Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Aurélien (suite)

Les finances de l’Empire étaient renflouées par le butin. La réussite des campagnes militaires assurait l’autorité impériale et surtout le retour à l’unité : l’Empire avait été en effet partagé en trois éléments, dont Palmyre et les Gaules, qui, luttant de leur côté contre des ennemis plus lointains, avaient laissé aux empereurs légitimes toute liberté d’action face aux Barbares du nord.


Le Soleil et l’empereur-dieu

La politique intérieure eut aussi le caractère d’une restauration de l’autorité : elle prolongeait le travail déjà accompli par l’empereur Gallien.

Aurélien restreignit les fonctions sénatoriales : des praesides de rang équestre furent de plus en plus souvent mis à la tête des provinces, à la place des légats sénatoriaux. L’Italie semblait désormais assimilée aux provinces, et c’est du règne d’Aurélien que date l’usage d’en confier les régions à des correctores. La Dacie fut en grande partie évacuée, car sa défense se révélait difficile. Pour ménager la vanité romaine, son nom fut attribué à deux provinces situées au sud du Danube.

On croit pouvoir faire remonter à ce règne l’obligation imposée aux villageois d’exploiter les terres abandonnées, ce qui annonce le Bas-Empire. La population de Rome bénéficia par contre de distributions gratuites étendues : le pain remplaça le blé, la viande de porc et le sel s’y ajoutèrent, et l’empereur aurait projeté des plantations de vigne afin d’assurer une distribution de vin. En attendant, on vendait du vin à prix réduit sous les portiques du temple du Soleil.

Ce temple du Soleil, dont l’emplacement exact est inconnu, fut édifié par Aurélien à son retour de Palmyre, et orné des dépouilles de l’Orient vaincu. Le culte était assuré par des pontifes de rang sénatorial. Pour Aurélien, le Soleil était le dieu suprême, et son culte pouvait devenir une forme de culte officiel ; Aurélien, empereur par la volonté divine, figure sur des monnaies recevant des mains du Soleil le globe qui symbolise le monde. Il fut même le premier empereur à être salué de son vivant du titre de dieu, dominus et deus, le premier aussi à se montrer en public la tête ceinte d’un diadème.

Aurélien périt au bout de cinq années de règne, assassiné à l’instigation d’un de ses secrétaires, près de Byzance, alors que l’armée marchait contre les Perses (275).

R. H.

 L. Homo, Essai sur le règne de l’empereur Aurélien (Fontemoing, 1904). / E. Will, Une figure du culte solaire d’Aurélien, Jupiter consul vel consulens (Geuthner, 1960).

auscultation

Méthode de diagnostic qui comporte l’étude des bruits normaux ou anormaux ayant leur siège principalement dans la cage thoracique, mais aussi dans l’abdomen ou au niveau du crâne, ou encore des vaisseaux.


C’est à Laennec* (De l’auscultation médiate, 1819) qu’est due la découverte de l’auscultation, qu’il sut intégrer d’emblée dans la connaissance des maladies, en rapportant les bruits entendus aux lésions correspondantes des organes. Il lui suffit de trois ans pour en établir l’essentiel de la séméiologie. La découverte de l’auscultation marqua la fin de l’empirisme médical ; en effet, si l’on songe à l’ampleur de l’inventaire des signes auscultatoires, fait par Laennec et son école, à la précision de leurs descriptions, à la valeur encore actuelle de leur signification, il n’est pas exagéré d’affirmer que cette méthode ouvrit une nouvelle ère à la médecine.


Auscultation des poumons

En tant que procédé d’exploration physique du poumon, l’auscultation donne des renseignements appréciables. Cet examen doit être méthodique et symétrique, comparant les deux côtés du thorax. Il peut se faire à l’oreille nue, par l’intermédiaire d’un linge posé sur la région à examiner — c’est l’auscultation immédiate — ou, plus fréquemment, grâce au stéthoscope : c’est l’auscultation médiate. Le caractère des bruits respiratoires doit être précisé ainsi que leur modification à chacun des deux temps inspiratoire et expiratoire, de même que le retentissement de la voix ou de la toux.


Bruits normaux

Les bruits respiratoires normaux résultent des vibrations, dans l’arbre respiratoire, de la colonne d’air mis en mouvement par l’inspiration et l’expiration. Il s’agit de deux bruits distincts : l’un, bruit respiratoire pulmonaire, ou murmure vésicatoire, indique la pénétration de l’air dans le tissu pulmonaire ; l’autre, bruit respiratoire bronchique, est celui que l’inspiration et l’expiration font entendre dans le larynx, la trachée, les grosses bronches.


Bruits anormaux

L’intensité et la qualité de ces bruits dépendent de l’importance du débit respiratoire et surtout de leurs modifications pathologiques. Celles-ci sont de trois ordres.

• En premier lieu, des altérations provoquent une respiration anormale : il peut s’agir d’anomalies d’intensité (respiration forte ou respiration faible), dues à divers processus pathologiques, d’anomalies de rythme (modification de la fréquence ou de la durée relative des deux temps, telle par exemple l’expiration prolongée de l’emphysème), d’anomalies de tonalité (sous forme de respiration dite « grave » ou « aiguë »), enfin d’anomalies de timbre, qui constituent essentiellement la respiration rude à prédominance inspiratoire, évoquant le début d’une congestion pulmonaire.

• En second lieu figure la substitution de souffles au murmure respiratoire. Il ne s’agit pas de bruits surajoutés, mais du souffle laryngotrachéal physiologique anormalement transmis par une cause pathologique. Parmi les principaux souffles pathologiques, il convient de citer : le souffle tubaire, transmis par un poumon condensé (c’est le plus intense des souffles, et son intensité est plus forte pendant l’inspiration ; il caractérise la pneumonie) ; le souffle pleural (c’est un souffle doux, lointain, s’entendant surtout à l’expiration et dans les petits épanchements pleuraux ; il disparaît en cas de gros épanchements) ; le souffle caverneux (c’est un souffle perçu aux deux temps, mais à prédominance inspiratoire et de tonalité très grave), qui n’apparaît qu’en cas de cavité communiquant avec les bronches ; plus la caverne est vaste, plus le timbre devient amphorique ; enfin le souffle amphorique (caractérisé essentiellement par un timbre métallique et une faible intensité) ; il s’observe notamment dans les pneumothorax.