Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bénédictins (suite)

Nous sommes plus riches en abbayes de l’époque romane, l’âge d’or de l’architecture bénédictine. Dès les alentours de l’an mille, les abbatiales fleurissent. À Cluny*, saint Maïeul conçoit un édifice à plusieurs absides orientées qui s’échelonnent en profondeur décroissante à partir de l’abside principale vers les extrémités du transept. Ce plan fut repris par l’abbé Guillaume de Volpiano pour l’abbaye de Bernay, en Normandie. De là, il passa plus tard en Angleterre et connut un peu partout un tel succès qu’on l’a parfois appelé plan bénédictin, bien qu’il n’ait pas été le seul employé et bien qu’on le trouve dans des édifices non monastiques. Le même Guillaume de Volpiano avait utilisé un plan tout différent à Saint-Bénigne de Dijon, dont la partie orientale se terminait par une rotonde à double déambulatoire. Le plan d’église qui était appelé au plus grand avenir est celui de Saint-Benoît-sur-Loire, dont le sanctuaire a été construit au-dessus et autour des reliques mêmes de saint Benoît. Un déambulatoire entoure l’abside centrale de la crypte où repose la châsse du fondateur de l’ordre, et sur le déambulatoire s’ouvre une couronne de chapelles rayonnantes. Ce plan, qui convenait le mieux au culte des reliques célébré par des foules de pèlerins, fut adopté par saint Hugues pour l’abbatiale de Cluny III. Il semble que Cluny ait joué un rôle important dans le développement des pèlerinages, notamment vers Saint-Jacques-de-Compostelle*, car l’ordre soutenait la reconquête en Espagne du Nord. Le long des chemins de Saint-Jacques s’élevèrent de nombreux monastères bénédictins, tels Saint-Martial de Limoges, Sainte-Foy de Conques, Moissac ou Saint-Gilles en France, Leyre, San Juan de la Peña, Santo Domingo de Silos en Espagne. En Angleterre, l’expansion bénédictine fut remarquable après Hastings, sous l’impulsion du moine primat d’Angleterre Lanfranc (v. 1005-1089). En Italie, l’abbé Desiderio (v. 1027-1087) donna dans la seconde moitié du xie s. un grand éclat au monastère de saint Benoît, le mont Cassin. En Allemagne, la congrégation d’Hirsau fonda de nombreux couvents. Il y eut aussi des monastères en Sicile, en Suisse, aux Pays-Bas.

Les fondations bénédictines se firent ensuite plus rares. Pourtant, l’architecture bénédictine produisit encore des chefs-d’œuvre : le chœur de Suger à Saint-Denis*, le chevet de Saint-Germain-des-Prés à Paris, ceux de Saint-Remi de Reims* et de Vézelay. De 1203 à 1228, les moines du Mont-Saint-Michel* édifient la Merveille. Plus tard, la Chaise-Dieu, Saint-Jacques de Liège adoptent le style flamboyant.

Après le fléchissement de la Renaissance, un renouveau se dessine aux xviie et xviiie s., en particulier en France, avec la congrégation de Saint-Maur, qui rebâtit les monastères dans le style de : l’époque, et en Allemagne du Sud, en Autriche et en Suisse, où s’élèvent d’admirables églises baroques. La Révolution et l’Empire entraînent le déclin mais non la disparition de toutes les abbayes.

L’art bénédictin ne s’est pas limité à l’architecture. Les abbatiales et les cloîtres étaient ornés de peintures et de sculptures. Le portail de Vézelay, le cloître de Moissac, les fresques de Saint-Savin* rappellent, parmi beaucoup d’autres exemples, la richesse artistique de l’ordre. Dans les monastères du haut Moyen Âge étaient enluminés les manuscrits. Il y eut des moines fondeurs, orfèvres, ivoiriers, peintres et sculpteurs. L’art médiéval, jusqu’au xiiie s., a été pour une grande part bénédictin.

A. P.

➙ Gothique (art) / Moyen Âge (art du haut) / Roman (art).

 L. H. Cottineau, Répertoire topobibliographique des abbayes et prieurés de l’ordre de saint Benoît (Protat, Mâcon, 1939 ; 2 vol.). / M. Eschapasse, l’Architecture bénédictine en Europe (Éd. des Deux-Mondes, 1964).

Benelux

Ensemble économique formé par la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg (belgique, nederland, luxembourg).


Les accords, l’un monétaire, l’autre douanier, signés à Londres en 1943 et 1944 constituèrent une première étape vers une union économique entre la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. Mais, du fait que les Pays-Bas étaient sortis plus éprouvés de la guerre, le Benelux ne naquit que le 1er janvier 1948, sous la forme d’un protocole signé à La Haye, en mars 1947, protocole qui abolissait les droits de douane entre les trois pays et fixait à l’égard des pays tiers un tarif douanier commun.

En 1949 est conclu un accord de préunion qui consacre le principe d’une totale liberté de commerce pour les produits nationaux ; en 1954 est autorisé le libre transfert des capitaux ; en 1958, c’est la dernière étape avec la signature d’un traité qui entre pleinement en vigueur en novembre 1960 et constitue officiellement une union économique entre les trois pays.

Les trois gouvernements s’efforcent de coordonner leur politique sur le triple plan économique, financier et social. Agissant, pour les pays tiers, comme une véritable entité, l’organisation est dirigée par un conseil de ministres assisté d’un conseil économique et social et d’un conseil interparlementaire. Des commissions spécialisées règlent la marche administrative, tandis qu’un collège arbitral tranche les litiges. Le secrétariat général siège à Bruxelles.

Bien que les trois pays intéressés soient membres des Communautés européennes, les accords relatifs au développement du Benelux restent en vigueur.

P. P.

➙ Belgique / Europe / Luxembourg / Pays-Bas.

 F. Gay et P. Wagret, le Benelux (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1960 ; 4e éd., 1970). / A. Gamblin, Géographie du Benelux (C. D. U., 1960 ; nouv. éd., 1965-1970 ; 5 vol.). / A. Mast, les Pays du Benelux (L. G. D. J., 1960). / J. Karelle et F. de Kemmeter, le Benelux commenté (Bruylant, Bruxelles, 1961). / P. George et R. Sevrin, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg (P. U. F., coll. « Magellan », 1967).