Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Tiepolo (les) (suite)

Appelé à Würzburg par le prince-évêque en 1750, il y peint de 1751 à 1753 les fresques de la Salle impériale et de l’extraordinaire escalier de la Résidence, sommet de l’illusionnisme théâtral. Nommé en 1756 premier président de l’Académie de peinture et sculpture de Venise, il reçoit de nombreuses commandes de l’étranger et de ses concitoyens (villa Valmarana, près de Vicence, villa Pisani à Stra). Après avoir longtemps hésité, Tiepolo accepte en 1762 l’invitation du roi d’Espagne et part pour Madrid avec ses deux fils pour y peindre les fresques du Palais royal, récapitulation de ses thèmes familiers et aussi final éblouissant de la grande décoration baroque au moment où naît le néoclassicisme.

Bien que considéré surtout comme un coloriste, Tiepolo est également un prodigieux dessinateur, auteur fécond de croquis pleins de fougue, dont de nombreuses esquisses pour ses peintures et aussi des séries de caricatures. Les plus importantes collections en sont conservées à Londres (Victoria and Albert Museum), à New York (Pierpont Morgan Library) et à Trieste (Museo Civico). Giambattista Tiepolo a aussi été un graveur de premier ordre, auteur de trente-cinq eaux-fortes fameuses : les deux suites des Capricii et des Scherzi di fantasia, scènes fantastiques et poétiques où, d’une pointe légère, l’artiste fait vivre un univers intemporel et lumineux.

Son fils aîné, Giandomenico (ou Giovan Domenico, ou Gian Domenico) [Venise 1727 - id. 1804], fut son élève et devint, très jeune, son collaborateur. Il l’accompagna dans ses voyages et travailla à ses côtés à Würzburg, à la villa Pisani de Stra et au Palais royal de Madrid. La gloire de son père lui a parfois nui, mais on reconnaît maintenant que, loin d’être un simple imitateur, il a sa propre personnalité. Par sa technique, par le choix de certains de ses personnages, il reste sans doute très proche de Giambattista, mais, moins éloigné que celui-ci du spectacle de la réalité quotidienne, il affirme ses dons d’observateur sensible et ironique de la vie vénitienne : l’Arracheur de dents, le Menuet (musée du Louvre), Il Mondo Novo (musée des Arts décoratifs, Paris), Il Burchiello (Kunsthistorisches Museum, Vienne). Il n’hésite pas à introduire une scène familière et réaliste même dans les sujets religieux.

Les fresques qu’il a peintes pour la villa Valmarana, avec leurs scènes paysannes et leurs chinoiseries, et surtout celles de la villa familiale de Zianigo (auj. à la Ca’Rezzonico, à Venise), avec leurs polichinelles funambulesques, sont ses œuvres les plus représentatives. Moins coloriste que son père, il aime les tonalités claires et peu contrastées. Il est lui aussi auteur de nombreux dessins, parmi lesquels des caricatures, des études d’animaux et des scènes de genre. Aquafortiste de talent, il a laissé beaucoup de gravures d’après les œuvres de son père, ainsi que deux suites originales : la Via Crucis (quatorze planches) et les Idées pittoresques sur la Fuite en Égypte (vingt-quatre planches).

Le plus jeune fils de Giambattista, Lorenzo (Venise 1736 - Madrid 1776), était moins doué que Domenico et il est difficile de reconnaître la part qui lui revient dans les travaux auxquels il a collaboré en suivant son père à l’étranger. Il semble avoir été attiré par le portrait et on conserve de lui une série de dessins de têtes qui dateraient de son séjour à Würzburg. Il est lui aussi aquafortiste. Resté à Madrid après la mort de son père, il y termina sa courte existence.

M. B.

 A. Morassi, A Complete Catalogue of the Paintings of G. B. Tiepolo (Londres, 1962). / A. Rizzi, Le Acqueforti dei Tiepolo (Milan, 1970). / A. Mariuz, Giandomenico Tiepolo (Venise, 1971).

tige

Axe plus ou moins cylindrique — souvent ramifié et portant, à l’état jeune, des feuilles — qui caractérise les végétaux cormophytes.



La tige des Cryptogames

Chez les Bryophytes, ou Muscinées, le groupe le plus primitif des Cormophytes, les tiges feuillées sont très fines (moins de un millimètre de diamètre ordinairement) et de quelques centimètres de long. Elles ne possèdent pas de vaisseaux, mais seulement en leur centre un tissu conducteur rudimentaire, constitué de cellules parenchymateuses étroites et allongées. Ces tiges ont pour origine des bourgeons adventifs du protonéma localisés sur des rameaux courts. Les touffes de Mousses à petites tiges tassées les unes contre les autres que l’on rencontre dans la nature proviennent du développement de bourgeons très serrés sur le protonéma.

Chez les Cryptogames vasculaires, en particulier les Fougères, les tiges, ordinairement des rhizomes plus ou moins longs suivant les espèces, rampent sur le sol, grimpent sur les rochers et les troncs des grands arbres. Le bourgeon terminal en assure la croissance longitudinale ; d’autres, latéraux, normaux ou adventifs, sont à l’origine de la ramification. L’extrémité âgée de ces rhizomes se désagrège et pourrit assez rapidement. Dans le groupe des Fougères arborescentes (Cyathea par exemple), la tige est dressée, elle peut atteindre 20 m de longueur et plusieurs décimètres de diamètre ; elle donne à ces espèces un port de Palmier. Les racines, nombreuses, de faible diamètre, courtes et peu ramifiées, sont adventives et localisées souvent sur toute la surface de la tige, même très près du bourgeon terminal ; chez les Fougères arborescentes, elles peuvent envelopper tout le tronc comme un manchon. Les feuilles, enroulées en crosse à l’état jeune, sont insérées sur ces tiges soit d’une manière lâche (Fougère aigle), soit au contraire d’une façon très serrée en bouquet terminal, ce qui est le cas le plus fréquent ; les entre-nœuds sont alors pratiquement inexistants et l’on trouve sur ces tiges un grand nombre de cicatrices foliaires contiguës : quand les feuilles ont disparu, cela produit une ornementation caractéristique de chaque espèce et particulièrement remarquable sur les troncs de certaines Fougères fossiles.