Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Autriche (suite)

• Les chanceliers : les élections (oct. 1920) amènent une majorité de chrétiens-sociaux, qui se maintient jusqu’en 1938. À l’exception de Johann Schober (1921-1922 et 1929-1930), tous les chanceliers sont chrétiens-sociaux : Mgr Ignaz Seipel (1922-1924), Rudolf Ramek (1924-1926), Mgr Ignaz Seipel (1926-1929), Ernst Streeruwitz (1929), Carl Vaugoin (1930), Otto Ender (1930-1931), Karl Buresch (1931-1932), Engelbert Dollfuss (1932-1934), Kurt von Schuschnigg (1934-1938).

• Vie politique et économique : de graves difficultés économiques résultent de la dislocation du système austro-hongrois. L’inflation (1922), combattue par Mgr Seipel, reprend en 1930. Des mouvements autonomistes se font jour au Tyrol et en Carinthie. Développement du parti socialiste et, à partir de 1930, des nationaux-socialistes, partisans de l’Anschluss, réunion de l’Autriche à l’Allemagne. Des milices (Heimwehren), qui s’étaient constituées dans le Sud contre les Slaves (1918), attaquent ouvertement les milices ouvrières créées par les socialistes (Schutzbund). Le gouvernement lutte contre les socialistes (écrasement des émeutes de Linz et de Vienne, 1934) et contre les nazis (parti nazi interdit en 1933), en s’appuyant sur le parti chrétien-social. Après l’assassinat de Dollfuss par les nazis (juill. 1934), Schuschnigg poursuit la même politique, mais il est de plus en plus isolé.

• 12 février 1938 : ultimatum de Hitler, imposant l’introduction des nazis dans le Front patriotique et la nomination d’un nazi au ministère de l’Intérieur. Occupation de Vienne (11 mars). L’Autriche devient province du Reich (Ostmark), dirigée par un Reichskommissar dépendant directement de Berlin ; c’est l’Anschluss.


L’Autriche de l’Anschluss (1938-1945)

• Amalgame austro-allemand dans l’armée et l’Administration.

• L’opposition subsiste chez les catholiques (malgré le ralliement de la hiérarchie) et les organisations ouvrières clandestines.

• 1945 : entrée des troupes russes et occidentales. Formation d’un gouvernement national. L’Autriche est divisée en quatre zones d’occupation.

P. P.


L’art autrichien

C’est à partir de 1683, l’année de la levée du siège de Vienne par les Turcs, que l’Autriche, qui n’a été jusque-là que l’un des pays de l’Empire allemand, et qui vient de sauver l’Europe, prend conscience de sa propre vocation européenne.


L’architecture baroque

L’Autriche a été touchée précédemment par un art baroque purement italien, qui s’est manifesté dans la région de Salzbourg*. Mais ce qui se produit à Vienne* à partir des dernières années du siècle est d’une autre importance. Trois grands architectes arrivent à Vienne presque simultanément et y créent le type de palais qui détermine l’un des aspects de la ville en même temps que de tout le baroque autrichien, sans que l’on soit très fixé sur la part respective qu’ils y ont prise : Johann Bernhard Fischer von Erlach (1656-1723), l’Italien Domenico Martinelli (1650-1718) et Johann Lukas von Hildebrandt (1668-1745). Deux caractères, en particulier, se retrouvent le plus souvent dans les palais viennois et dans les palais apparentés, soit de Salzbourg, soit de Prague* : des escaliers monumentaux profusément sculptés, des atlantes qui servent de supports dans ces escaliers ou qui flanquent les portes d’entrée. Le chef-d’œuvre de Hildebrandt est l’admirable double palais du Belvédère (1714-1723), construit pour le Prince Eugène. Fischer von Erlach, en dehors de ses palais, conçoit les plans de l’imposante Bibliothèque nationale dans la Hofburg (v. 1700) et est l’auteur de la Karlskirche (1716-1722, achevée par son fils Joseph Emanuel), à la façade flanquée de deux colonnes imitées de la colonne Trajane. Le plan général de cette église est celui d’un ovale dont le grand axe est perpendiculaire à la façade, comme à la Peterskirche (1702-1708) de Hildebrandt.

Le grand architecte religieux de l’Autriche est cependant Jacob Prandtauer (1660-1726), maître maçon et sculpteur, favori des grands monastères et que l’on trouve partout avec ses élèves, singulièrement avec son neveu Josef Munggenast (1680-1741). Son chef-d’œuvre précoce est l’abbaye de Melk (1702-1706), qui se dresse dans une situation incomparable sur le Danube. Une terrasse s’avance en proue ; au fond s’élève l’église, flanquée de deux bâtiments dont l’un est la somptueuse bibliothèque, tandis qu’une aile immense, sans ornements, se développe perpendiculairement. À Sankt Florian, Prandtauer achève, par un génial escalier, l’œuvre de l’Italien Carlo Antonio Carlone († 1708). D’autres architectes d’abbayes sont Donato Felice d’Allio (v. 1677-1761), dont l’immense projet pour Klosterneuburg ne fut réalisé qu’en faible partie, et Matthias Steinl (v. 1644-1727), qui travailla à Zwettl avec Josef Munggenast.


Sculpteurs autrichiens de l’âge baroque

En dehors des décorateurs, en général adroits, des églises et des palais, l’Autriche a produit quelques sculpteurs d’une individualité marquée. Le plus étrange est Balthasar Permoser (1651-1732). Originaire de Bavière, il manifesta dans les pavillons du Zwinger, à Dresde, un baroque délirant. Rien n’égale pourtant en verve irrationnelle son Apothéose du Prince Eugène (musée du Baroque à Vienne), combinaison invraisemblable de formes déchiquetées. Georg Raphael Donner (1693-1741) fait contraste avec Permoser. Ce Viennois type, amateur de grâce et de formes coulantes, est célèbre par ses statues de plomb qui ornaient la fontaine du Neuer Markt et qui marquent la transition du baroque à un style néo-classique. Quant à Franz Xaver Messerschmidt (1736-1783), il a surtout frappé par ses grimaçantes études de caractère.


Peintres baroques d’Autriche

Parmi les peintres — pour la plupart fresquistes — qui ont orné de leurs ouvrages les palais et surtout les églises du xviiie s. dans toute l’Europe centrale, ce sont probablement les Autrichiens qui dominent. Deux d’entre eux sont nés vers la fin du xviie s. : Daniel Gran (1694-1757) et Paul Troger (1698-1762), qui se sont formés en Italie, notamment auprès de Francesco Solimena. La meilleure décoration du premier est sans doute, en 1730, celle de la Bibliothèque nationale de Fischer von Erlach dans la Hofburg, où, avec une grande liberté, il a associé aux figures volantes des personnages accoudés à un balcon en trompe l’œil. Paul Troger a travaillé pour les abbayes d’Altenburg, Melk, Zwettl...