Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

auto-induction (suite)

Ouverture d’un circuit

À l’ouverture d’un circuit, les deux pôles de l’interrupteur forment un condensateur très imparfait. Le courant disparaissant, l’énergie électromagnétique emmagasinée se transforme en énergie électrostatique La capacité C de l’interrupteur pouvant être très faible, la différence de potentiel à ses pôles U peut devenir considérable et provoquer l’amorçage d’un arc dit « étincelle de rupture ». Ce phénomène présente des inconvénients : perçage des isolants, détérioration des pôles des interrupteurs, risques d’électrocution, émission d’ondes électromagnétiques (parasites des radiocommunications). On peut y remédier en connectant un condensateur de capacité élevée aux bornes de l’interrupteur ou en plaçant une résistance en dérivation avec la bobine au moment de l’ouverture du circuit.

C. T.

automate

Machine qui exécute certains mouvements en possédant en elle-même la cause déterminante de ces mouvements.



Les automates de l’illusion


L’Antiquité fabuleuse

Homère, au livre XVIII de l’Iliade, décrit les vingt trépieds automates forgés par Héphaïstos pour servir de sièges à l’assemblée des dieux : « Aux pieds de chacun il a fixé des roulettes d’or pour qu’ils puissent se mouvoir d’eux-mêmes, entrer tout seuls dans la salle du banquet et en ressortir comme par enchantement. » Cinq cents ans plus tard, Platon fait allusion aux statues du légendaire Dédale, statues si vivantes qu’il faut les empêcher de s’enfuir. À la fin du iie s., le géographe Pausanias (liv. II, ch. iv) évoque ces statues douées de la vie dédalique. La Bible aussi mentionne des automates. Ézéchiel, le prophète déporté à Babylone en 597, voit Nabuchodonosor consulter des automates à tête parlante, les théraphim (Ézéchiel, xxi, 26). Ces théraphim sont des statues oraculaires, que les Israélites emmènent dans leurs déplacements. Rachel les dérobe pour que son père Laban ne puisse apprendre par elles où Jacob s’est enfui. Rachel prend les théraphim, les met sous le bât du chameau et s’assoit dessus (Genèse, xxxi, 20 et 34). Enfin, ces statues parlantes doivent avoir la taille et l’aspect d’un homme, puisque c’est grâce à cela que David est sauvé (I Samuel, xix, 13). « Pendant que David fuyait par la fenêtre, les assassins envoyés par le roi Saül, Michal, la fille du roi, mais aussi la femme de David, prit le théraphim qu’elle plaça dans le lit pour faire croire que David dormait. » Mobiles grâce à l’application des principes connus à l’époque sur l’air, le feu, la terre et l’eau, les automates anciens, lorsqu’ils « parlent », le font par la voix d’un ventriloque ou d’un prêtre caché dans la statue creuse. À Rome, sous le règne de Néron, Pétrone dit avoir vu, au cours d’une orgie gastronomique chez le nouveau riche Trimalcion (Satyricon, XXXIV), un automate parcourant la table pour inviter les convives à s’abandonner sans réserve à des plaisirs que la mort peut à tout instant interrompre. Au siècle d’Auguste, Ovide mentionne un automate sur la table du festin dans son récit des Fastes de Rome. Enfin, Plutarque consigne l’usage que les Grecs avaient emprunté aux Égyptiens et transmis aux Romains de faire figurer dans les repas des squelettes animés mécaniquement, comme symbole de l’invitation d’Horace au banquet de la vie : « Carpe diem ».

Les automates pondéraux, hydrauliques, pneumatiques et magnétiques de l’Antiquité sont de modestes statuettes mises en marche par l’action de la pesanteur. La chute d’un poids, l’écoulement d’un fluide ou d’un solide réduit en poudre, un jet d’eau, un jet de sable, un jet de mercure ou la pression du vent, d’un jet d’air comprimé, d’un jet de vapeurs dégagées de l’eau bouillante ou du mercure chauffé apportent à ces automates la force motrice interne qui leur donne le mouvement. Cette force motrice est transmise par des poulies, des roues dentées, des arbres à cames, des ressorts, des cylindres rotatifs à chevilles soulevant ou abaissant des leviers : toutes techniques déjà décrites et utilisées au iiie s. av. J.-C. par Archimède. À la même époque, les Asiatiques utilisent en plus, pour animer leurs éléphants mécaniques, leurs poissons artificiels et leurs statues servantes, les forces d’attraction et de répulsion de la « pierre d’aimant », la direction permanente du sud ayant pour eux une signification sacrée. Les maîtres de la pensée antique méprisent ouvertement les mécaniciens automatistes. Platon accuse son ami Archytas d’avoir abaissé la science par des réalisations mécaniques. Parmi les constructeurs d’automates de l’Antiquité dont les travaux sont attestés, il faut citer, au iiie s. av. J.-C., Ktêsibios d’Alexandrie et son disciple Philon de Byzance, puis, au ier s. apr. J.-C., Héron l’Ancien, appelé encore Héron d’Alexandrie. Ce ne sont pas de simples ouvriers manuels, mais de véritables chercheurs scientifiques et des ingénieurs. Machines élévatrices, catapultes, balistes, arbalètes géantes mues par la torsion de cordes ou par des lames élastiques en bronze, en fer, ou encore par la compression et la détente de l’air, enfin la célèbre clepsydre (horologium ex aqua) voisinent dans leurs œuvres avec les automates amusants distributeurs d’eau froide, d’eau chaude ou de vin. Le projet d’autel automoteur sur rails dessiné par Héron d’Alexandrie à l’usage du clergé du temple de Bacchus, qui voulait sans doute renforcer le caractère merveilleux des cérémonies du culte, est un exemple d’automate à fonctions multiples. Le mécanisme moteur se trouve dans le caisson : l’écoulement du sable entraînant la chute ralentie d’un piston agit à la fois sur le jeu des automates scéniques et sur la manœuvre du chariot. Héron appelle lui-même « les Puissances » ces machines qui provoquent un étonnement mêlé de terreur : la pompe foulante à air, l’orgue hydraulique et l’éolipile. Précurseur des écrivains scientifiques, Héron d’Alexandrie considère ses automates comme autant d’exercices pratiques, autant d’essais, autant de vérifications des lois physiques déjà découvertes ou pressenties.

Étonnés par de tels spectacles, les Anciens appelaient « thaumaturges », c’est-à-dire « faiseurs de miracles », ceux qui inventaient ces automates.