Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Benz (Carl Friedrich) (suite)

En 1878, il construit un moteur à gaz fonctionnant selon le cycle à deux temps, qu’il commercialise en 1880, ce qui lui permet de trouver des concours financiers et de fonder en 1883 la « Benz & Co., Rheinische Gasmotorenfabrik », dont le siège est à Mannheim. En 1885, il étudie un tricycle à moteur dont l’ossature relève de la technique traditionnelle du cycle. La roue avant est motrice. La transmission s’effectue par courroie jusqu’au pont arrière à engrenages différentiels, puis par chaînes jusqu’aux deux roues arrière motrices. Le moteur développe une puissance de trois quarts de cheval, et, avec deux personnes à bord, le tricycle roule à 12 km/h. En 1886, Benz prend un brevet pour un moteur à gaz fonctionnant avec des produits volatils comme carburant. Il croit être le premier, mais Daimler l’a devancé d’un an dans cette voie. Il lui reste la satisfaction d’avoir construit le premier tricycle à moteur à explosion fonctionnant à l’essence, qu’il transforme, la même année, en un quadricycle. Malheureusement, il a commis une erreur qui va peser lourdement sur l’essor commercial de ses réalisations : ses véhicules sont peu maniables. Comme il en attribue la cause à la réaction que le volant moteur vertical exerce sur la direction, il décide de placer le moteur en position horizontale, au-dessus de l’essieu arrière. En réalité, l’instabilité de la direction est due à une mauvaise répartition des masses, que l’essieu arrière supporte en presque totalité. La solution qu’il préconise est inopérante, et le moteur, qui n’est pas correctement équilibré, transmet des vibrations importantes au châssis, notamment au point mort et au ralenti, tout en introduisant un mouvement de louvoiement perceptible en marche. Le public s’effraie, et les quadricycles Benz ne connaissent aucun succès dans leur pays d’origine, alors qu’ils commencent à être vendus aux États-Unis, en Angleterre et en France.

Carl Benz répugne à changer de méthode. Lorsqu’il se décide à sacrifier à la mode du moteur monocylindrique vertical, les résultats sont décevants. Lassé, il transforme, en 1899, son affaire en société anonyme, et se retire à Ladenburg. Intervenant alors, les techniciens français modifient complètement les conceptions de Benz, et, pendant quelques années, on voit apparaître les Parsifal-Benz, qui obtiennent un grand succès. En 1926, la compagnie Benz fusionne avec la compagnie Daimler pour la production, à Stuttgart-Untertürkheim, des voitures Mercedes.

J. B.

➙ Automobile.

benzolisme

Maladie professionnelle due à la manipulation du benzol ou de ses dérivés.



Les intoxications par le benzène

• L’intoxication aiguë par le benzène est rare ; elle est due à une ingestion accidentelle de plusieurs dizaines de grammes, qui peut provoquer une somnolence, un état ébrieux, des convulsions et un coma. Cette intoxication aiguë, traitée en service de réanimation, guérit en général sans séquelles. Des complications pulmonaires peuvent toutefois être observées.

L’inhalation d’une atmosphère chargée en vapeurs de benzène peut provoquer une intoxication aiguë avec malaises, vomissements, agitation, coma.

• L’intoxication chronique, ou benzolisme, ignorée pendant longtemps, a été démontrée lors d’études de médecine du travail sur des sujets exposés pendant une longue période aux solvants benzéniques.

Une fraction du benzène inhalé est rejetée par la voie pulmonaire, mais une autre, allant de 15 à 60 p. 100, demeure dans l’organisme.

Une partie se fixe dans les organes (surtout les tissus adipeux et la moelle osseuse) ; une oxydation hépatique le transforme partiellement en phénol et en différents composés phénoliques. Ces phénols subissent des transformations (formation de sulfo-conjugués) facilitant l’excrétion urinaire.

La toxicité particulière sur les organes formateurs des cellules sanguines est de loin la plus redoutable. Le benzène est le plus dangereux de tous les solvants.

L’intoxication benzénique professionnelle provoquée par l’inhalation répétée de petites doses est insidieuse. Parfois, elle est annoncée par une fatigue anormale avec pâleur des téguments et manifestations hémorragiques (ecchymoses spontanées, saignements de nez, purpura, etc.). Les cellules sanguines touchées peuvent appartenir à des lignées différentes ; les anémies aplasiques sont la conséquence d’une absence de formation de globules rouges ; les leucopénies et les neutropénies peuvent aller jusqu’à la disparition totale des globules blancs du sang et réaliser une agranulocytose ; les thrombopénies (diminution des thrombocytes, ou plaquettes) sont, avec l’exagération de la fragilité capillaire (signe du lacet), responsables des manifestations hémorragiques (ménorragies, gingivorragies, purpura).

L’atteinte sanguine peut même être globale, résultant d’une altération profonde ou même d’un arrêt de la formation des cellules du sang dans la moelle osseuse.

À côté de cette action destructrice des éléments figurés du sang, le benzène est responsable de troubles de la formation et de la maturation des leucocytes, entraînant une augmentation de leur nombre dans le sang (état leucémoïde) ou même une dégénérescence maligne de ces cellules (leucoses, leucémies*). Qu’il s’agisse d’insuffisance médullaire ou de prolifération anormale, les effets du benzène sont très prolongés et cumulatifs.

La concentration maximale tolérable des vapeurs de benzène dans l’air est fixée par les textes réglementaires à 0,1 g/m3, mais le risque peut exister pour des concentrations inférieures chez les sujets sensibles (sujets jeunes, femmes enceintes, sujets atteints d’insuffisance hépatique ou souffrant d’affections hématologiques, même anciennes).

Les méthodes de détection et de détermination dans l’air utilisent des appareils à réponse instantanée à tubes réactifs, des techniques de chromatographie en phase gazeuse, de spectrographie ultraviolette ou de nitration suivie de colorimétrie.

Toutes ces techniques sont rendues complexes par la nécessité de séparer les homologues du benzène (toluènes, xylènes), qui provoquent des troubles digestifs, mais dont la toxicité sanguine est beaucoup moindre, sinon nulle.