5 000 chevaux), il y a en France 62 régiments à cheval : 24 de cavalerie lourde, 2 de carabiniers, 18 de dragons, 6 de hussards, 12 de chasseurs.

Reconstituant une cavalerie démantelée par l’émigration, Bonaparte exigera d’abord d’elle la mobilité, en vue de l’exploration pour le renseignement. Plus tard seulement, à Wagram comme à Waterloo, il sera fait appel à sa force de choc. Ainsi, à sa tête, s’illustreront le hardi Lasalle (le renseignement), le fonceur Murat (l’événement) et, aux derniers jours, Ney, « le Brave des braves » (la dernière réserve). Pendant près de vingt ans, Bonaparte, l’artilleur, aura porté au plus haut le renom de la cavalerie.

Aux unités classiques, le xixe s. va ajouter des régiments d’Algérie : les chasseurs d’Afrique (1831) et les spahis (1836). La Prusse sera fière de ses hussards de la mort, l’Angleterre de sa brigade légère, mais bientôt, avec l’apparition sur le champ de bataille des armes automatiques, le cavalier fait plus figure de cible que d’assaillant. Balaklava (1854), Reichshoffen et Floing (1870) sont les dernières et cruelles grandes parades de cette arme de la bravoure.

À la veille de 1914, cependant, chargée de découvrir l’ennemi, la cavalerie paraît devoir rendre encore de précieux services. Pour préparer et hâter la rencontre des masses d’infanterie, plus de 80 régiments sont engagés par l’armée française en août 1914 : beaucoup d’entre eux portent encore les cuirasses de Reichshoffen et les lances abandonnées sous Henri IV. Il faut préciser qu’il s’agit de deux armées dont le gros des troupes se déplace à 4 km à l’heure et dont le commandement ne dispose d’aucune antenne plus rapide.

En 1939, la situation est bien différente : la période de l’entre-deux-guerres a partout amorcé la transformation de la cavalerie par l’introduction du moteur en tant que moyen de transport, puis de propulseur d’engins de combat. Mais il reste encore de nombreuses unités à cheval employées comme une sorte d’infanterie légère fortement armée et capable de bondir rapidement sur l’adversaire. À ces unités de cavalerie, le règlement français de 1938 prescrivait de « se déplacer à cheval et combattre à pied ». C’est ce que cette arme ancestrale, encombrée de sabres, mais dotée aussi de fusils-mitrailleurs et de mitraillettes, tente, pour une dernière fois, de faire en mai et juin 1940. Plus tard, sur le front russe, l’armée rouge engagera encore une nombreuse cavalerie (200 000 chevaux), ce qui entraînera la réplique d’une cavalerie allemande, employée notamment en Ukraine. Seule demeure condamnée la tragique témérité de la cavalerie polonaise, chargeant, en 1939, à la lance contre les chars. Tandis que la Wehrmacht développe ses Panzer, et l’armée américaine ses « armoured », la France est amenée, lors de sa rentrée en guerre en 1943, à répartir les missions de la cavalerie entre les unités à cheval et les unités motorisées ou blindées. C’est la création de l’arme blindée-cavalerie, qui, sous le sigle ABC, a totalement pris désormais la relève de l’ancienne cavalerie.