Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Adam (les) (suite)

Après 1770, R. Adam se vit confier des travaux dans son Écosse natale. Outre des édifices publics à Edimbourg (le Register house of Scotland, l’université, le Merchant hall), il éleva des résidences de campagne : Mellerstain (Berwick), Culzean (Ayr), Lauder castle (Berwick), etc. En 1773, il publia le premier volume d’un important recueil, Works in Architecture, où sont gravés soit des ouvrages de l’agence familiale, soit des modèles proposés aux décorateurs.


Le style Adam

R. Adam est l’un des initiateurs du mouvement néo-classique qui, sous le signe du retour aux formes de l’Antiquité, a marqué l’art européen dans la seconde moitié du xviiie s. Cependant, le néo-classicisme n’explique pas tout dans son œuvre, où l’on rencontre aussi bien des souvenirs baroques (le mobilier de Kedleston, les faux rideaux en bois sculpté de Harewood) que des essais en style néo-gothique (Lauder castle) et qui porte en tout cas l’empreinte d’une forte personnalité.

Les édifices de R. Adam dénotent une réaction contre le « palladianisme », doctrine quasi officielle de l’architecture anglaise depuis le début du siècle. Lui reprochant sa sclérose académique, il a cherché le relief et surtout le mouvement, au moyen de contrastes de volumes. Cette ambition paraît réalisée au moins à Kedleston. Cependant, la postérité a surtout retenu chez R. Adam l’œuvre du décorateur. Il y reste pleinement architecte, en ce sens que tous les détails d’un même édifice, et jusqu’au mobilier, relèvent de sa conception : la première vertu du style Adam est donc l’homogénéité ; il répond aussi à des exigences de clarté, d’agrément, de confort. La variété est recherchée dans la disposition et la forme des pièces, qui, souvent, présentent des absides précédées ou non d’un portique formant écran (bibliothèques de Kenwood et de Newby, hall d’Osterley, salles à manger de Syon et de Kedleston). Les boiseries sont éliminées au profit des tentures murales et surtout du marbre, du faux marbre et du stuc, ceux-ci supposant le concours de spécialistes italiens (Biagio Rebecca). Un rôle éminent revient à la polychromie, faite de teintes claires et douces : rose, mauve, jonquille, vert amande, etc.

La solennité n’est de mise que dans certaines salles d’apparat, généralement dallées de marbre, aux accents de grandeur romaine. À Kedleston, l’imposant hall d’entrée, avec sa double colonnade corinthienne, ses niches peuplées de statues, ses peintures en grisaille, et le salon en rotonde couvert d’une coupole à caissons se succèdent selon l’axe principal, l’un et l’autre éclairés par le haut. À Syon, le hall évoque une basilique ; dans la grande antichambre verte et or, des colonnes adossées ou en saillie, portant des statues, alternent avec des trophées en relief.

Dans les autres pièces, une élégance nerveuse naît de l’interprétation libre des intérieurs pompéiens. L’essentiel est le décor de stuc qui revêt les parois et surtout les plafonds. Ceux-ci sont d’une invention très personnelle, avec leur mouluration déterminant des combinaisons de figures géométriques, parmi lesquelles, presque toujours, un motif en éventail. Ce décor est le plus souvent polychrome et sert d’encadrement à des peintures, les unes faites par des collaborateurs d’Adam, Antonio Zucchi (1726-1795) ou son épouse Angelika Kauffmann (1741-1807), les autres préexistantes. Il faut noter aussi les cheminées sculptées, les portes dont les vantaux d’acajou mouluré s’ouvrent entre des colonnes, sous un fronton.

Au reste, l’intervention des architectes se lit dans les moindres détails. Ainsi : les tapis, dont le dessin reproduit en gros celui des plafonds ; la garniture en acier poli des foyers de cheminées ; le luminaire ; les rideaux et leurs dais ; les miroirs, occupant généralement les panneaux à contre-jour et de dessin souvent complexe ; enfin les meubles et sièges, créés avec le concours de menuisiers ou d’ébénistes de renom, tels George Hepplewhite († 1786) ou Chippendale*.

B. de M.

 « The Works in Architecture » of Robert and James Adam (Londres, 1773, 1779 et 1822 ; 3 vol. ; réédité en fac-similé, Londres, 1902). / A. T. Bolton, The Architecture of Robert and James Adam (Londres, 1922 ; 2 vol.).

Adam (Henri Georges)

Sculpteur et graveur français (Paris 1904 - la Clarté, comm. de Perros-Guirec, 1967).


Dès l’âge de quatorze ans, son père, bijoutier-orfèvre rue du Temple, lui apprend à se servir des outils du graveur et du ciseleur. Par sa mère, d’origine malouine, l’enfant découvre pendant les vacances l’Océan, un de ses futurs sujets de prédilection. En 1925, Adam prend des cours de dessin, le soir, à Montparnasse. À partir de 1927, il exécute des dessins satiriques et commence une carrière de peintre-graveur marquée par une tendance surréaliste, à laquelle la générosité de son caractère donne un accent mordant.

Le Prix Blumenthal de gravure lui est décerné en 1938 ; les deux années suivantes, Adam grave au burin une suite de planches inspirées par la guerre d’Espagne. Jean-Paul Sartre lui demande en 1943 de réaliser les décors et les costumes pour sa pièce les Mouches ; à cette occasion, Adam exécute deux grandes sculptures, Jupiter et Apollon. Le Grand Gisant présenté au Salon de la Libération l’année suivante (1944) provoque de vives réactions dans le public. Picasso prête au sculpteur son atelier de la rue des Grands-Augustins, où il travaillera sept ans.

Membre fondateur du Salon de mai, où il expose en 1945, ainsi qu’au Salon d’automne, Adam fait tisser en 1947, à Aubusson, sa première tapisserie, Danaé, selon une technique de fil à fil noir et blanc, et illustre les Chimères de Gérard de Nerval. Dans la paix du domaine de Boisgeloup, qui appartient à Picasso, il prépare son exposition de la galerie Maeght (décembre 1949), où se révélera sa maîtrise, et sculpte le Grand Nu du musée national d’Art moderne, œuvre où se dessine le jeu puissant des masses dans l’espace.