Famille de sculpteurs français du xviiie s.
La dynastie des Adam commence avec le père, Jacob Sigisbert (Nancy 1670 - Paris 1747). Nancéien, il travailla surtout pour le duc de Lorraine. Le duché, à cette époque, était tourné vers l’Italie et très perméable à l’art baroque. L’artiste fut le professeur de ses trois fils, qui décidèrent de chercher hors de Lorraine un plus vaste champ à leur besoin d’activité. L’aîné, Lambert Sigisbert (Nancy 1700 - Paris 1759), fit la carrière la plus officielle : premier prix de sculpture à l’Académie royale en 1723 ; long séjour à Rome à l’Académie de France ; académicien à Paris en 1737, pensionné du roi. Il dut à son inlassable puissance de travail, qui se doublait d’une grande facilité, d’être un des artistes les plus employés par les Bâtiments du roi. Dès son séjour à Rome, il avait montré son goût pour un art véhément aux formes tourmentées, inspiré du Bernin*. Il fut employé par le pape à Rome, et son bas-relief à Saint-Jean-de-Latran montrant une apparition de la Vierge à saint André Corsini fait très bonne figure au milieu de l’œuvre des meilleurs artistes italiens d’alors : on y reconnaît l’habileté de la composition et la sûreté de facture qui s’affirmeront dans le grand groupe en plomb, un peu fracassant mais très monumental, qu’il modela pour le bassin de Neptune à Versailles* en 1740. Il produisit sans trêve statues, groupes, bas-reliefs, bustes, encombrant les Salons de ses esquisses, fatigant à la longue par une virtuosité qui sonne un peu creux parfois et surtout par son âpreté au gain et son caractère détestable. Parmi ses œuvres les meilleures, il faut citer le bas-relief en bronze qui décore un des petits autels de la chapelle de Versailles, Sainte Adélaïde quittant saint Odilon, les deux grands groupes en marbre la Chasse et la Pêche, que Louis XV offrit à Frédéric de Prusse, l’Enfant pincé par un homard (1750), la belle statue de la Poésie lyrique (1752). On a été trop sévère pour Adam l’Aîné, qui reste un des artistes les mieux doués de sa génération, plein de feu et d’imagination et le meilleur représentant de la sculpture rocaille*.
Pour le grand groupe de Neptune calmant les flots, Lambert Sigisbert s’était fait seconder par son frère cadet, Nicolas Sébastien (Nancy 1705 - Paris 1778), d’un tempérament très différent, peu acharné au travail et assez instable : très bel artiste cependant, d’une sensibilité beaucoup plus vive que son frère, comme on le voit à l’hôtel Soubise à Paris. Il gardait des attaches avec la Lorraine et exécuta pour le roi Stanislas son chef-d’œuvre, le tombeau de la reine Catherine Opalinska, avec la figure pleine de grâce et d’envol d’un ange montrant le chemin du ciel à la reine extasiée. Il mit un quart de siècle à exécuter son morceau de réception à l’Académie, un poignant Prométhée. Les deux frères furent les premiers maîtres de leur neveu Clodion*.
La postérité a été cruelle pour le troisième fils, François Gaspard (Nancy 1710 - Paris 1761), pourvu lui aussi d’une solide formation à l’Académie de Rome après avoir obtenu le 1er prix en 1741. On lui reproche d’avoir trop produit, comme son aîné, et des œuvres de série. Il résida de nombreuses années à Berlin comme premier sculpteur du roi de Prusse et laissa là nombre de statues mythologiques pour les parcs royaux. Il y montre les mêmes qualités que ses frères : élégance des formes parfois un peu gâtée par la manière, style mouvementé et ondoyant, goût du pittoresque dans les accessoires et très beau métier du marbre.
F. S.
H. Thirion, les Adam et Clodion (Quantin, 1884).