Caracas (suite)
Caracas, centre artistique
Urbanisme et architecture
La ville de Caracas fut élevée selon le plan habituel des villes espagnoles : des rues rectilignes autour du carré de la Grand-Place, flanquée de la cathédrale et de l’hôtel de ville ; elle conserva cet aspect jusqu’en 1940, date à laquelle on décida de la remodeler. Elle ne comptait alors que 300 000 habitants.
L’architecte Carlos Raúl Villanueva (né en 1900) fut chargé, avec le Français Maurice Rotival, de diriger l’opération. Si l’ancien centre et la cathédrale furent préservés, la ville, perdant les maisons anciennes qui bordaient ses rues étroites, se groupa autour d’un nouveau pôle, le centre Simón Bolívar, entre les deux tours duquel la circulation automobile est canalisée par un passage souterrain.
Mais, dans son impétueux développement, elle a fait éclater son noyau urbain. Après avoir occupé les terres des haciendas à l’est de sa vallée, elle a déboisé ses collines pour y élever des villas modernes entourées de jardins ainsi que des immeubles collectifs, chacun surpassant l’autre dans sa recherche architecturale. Le paysage urbain de la nouvelle Caracas est ainsi l’un des plus originaux qui soit, dominé par l’hôtel Humboldt, remarquable édifice de section circulaire, d’une vingtaine d’étages, élevé au sommet du mont Ávila par Tomás José Sanabria (né en 1922).
Peinture
La grande vitalité dont fait preuve aujourd’hui la peinture vénézuélienne est l’aboutissement d’une évolution de quatre siècles. L’époque coloniale développe un art religieux et un art du portrait d’une indéniable qualité. Après l’indépendance, les peintres manifestent leur talent dans de grandes compositions historiques. L’un d’entre eux, Martín Tovar y Tovar (1828-1902), a été qualifié par le peintre mexicain David Alfaro Siqueiros de plus grand moraliste latino-américain du xixe s.
Armando Reveron (né en 1890), artiste de dimension universelle autant que lié à la culture de son pays, domine la première moitié de ce siècle. Après la Seconde Guerre mondiale, Alejandro Otero (né en 1921) est le premier à venir à Paris prendre contact avec les nouveaux courants plastiques. Après son retour à Caracas, ses recherches géométriques aboutiront notamment à la série des « colorritmos ».
Parmi les peintres travaillant à Paris, il faut citer Jesús Raphaël Soto* et Carlos Cruz Diez, qui appartiennent à l’art cinétique*, ainsi qu’Hector Poleo, dont les œuvres récentes évoluent vers une libération de toute contrainte et de toute tendance. On peut dire, sommairement, que la peinture vénézuélienne d’aujourd’hui se partage entre quatre grands courants : l’abstraction à tendance « constructive », l’expressionnisme abstrait, le cinétisme et la nouvelle figuration.
La Cité universitaire
Elle a été construite par Villanueva, qui a voulu réaliser dans son noyau central l’intégration des arts plastiques — décor mural, vitrail, sculpture — à la création architecturale. Très réussie, cette œuvre reste un exemple unique. Villanueva fit appel à des artistes étrangers, dont Léger*, Arp*, Vasarely*, Calder* (mobiles du grand amphithéâtre), et aux Vénézuéliens, parmi lesquels Otero, Soto, Poleo, Mateo Manaure, Osvaldo Vigas, Armando Barrios, Miguel Arroyo.
J. R. de A.
A. Boulton, Historia de la pintura en Venezuela (Caracas, 1964-1968 ; 2 vol.). / G. Gasparini, La arquitectura colonial en Venezuela (Caracas, 1965). / E. Bullrich, Arquitectura latinoamericana 1930-1970 (Buenos Aires, 1969).
M. R.