Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Autruche (suite)

Ces « Oiseaux ratés » que sont l’Autruche et ses « cousins évolutifs » sont parfaitement adaptés à la vie des steppes et des déserts tropicaux. L’Afrique possède l’Autruche (Struthio camelus), les pampas d’Amérique du Sud le Nandou (Rhea americana), le bush australien l’Emeu (Dromiceius novœ-hollandiœ) ; l’Asie a perdu son représentant avec la récente disparition de l’Autruche d’Arabie, tuée et mangée pendant la Seconde Guerre mondiale.

Tous ces Oiseaux sont munis de pattes puissantes, aux ongles robustes, armes redoutables si besoin est, et ils peuvent courir à des vitesses exceptionnelles (50 km/h). Ils vivent en troupes, et leur vigilance est rarement mise en défaut. Ces troupes s’associent volontiers à des bandes de Ruminants, mais elles ne s’éloignent guère des points d’eau et ne peuvent rivaliser en sobriété avec les Dromadaires ou les Gazelles.

Deux types se différencient des précédents par leur habitat forestier et leurs mœurs nocturnes : le Casoar (Casuarius casuarius), du nord de l’Australie et de Nouvelle-Guinée, et surtout le Kiwi (Apteryx australis), des marécages boisés de Nouvelle-Zélande. Ce dernier, de la taille d’un poulet, se distingue de tous les autres Oiseaux par tant de caractères (pas d’ailes, plumes sans barbules, narines au bout du bec, poils tactiles, odorat développé...) qu’il a fait l’objet d’études poussées.

Dans l’ensemble, ces grands Oiseaux coureurs sont végétariens, mais ils complètent volontiers leur menu avec des Insectes, des Lézards ou de petits Rongeurs. On sait que l’Autruche avale des pierres pour aider à sa digestion : cette habitude se transforme parfois en captivité en une pittoresque kleptomanie qui lui fait receler dans son estomac maints objets hétéroclites.

À l’exception du Casoar, solitaire agressif et dangereux même pour l’Homme, les Ratites vivent en troupes, mais, au printemps, les mâles d’Autruche et de Nandou s’isolent avec leur harem, tandis que l’Emeu, monogame, fait une cour assidue à sa femelle. Ce sont les mâles qui nidifient et couvent la plupart du temps. Les œufs sont nombreux : 6 pour le Casoar, 15 pour l’Emeu, une vingtaine pour l’Autruche, 50 pour le Nandou et... 1 pour le Kiwi, mais d’une livre !

Depuis l’Antiquité, les Autruches furent traquées pour leurs plumes, le Nandou pour ses plumes, sa viande et le « sport », l’Emeu pour sa chair délicate et en raison des dégâts qu’il commet dans les cultures (une véritable guerre lui fut livrée, mais vainement, en 1930 dans l’Ouest australien). Le Casoar, qui bénéficie de l’hostilité du milieu et de sa redoutable humeur, ne semble guère en danger tant que subsistera la forêt vierge de la région papoue. Avec l’élevage de l’Autruche, tenté dès 1860 et réussi en Afrique du Sud, l’apprivoisement facile du Nandou, l’élevage de l’Emeu comme « Oiseau de boucherie », il semble que soit évité aux espèces actuelles le sort de leurs proches parents, éteints du fait direct ou indirect de l’Homme. Le Dinornis, ou Moa des Néo-Zélandais, proche de l’Aptéryx, ne semble avoir disparu que peu avant le passage du capitaine Cook ; une espèce voisine de la même région, Megalapteryx Hectori, existait au xixe s. (et subsisterait peut-être encore d’après une récente expédition). À Madagascar, l’Æpyornis, ou Vorompetta, mesurait 3 m, pesait 500 kg et vivait sans conteste au xviie s. (le dernier exemplaire a peut-être été tué du vivant de Buffon).

M. H.

Autun

Ch.-l. d’arrond. de Saône-et-Loire, sur l’Arroux ; 22 949 hab. (Autunois).


Malgré un essor récent assez rapide, l’importance d’Autun est médiocre par rapport à son rôle ancien, et la ville actuelle remplit à peine l’enceinte antique. Autun était bien placée pour commander le passage entre le bassin de la Saône et ceux de la Loire ou de la Seine. Le rayonnement de la cité tenait à ses écoles, et son influence proche fut efficace : le vignoble de Bourgogne naquit sans doute de l’initiative des habitants de la ville d’Autun, et il s’arrête là où s’achevait la cité des Eduens.

Autun, comme Langres, a souffert du déclin des villes de seuil au profit des centres situés sur les fleuves qu’ils font communiquer ou dans les plaines qu’ils dominent. Mais la ville demeura active au Moyen Âge et à l’époque moderne.

Malgré la proximité de la houille d’Épinac-les-Mines, des schistes bitumineux du bassin d’Autun, la ville a végété au xixe s. Elle joue à l’heure actuelle un rôle local. Elle doit davantage à ses industries traditionnelles (comme l’ameublement, la chaussure) ou plus modernes (comme la construction mécanique) qu’à ses fonctions de service. L’essor récent s’est traduit par la création d’une zone industrielle et par celle d’une Z. U. P.

P. C.


L’histoire

L’antique Augustodunum est une fondation de l’empereur Auguste (15-10 av. J.-C.) ; elle remplaça en fait l’oppidum voisin, Bibracte (mont Beuvray), héritant de sa renommée sans conserver son caractère de place forte de la nation éduenne. Dès l’origine, les Scholae moenianae accueillirent à Autun les fils de l’aristocratie éduenne et gauloise, qui y acquéraient la culture latine et assimilaient les principes de la politique et de l’administration romaines. Le forum, orné de monuments de marbre et pourvu de galeries marchandes (forum Marciale), était longé par la chaussée d’Agrippa, sur la voie de Lyon à Boulogne. Malgré cette position sur un itinéraire important, Autun n’était pas un carrefour naturel ; Lyon, mieux placée, l’éclipsa progressivement, mais Autun resta longtemps encore célèbre par ses écoles.

Pourvue d’une enceinte fortifiée de 6 km de longueur, la ville ne résista cependant pas aux assauts des Barbares : les mercenaires bataves (et non bagaudes, comme on l’a cru longtemps) de Tetricus l’assiégèrent sept mois en 269-270, puis la saccagèrent. Pour remédier à son dépeuplement, Constance Chlore y fit venir des colons et invita le rhéteur Eumène, Autunois d’origine grecque, à reprendre en main les écoles.

En 355-356, des Barbares, qui assiégeaient Autun, furent contraints de se retirer, mais Ammien Marcellin, qui se trouvait là, fut frappé par l’état de délabrement des remparts, dont la longueur n’avait plus aucun rapport avec l’étendue de la ville : celle-ci n’occupait plus qu’une très petite partie de l’enceinte fortifiée.