Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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zodiaque (suite)

• Les astrologues prétendent interpréter la position des « planètes » ainsi que de certains points symboliques (ascendant, nœuds de l’orbite lunaire, etc.) dans le thème de naissance d’un individu par des influences sur sa personnalité ou le déroulement de sa vie. La référence est ici encore le zodiaque des signes, avec l’emploi de l’ensemble de la zone de 15° de large. Mais l’essence même de l’astrologie implique, cette fois, que l’on tienne compte du fond des étoiles. On se heurte alors à deux objections graves.

La première est le phénomène de la précession des équinoxes, découvert par Hipparque vers l’année 130 av. J.-C. Ce phénomène consiste en une rétrogradation du point γ, origine du zodiaque, sur l’écliptique à raison de 50″ par an. Or, le passage du Soleil en ce point marque toujours l’équinoxe de printemps et le zéro du Bélier dans les signes. L’effet de la précession, depuis Hipparque, est déjà de 28°, soit près d’un signe entier, de sorte que le signe du Bélier correspond, à l’heure actuelle, très sensiblement à la constellation des Poissons. Le même décalage affecte naturellement la suite entière des signes. La seconde difficulté est que le zodiaque, élargi à 15°, couvre tout ou partie de bien plus de douze constellations ; au Serpentaire, déjà traversé par l’écliptique lui-même, il faut ajouter maintenant dans l’ordre : la Baleine, Orion, le Cocher, l’Hydre, le Sextant, le Cratère, le Corbeau, la Queue du Serpent et l’Écu. C’est dans toutes ces constellations, en plus des douze traditionnelles, que l’on risque de trouver à certaines dates l’une ou l’autre des « planètes ».

Les astrologues se défendent maintenant d’avoir jamais attribué le moindre rôle aux étoiles dans le jeu des « influences », puisque les astres fixes se dérobent progressivement au canevas des « signes » tel qu’ils le définissent, ce qui met en question logiquement l’appellation même de leur art. Ils invoquent à l’appui le peu ou l’absence de ressemblance de beaucoup de constellations avec l’objet ou l’être dont elles portent le nom, ce qui est généralement exact ; mais le Lion, le Scorpion, les Gémeaux, au moins, ne sont pas si mal dessinés dans le ciel par leurs étoiles principales. De plus, on ne peut oublier qu’au temps d’Hipparque il y avait bien coïncidence entre les signes et les constellations ; ce serait un bien étrange hasard que la succession fût si exactement la même dans les deux séries et que le zéro du zodiaque se trouvât précisément là où le Soleil entrait, à l’époque, dans la constellation dont le premier signe porte toujours le nom, bien qu’il l’ait quittée. En outre, les interprétations astrologiques ne manquent pas de s’inspirer des noms des constellations (ressemblantes ou non) qui, dans le passé, correspondaient aux signes, en attachant au Scorpion la causticité et la fourberie, au Lion un caractère aux penchants dominateurs, à la Vierge la douceur, etc. Pourtant, quand les horoscopes énoncent gravement que l’humanité, en 1973, est sous l’effet de la présence de Saturne dans les Gémeaux, l’astronome, quant à lui, admire la planète tout à côté d’Aldébaran, la principale du Taureau. Si, par conséquent, l’on veut attribuer une signification quelconque au zodiaque des astrologues, il faut au préalable le vider de toute étoile. Il reste, paraît-il, une suite de « directions » saisonnières de l’espace dont les « influences actives » continuent de s’inspirer dans leur nature des noms des constellations.

Pour l’observateur du ciel, le zodiaque sera toujours la suite familière des figures étoilées, dont le retour marque celui des saisons, avec un décalage imperceptible à l’échelle d’une vie, et cela d’autant plus que l’astronome observe la nuit entière. S’il examine les Gémeaux le soir au sortir de l’hiver, il saura les retrouver dès l’été dans le ciel du matin ; de même l’Aigle, constellation estivale typique en fin de nuit dans les premiers mois de l’année et le soir jusqu’à la fin de l’automne. Les astronomes, d’ailleurs, n’ont pas voulu que, par l’effet de la précession, les étoiles changent de constellation en franchissant les unes après les autres les limites de celle où elles se trouvent actuellement. À cette fin, ils ont défini de façon exacte, vers 1925, les limites de toutes les constellations adoptées par les lignes tracées selon des coordonnées qui suivent la précession avec l’ensemble du ciel. Seuls les mouvements propres, pour les plus importants, peuvent donc ajouter ou retrancher ici ou là, de loin en loin, quelques étoiles transfuges.

P. M.

 G. Camille-Flammarion et A. Donjon, Astronomie populaire Camille Flammarion (Flammarion, 1955). / G. Messadié, le Zodiaque à 24 signes (Stock, 1973).

Zohar (le)

Important ouvrage de la littérature cabaliste.


Le Livre de la Splendeur (Zohar), investi d’une autorité quasi canonique, a été, dès son apparition, le livre clé de la cabale*. Sa première édition imprimée, parue à Mantoue de 1558 à 1560, fut suivie de celle de Crémone (1560). Des passages qui manquaient dans le manuscrit reproduit par l’édition princeps ont été publiés séparément à Mantoue en 1558 (Tikkuney haz-Zohar). Il y a eu ensuite près de quatre-vingts éditions. Une traduction hébraïque du texte araméen parut au xive s. Christian Knorr von Rosenroth le traduisit en latin dans sa Caballa denudata (1684). Le Zohar a été traduit, au moins en partie, dans beaucoup de langues occidentales. Les premiers manuscrits ont circulé en Castille avant 1275. Ceux que l’on connaît aujourd’hui sont, entre autres, ceux de la Vaticane (copié vers 1350) et de Cambridge (fait après 1450).

Le terme de Zohar est emprunté au livre de Daniel (XII, 3), connu aussi sous le nom de Midrash de Rabbi Siméon bar Yohay ou de Midrash haz-Zohar. Rédigé en araméen, le Zohar a la forme d’un commentaire homilétique sur le Pentateuque, Ruth, le Cantique des cantiques et le premier chapitre d’Ézéchiel. Par une interprétation mystique (Sod), on veut fournir des enseignements sur la Nature divine, la Révélation, les mystères du Nom divin, l’Ame, le Bien et le Mal, le Messie, la Rédemption finale.