Bavière (suite)
• La Bavière dans la République. La Première Guerre mondiale se termine par une révolution inattendue. Louis III, qui règne depuis novembre 1913, renonce à l’exercice du pouvoir en novembre 1918, devant un mouvement de rues déclenché par le socialiste indépendant Kurt Eisner, journaliste à peine sorti de prison. Dans une Allemagne en effervescence, les élections de janvier 1919 traduisent, en Bavière comme ailleurs, un équilibre précaire entre partis bourgeois et socialistes majoritaires. À Kurt Eisner, assassiné le 21 février, succède un gouvernement social-démocrate que risque d’évincer, le 7 avril, une république des soviets. Une intervention militaire met un terme, le 2 mai, non seulement à la tentative communiste, mais encore à l’expérience socialiste.
L’orage laisse des séquelles : les organisations armées de droite (la garde civique dite « Orgesch ») et des petits groupes révolutionnaires. Par ailleurs, la dégradation de l’État de Bavière, réduit à un simple Land par la Constitution de Weimar, ne peut que blesser la fierté bavaroise. Durant l’année catastrophique de la Ruhr, Ludendorff et Hitler tentent (8 nov. 1923) un putsch, réprimé mollement.
Dorénavant, le parti populaire bavarois (Bayerische Volkspartei), successeur du Zentrum, gouverne le pays avec Heinrich Held (1924-1933). Chrétien et fédéraliste, celui-ci s’efforce d’obtenir du Reich la subvention qui permet d’exonérer les paysans. Il ne cherche pas à empêcher sérieusement les manifestations qui traduisent les maux de la déflation et ressuscitent des tendances séparatistes ou les poussées du radicalisme. Aux élections de 1932, le parti bavarois conserve 45 sièges, mais la NSDAP (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei) en conquiert 43. Un ministère d’Affaires songe, après le 30 janvier 1933, à faire appel au prince Rupprecht († 1955), qui doit céder devant les menaces — les hommes de Röhm, le commissaire du Reich von Epp, le camp de Dachau.
• Absorption et renaissance. Hitler peut organiser dès lors ses grandes parades à Nuremberg et choisir le site romantique de Berchtesgaden comme résidence secondaire, affirmant ainsi l’unité sans faille d’un IIIe Reich enraciné aussi profondément en Bavière qu’en Prusse. En fait, l’originalité de la Bavière, faite de « bonhomie nonchalante et libérale » (Burgelin) autant que d’attachement aux traditions de l’ancien royaume, exclut l’adhésion profonde au régime hitlérien. Durant la Seconde Guerre mondiale, il y aura en Bavière des actes courageux de résistance. Quand le pays est occupé par les Américains (1945), les Bavarois reprennent la voie fédéraliste, d’autant plus facilement que les limites historiques de leur Land sont respectées. Branche autonome du parti chrétien démocrate d’Adenauer, l’Union chrétienne sociale (Christlich-Soziale Union, CSU) prend la relève du parti populaire. Elle accepte le principe de l’« école de communauté chrétienne », mais le corrige dès 1950 par la loi des écoles minoritaires (Zwergschulen), qui seront catholiques. Franz Josef Strauss accentue son originalité en 1965, en revendiquant pour son programme une portée allemande et européenne.
F. L.
➙ Allemagne / Augsbourg / Confédération germanique / Munich / Ratisbonne.
P. Le Bras, États de la Confédération germanique (Didot, 1842). / M. Döberl, Entwicklungsgeschichte Bayerns (Munich, 1906-1931 ; 3 vol.). / M. Dunan, Napoléon et l’Allemagne. Le système continental et les débuts du royaume de Bavière (Plon, 1942). / B. Hubensteiner, Bayerische Geschichte (Munich, 1950 ; 5e éd., 1967). / K. Bosl (sous la dir. de), Bayern (Stuttgart, 1961) ; Bayern im Umbruch (Munich, 1969). / M. Spindler (sous la dir. de), Handbuch der bayerischen Geschichte (Munich, 1967-1969 ; 2 vol.). / E. R. Huber, Deutsche Verfassungsgeschichte seit 1789 (Stuttgart, 1969).